Chapitre 5

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                                                              Mes amours, mes emmerdes

Un jour, les humains ont ramené une boule de poils aussi grosse que moi à la maison. Elle puait le chien et s'est vite révélé impossible à vivre. En grandissant, il nous attaquait Titoun et moi, les plus petits bien sûr et même la femme intervenait pour l'empêcher de nous faire du mal. Il adorait les humains mais nous, la seule chose qu'il voulait nous faire, c'était nous croquer. J'avais peur de bouger ou même d'aller à ma gamelle ou à ma litière... Il s'était approprié mon territoire sans aucune gêne! Il se jetait sur moi et me coinçait dans un coin et j'avais beau me débattre toutes griffes dehors, cracher et feuler tout ce que je savais, il s'en fichait. Ever a commencé à faire comme lui et bientôt pénétrer dans la cuisine est devenu un parcours du combattant... J'y arrivais le plus dignement possible et en repartais la queue bien basse, filant plus vite qu'une souris !

Et un jour, mon grand ami Titoun a disparu. Sa cage était vide et je l'appelais désespérément en le cherchant dans toutes les pièces sans jamais le trouver. Il n'était nulle part... La femme et les enfants sont partis avec un sac que j'avais eu le temps de renifler... ça sentait la mort...

Après ça, je suis restée couché des jours entiers sans manger, me levant uniquement pour aller à ma litière, ne prêtant même plus attention aux deux fous qui se battaient de plus en plus violemment dans la cuisine.

Il a bien retenté de m'attaquer plusieurs fois, me blessant un peu, une fois, mais je m'en fichais... Les humains disent dépression pour mon état, même s'ils n'imaginent pas que l'on peut avoir des sentiments... Humains de bas étages, vous ignorez que du règne animal, votre cerveau en est le moins intelligent !

Puis un soir en me réveillant d'une longue et profonde sieste, je n'ai pas vu l'autre fou en allant à ma litière, et il est sorti de ma vie aussitôt. Je l'ai oublié et j'ai tenté de reconquérir la chienne en venant me frotter contre elle pour lui dire que je ne lui en voulais pas, que je l'aimais bien après tout. Ever a mis du temps à redevenir mon amie et lorsqu'enfin ce fût fait, je ne l'ai plus quitté. Je restais dans sa niche à ses côtés toute la journée et toute la nuit. J'étais soulagée, heureuse, mais il manquait quelque chose à mon bonheur...

Les humains l'ont vite compris et une après-midi mon mâle m'a appelé en souriant. Il tenait deux grosses boîtes dans les mains et l'odeur qui s'en dégageait m'a fait courir vers lui. Et lorsqu'il les a ouvertes, j'ai découvert non pas un mais deux furets et me suis mise à jouer avec eux tout de suite. Waouh, deux copains d'un coup, trop géniale !!!! Ils n'étaient pas Titoun bien sûr, je ne suis pas dupe, mais mon homme était content et moi aussi. J'avais retrouvé des amis avec qui jouer et ma joie de vivre comme mon poids a eu tendance à augmenter dans les mois qui ont suivi, même si l'un de mes deux copains a vite disparu lui aussi...

Avant d'aller au véto, je n'étais pas grosse, presque maigre. Alors qu'aujourd'hui âgée de quatre ans, on dirait que j'ai avalé un ballon de rugby... Les humains rient lorsque je viens vers eux, mon ventre se balançant d'un côté puis de l'autre tandis que j'avance les pattes pour marcher...et on me surnomme « Balou »...

Ou bien « Grincheuse », ça dépend de leur humeur et surtout de la mienne.

Je n'ai jamais aimé que des gens étrangers aux miens me touchent. Déjà que j'apprécie pas tellement les caresses d'autres personnes que mon humain, mais alors là, attention à celui que je ne connais pas et qui s'aviseront de poser ses mains sur moi ! Je tente de le griffer aussitôt en mettant les oreilles en arrière, style ; Tu fais quoi là ?! Qui t'a autorisé à me toucher ?!

Et en général, ça marche. On me fout la paix et je reste tranquille dans mon coin. Et je n'aime toujours pas être portée. Alors là, je sors les griffes tout de suite et me débats pour m'enfuir loin des bras inquisiteurs qui ont eu l'audace de me soulever du sol. Y'a que mon humain qui y arrive et encore quelques instants... Et seulement parce que je le laisse faire !

J'ai pris l'habitude d'aller saluer la femme à chaque fois qu'elle se lève le matin. Je la rejoins aux toilettes et la laisse me toucher, me grattouiller un peu partout tandis qu'elle fait ses besoins. Ça m'amuse beaucoup de la coincer là pendant un long moment, lui faisant croire que je l'aime alors qu'en fait, je n'espère qu'une chose, c'est qu'elle me donne une vache qui rit !!! J'adore ça et accours dès que j'entends l'emballage qui se déchire ! Je vais même à côté des enfants quand ils en mangent et c'est bien les seules fois où je m'approche d'eux maintenant qu'ils ont grandi.

La grande m'ignore la plupart du temps et le petit s'il peut m'attraper, c'est pour me faire la misère ; coup de pied, queue tirée, moustache épilée... Et bien sûr il repart en hurlant car mes griffes se sont plantées dans sa peau.

Alors la plupart du temps, on s'évite mutuellement, sauf bien sur quand il y a des vaches qui rit en jeu...

Humain de mon cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant