Scène 20

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Que dire de plus?

Il était clair que mon histoire avec Nate s'était achevée depuis longtemps. Pourquoi m'acharner? Pourquoi continuer à s'accrocher à une épave?

Dis Nate, tu te rappelles les soirées cinéma qu'on passait ensemble? Une fois, c'était toi qui choisissait le film, l'autre c'était moi. Tu détestais les films que je choisissais. Pourtant, moi, j'aimais bien les tiens.

Il serait injuste de blamer Nate. Je suis tout aussi fautive : Je n'ai jamais cherché quelqu'un d'autre, je me suis laissée engluer dans ce monde sans Nate, tout en continuant à vivre comme s'il était là, comme s'il allait revenir.

Puis, tout d'un coup, je fus prise d'une envie de changement. Une envie inexplicable, mais irrépressible. Je veux quelqu'un d'autre. Quelqu'un de nouveau, vierge de Nate et de ma vie d'avant. Un bel anglais qui fera tout oublier, même mon prénom.

Il était vendredi matin, ce soir je laisse Anthony à Nate et sors me changer les idées. Il n'est pas le seul à avoir le luxe de s'amuser après tout. Et je sais exactement qui pourrait m'aider dans ma quête du nouvel amant.


***

- "Je n'arrive pas à croire que tu sois venu !" m'exclamai-je.

- "Pff tu te fous de moi? De nos jours Paris-Londres c'est une promenade de santé." me répondit mon meilleur ami.

Benjamin Dubois, en chair et en os.

- "Qu'est-ce que tu m'as manquée ma louve..." dit-il en me prenant dans ses bras et en reniflant mes cheveux.

- "Allez, viens. On va déposer tes sacs. Tu restes pour combien de temps?"

- "Jusqu'à Lundi"

Benjamin n'est pas gay. Il a cru l'être pendant si longtemps que c'en était comique. Il se disait qu'aucune femme ne l'attirait, qu'il n'avait aucun besoin de s'attacher à une fille. Qu'il préférait la compagnie des hommes. Et puis, il avait rencontré Ania, et était tombé fou amoureux d'elle. Malheureusement, leur relation n'avait pas marché, mais depuis, il n'était intéressé que par des femmes. Il est possible qu'il soit bisexuel, mais comme il n'a jamais été attiré par un homme, sa sexualité reste un mystère.

- "Ah!" s'enthousiasma-t-il. "J'ai hâte de voir quel genre d'hôtel tu as pu me dégotter en si peu de temps."

- "Un hôtel? T'es con ou quoi? Tu dors chez moi!"

Il s'arrêta brusquement.

- "Dois-je te rappeler que, justement, ce n'est pas chez toi."

- "C'est ma chambre et j'ai un grand lit".

- "Et qu'est-ce que ton employeur va penser de tout ça?"

Je me rembrunis.

-"Ça ne le regarde pas"

***

La maison était encore vide lorsque nous arivâmes. Anthony était avec Hope, Nate au travail (ou entrain de baiser sa secretaire, nous ne le saurons jamais).

- "Par contre on va devoir partager mon lit, mais il est grand ne t'en fait pas".

- "Cette histoire me plait de moins en moins, Angie."

- "Mais non... arrête de t'en faire, tout va bien se passer tu verras".

- "Si tu le dis... Bon qu'est-ce qu'on fait ce soir?"

- "Il est dix neuf heures trente, nous sommes vendredi, à ton avis Benjamin, qu'allons nous bien pouvoir faire?"

- "Arrête avec ton sarcasme déplacé, j'ai compris. Tu ne devrais pas prévenir ton employeur avant?"

- "Si, si, bien sûr"

Je sortis mon téléphone, et composai rapidement un message.

« Ben à Londres. VE passer du tps avec lui. PE avoir ma soirée?»

« Vas y, ma cocotte. Éclate toi ! »

Bah quoi? Il n'avait pas précisé quel employeur!

***

J'avais quand même, par acquis de conscience, laissé un mot à Nate lui stipulant que j'étais sortie et que je rentrerais certainement très tard.

Puis, Ben m'avait amené diner dans un bon resto, pas un chef étoilé  mais pas in fast food non plus. Nous avons parlé pendant des heures, sirotant des litres et des litres de champagne, nous remémorant nos années passées dans la ville des lumières.

- "Tu te rappelle la fois où tu as ramené cette fille "trop canon" chez toi, et que après avoir passé toute une nuit ensemble, tu t'es rendu compte en te levant le lendemain que..."

-"... c'était ma prof d'éco! Putain et comment! Un traumatisme pareil ne s'oublie pas. Et toi? Tu te rappelle cette fois où ce mec, comment il s'appelait déjà? Vincent? Loïc? T'a suivie pendant des mois et que, quand tu as enfin accepté, tu l'as appelé d'un nom totalement différent pendant tout le rendez-vous?"

- "De toute façon, il ne voulait que coucher avec moi."

Nous rigolions tellement fort que j'ai bien cru qu'on allait nous chasser du restaurant. J'ai passé un très bon moment, mieux que ce que j'ai vécu depuis des mois.

Vers minuit, nous sommes entrés dans un bar et avons continué la fête. Quand Ben s'est retrouvé coincé entre un homme et une femme, tous les deux très consentants, j'ai conclu qu'il était temps de partir.

Ivres morts et complètement pétés de rire, nous nous sommes effondrés sur mon lit à trois heures du matin. J'eu quand même le temps d'apercevoir, avant de sombrer, le beau visage de Nate déformé par la colère.

Twenty Three ScarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant