Scène 16

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Tous les mots en italique sont en anglais et à lire en anglais.

Le lendemain était le premier lundi que je passais à Londres.

Et qui disait lundi disait retour au travail. Pour Nate, bien sur. Mon travail actuel ne commençait ni ne se terminait.

Il quitta l'appartement vers huit heures, me laissant seule avec Thony.

Nate était avocat, et même s'il ne le disait pas, je voyais bien qu'il travaillait beaucoup. Chaque soir, avant de me coucher, je le voyais assis dans le salon entrain de lire et d'annoter un dossier. J'entendais la porte de sa chambre se fermer vers deux heures du matin, des heures après.

Vers dix heures, je n'en pouvais plus d'ennui. Je décidai de prendre Anthony nous promener dans le parc à coté de la maison.

Le parc était magnifique, entièrement vert, comme les parcs qu'on verrait dans les films, ou les documentaires animaliers.

Je voyais des écureuils gambader dans tous les sens, des dizaines de sorte d'oiseau, des passants promenant leur chiens. Il y avait même des lapins.

Je m'assis sur un banc près de la petite mare au canards, Anthony dans sa poussette à mes côtés, et commençai la lecture de mon dernier manuscrit, celui dont je m'occupai avant d'avoir pris mon année sabatique.

Avant de quitter Paris, j'en étais à la moitié. Je n'ai pas beaucoup avancé depuis.

Thony dormait paisiblement, et tout était calme aux alentours : l'endroit parfait.

Du moins, c'est ce que je me disais avant que cette femme ne debarque.

Une vraie furie. Une petite tornade, courant dans tous les sens, habillée d'un tailleur chic, les cheveux à la garçonne. Elle était au téléphone et criait, ou plutôt s'époumounait, en anglais.

J'oubliai parfois que j'étais à Londres : je passais beaucoup de temps seule, ou avec Nate, et je lui parlais français.

La femme s'assit à côté de moi, en raccrochant l'air exaspéré.

Le calme revint. Je me reconcentrai sur les écrits entre mes mains, quand elle m'interrompit encore.

- "Vous comprenez le français?" Me demanda-t-elle avec un fort accent anglais.

- "Euh... Oui pourquoi?" demandai-je surprise.

- "Niveau d'études?" demanda-t-elle d'un coup.

- "Pardon?"

-"Niveau d'études" répéta-t-elle.

Je décidai de me livrer à ce petit jeu, sachant qu'il n'était pas vraiment facile de rencontrer des gens dans ma situation.

- "Bac +7"

- "Diplomes?"

- "Doctorat en lettres modernes, oh et une licence en traduction"

- "Situation professionnel?"

Aïe.

- "En année sabatique?" Dis-je plus sur le ton d'une question.

Cependant, elle n'eut pas le moins du monde l'air perturbé et continua :

- "Travail précédent?"

- "Agent littéraire"

- "En France..."

- "Oui."

- "Dans une maison d'édition française?"

- "Euh oui..."

- "Vous êtes engagée !" S'écria-t-elle.

Hein?!

- "Mais vous êtes complètement tarrée ! Qui vous êtes à la fin?!"

- "Oh yeah... j'ai oublié de me présenter, sorry. Je suis Mandy Jonathan. Je viens d'ouvrir une petite maison d'édition, et je suis... eum... in need... de un traducteur"

- "Eum, d'accord mais..."

- "Je sais que c'est complètement crazy, mais aucun traducteur qualifié ne veut prendre le risque d'une startup. Et je vous ai vu ici sur ce banc, comme, you know, une apparation paradisiaque"

- "Vous voulez dire divine?"

- "Oui! Voilà. Divine."

- "Je suis désolée, mais c'est complètement fou. Vous ne connaissez même pas mon nom!"

- "Comment vous vous appelez?"

- "Angela Briand, enchantée. Je suis désolée, je ne peux pas. Même si ça a l'air interressant, je ne peux pas travailler je dois m'occuper de ce petit monstre" dis-je en indiquant Anthony.

- "C'est votre fils?"

- "N..."

- "Il est so adorable!"

- "Ce..."

- "whatever... Vous pouvez travailler de la maison. Je vous enverrais les manuscrits par mail, et vous essayez de me les traduire. Je vous propose quelque chose : je vous envoie un novel, vous essayez de le traduire, vous m'envoyez la version traduite par mail, je vous paye. Disons, 300 £ par traduction, et si je vois que vous vous débrouillez bien, on pourrait négocier un reel salary 1500 £ par mois peut être même plus si ça marche bien ".

C'était de la folie d'accepter l'offre de cette femme sortie de nul part. Mais ces derniers temps, toutes mes décisions étaient à l'opposé du raisonnable, et puis, il me fallait bien un but, ici, lorsqu'Anthony fait la sieste.

- "C'est d'accord"

- "Really?" S'exclama-t-elle "Ohh merci, voici ma carte, si vous voulez faire des recherches"

Elle me tendit sa carte, que je pris, et en échange, je lui donnais mon numéro de téléphone.

Je devais lui envoyer par mail une copie de mon CV, et elle devait m'appeler quand le contract sera fait, pour aller le signer.

Ma vie devenait bien excitante d'un coup...

Twenty Three ScarsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant