Scène 3

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Minuit donc.

Comprenant que je n'allais pas réussir à dormir de sitôt, je décidai d'aller boire un thé à la cuisine.

La porte de la chambre de Nate et Rose était fermée lorsque je passais devant, ce qui signifiait qu'ils dormaient ou qu'ils...

Cette possibilité me frappait comme un coup dans le coeur.

« Ils sont mariés, Angela, c'est normal qu'ils fassent ce genre de choses.»

J'essayai d'écouter ma conscience, en vain.

Alors, au lieu de me torturer encore plus, je sortis une théière et de l'eau et mis tout sur le feu.

Puis je me mis à la recherche du thé, que j'ai eu toutes les peines du monde à trouver.

- Je rêve, pensai-je, ils habitent à Londres et ils n'ont pas de thé !

Je tentai le dernier placard, qui était situé assez haut, si bien que je me retrouvai obligé de grimper sur le plan de travail.

- Foutue Rose, pensai-je cette fois tout haut, si je me casse la gueule et que je n'ai pas de thé, je vais...

- Rose déteste le thé, entendis-je derrière moi.

Je sursautai, surprise, et manquai tomber, mais me rattrapai in extremis aux portes du placard.

Celui-ci était vide. Pas de thé.

Un long silence s'en suivit. D'une part, moi, qui fixais intensément les étagères béantes, et d'autre part, Nate, qui après sa révélation sur Rose, ne pipait mot.

Après quelques minutes, il reprit gêné :

- Et moi, je ne bois que du thé vert. Et je me rappelle que tu ne supporte pas ça...

- Sert m'en une tasse, le coupai-je.

Bien que le simple fait de le contredire me réjouissait, je ne lui avais pas avoué mon interêt pour le thé vert pour cette raison. La vérité était qu'après notre séparation, j'avais besoin d'avoir en moi, avec moi ou sur moi, tout ce qui se rapprochait de lui. Et il devait rester environs deux boites de thé vert.

Je me retournai, m'attendant à le voir préparer notre thé, mais je fus surprise de constater qu'il n'avait pas bouger d'un pouce et me regardait en écarquillant les yeux.

Subitement, la réalité me frappa de plein fouet : c'était les premiers mots que je lui adressais depuis son mariage.

Une autre réalité me frappa, avec la même force pourtant : j'étais à demi-nue devant lui, ne portant que mon pyjama, c'est à dire, un vieux t-shirt d'homme dix fois trop large sur moi (généralement un des siens, mais je ne suis pas assez stupide pour porter un de ses t-shirts alors qu'il dort dans la chambre d'à côté avec sa femme !)

Il me regardait toujours aussi fixement, et je rougissais furieusement lorsque la théière siffla.

Je me précipiter pour la retirer de sur le feu afin de ne pas réveiller Rose et le bébé, tandis que Nate, comme réveillé tout d'un coup, allait chercher le thé vert (qui était rangé avec les pâtes, va savoir pourquoi).

Il sortit deux tasses et deux soucoupes, qu'il plaça sur un plateau. Je remplis les tasses et comptai prendre la mienne et m'enfuir dans ma chambre, quand il rajouta au plateau des biscuits et une boite de mouchoirs, et le porta jusqu'au salon.

C'est là que je compris qu'on allait devoir parler tous les deux, et que je n'y échapperais pas.

Twenty Three ScarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant