Twenty Three Scars

Scène 8

Les adieux avec Rose furent déchirant. Elle avait pleuré deux bonnes heures avant d'arriver à la gare, sur tout le chemin, et jusqu'à la fermeture des portes du train.

Ce n'est pas vraiment son petit bébé, à qui elle s'accrochait, mais plutôt à Nate. J'avais Anthony dans les bras et je suivais le couple qui vivait ses derniers instants.

J'espérais que la distance n'allait pas les séparer comme elle l'a déjà fait pour de nombreux autres.

Je me demandais comment il avait réagit quand Rose lui a dit qu'elle partait pour Paris.

Juste avant de monter dans le train, Rose se tourna vers moi.

Je cru d'abord que c'était pour embrasser Anthony, mais c'est moi qu'elle serra dans ses bras.

- Merci mille fois d'avoir accepté...

Deux, trois bisous de plus, et elle était parti. J'aurais aimé m'attarder un peu plus sur la peine que je ressentai de la voir partir une nouvelle fois, mais j'avais d'autre chats à fouetter.

Hope m'avait envoyé un message. Je devais la retrouver dans un petit café dans le centre, dans une demi heure.

Ce n'était pas très loin, et je voulais partir au plus vite pour ne pas avoir à répondre aux questions de Nate, sur ce que j'ai dit hier à Rose. Bien que je sois sure qu'elle l'ait déjà grandement informé.

J'hésitai : devais-je emmener Thany avec moi, ou le confier à Nate ?

Je le portais dans un kangourou sur mon ventre, et il dormait paisiblement. Le train de Rose était déjà parti depuis longtemps, pourtant, nous étions toujours sur le quai de gare, et je ne savais toujours pas quoi faire avec le petit.

Je regardai ma montre : neuf heures trente. Je devais me dépêcher, sinon j'allais être en retard. Déjà que Hope voulait me tuer, je n'allais pas prendre le risque de l'énerver encore plus.

Je m'étais finalement décidée à partir sans un mot quand Nate me retint.

- Tu vas où avec mon fils?

- À un rendez-vous avec ta mère,figure toi.

- Et pourquoi tu le prends avec toi?!

- Pour me servir de bouclier, quelle question ! Elle n'osera jamais me frapper avec Anthony dans mes bras.

- Et avec quoi compte-t-elle t'assassiner? Les couteaux à beurre du salon de thé ? Ricana-t-il.

- Ta mère est une femme débrouillarde, grinçai-je.

- En tout cas, reprit-il, je ne te laisserai pas embarquer mon fils dans cette galère.

- Je n'aurais pas besoin de l'y embarquer si toi tu ne m'avais pas mise dedans !

- Moi? dit-il surpris.

- Tu aurais dû me dire que ta mère allait venir, je me serais cachée ! C'est de ta faute ! Et c'est moi qui vais réparer tes bêtises, comme toujours ! Imagine qu'elle aille tout raconter à Rose ! On aura l'air malin, hein?

- On a déjà eu cette putain de discussion Angela, et je t'avais dit de te taire.

- Et moi je t'avais dit de ne pas me parler comme ça ! Mais non, toi si tu ne m'insulte pas, tu me plaques contre un mur pour faire je-ne-sais quoi !

- Tu veux qu'on rejoue oralement la scène d'hier ? Parce que si c'est le cas, Rose est entrée à ce moment-là, et tu lui as parlé de crises de panique ! Des crises de panique, bordel Angela ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire.

Il avait son visage à quelques centimètres du mien à présent. Toute trace de colère avait disparue de son visage, et il avait l'air presque inquiet. Mais non, c'était uniquement ce que moi je voulais croire, Nate ne serait jamais inquiet pour moi.

À ce moment, l'horloge de la gare sonna dix heures. J'étais officiellement en retard.

- Je dois y aller. Ta mère va me tuer.

- Non. Répond-moi.

- Je te raconterai tout, promis. Mais là je dois vraiment y aller.

Il relâcha mon poignet, et après dix minutes de conversation intense sur qui prendra Anthony avec lui, je partis enfin retrouver Hope.

Seule.