La Fille des Dieux

Chapitre IV

La route était longue. Beaucoup trop longue. Plus nous nous éloignions, plus je commençais à regretter de ne pas avoir fait mes adieux à Marie. Elle devait déjà s'être rendu compte que je ne répondais pas à l'appel, elle devait m'en vouloir. Moi-même je m'en voulais comme jamais auparavant. Qu'est-ce que j'avais été stupide d'être partie sans prévenir, et qu'est-ce que j'étais stupide de ne m'en rendre compte seulement maintenant ! J'avais été égoïste, je n'avais pas pensé une seconde à ce qu'elle ressentirait en l'apprenant. Il est vrai qu'on se connaissait depuis des années, et que je n'avais aucun droit de mettre fin à notre belle amitié de cette façon. Je n'avais pensé qu'à moi, je pensais qu'elle me retiendrait. Sauf que j'avais tort et que je savais qu'elle n'aurait jamais fait ça, elle savait ce qui était le meilleur pour moi et elle ne m'aurait qu'encourager. Le pire, c'est que je n'étais même pas sure de pouvoir m'excuser un jour. Et même si je le pouvais, je ne savais pas si j'en avais la force.

Mais bon, maintenant que j'y étais, autant en profiter. Je regardais le paysage, qui était à vrai dire vraiment magique. Je ne m'étais jamais autant éloigner de l'orphelinat, et pourtant qu'est-ce que j'en avais rêvé ! Peu importe ce que je laissais derrière moi, j'étais à présent libre, et c'était ce qu'il comptait. Enfin, j'essayais de m'en convaincre.

M. Parker, ou Chris, comme il m'avait demandé de l'appeler il y avait peine quelques minutes, était concentré sur la route. J'en profitais donc pour examiner chacun de ses traits. Ses beaux cheveux noirs étaient coiffés vers l'arrière, seul une mèche rebelle reposait sur son front. Son petit sourire en coin traduisait à la perfection la joie qu'il ressentait de, j'imagine, avoir enfin sa petite famille. D'ailleurs, je commençais à me demander pourquoi nous. Je voulais dire, il y avait des vingtaines de jeunes de notre âge dans cette orphelinat, pourquoi avoir choisi une fille et un garçon qui ne se supportaient pratiquement pas ? D'ailleurs, en parlant d'Adrian, il dormait depuis qu'on était partis. Sa tête était posée sur le rebord de la fenêtre de son coté, et j'étais prête à parier qu'un filet de bave régnait sur son menton parfait. Il était vraiment magnifique, quand on le regardait bien. Je ne savais pas si je pourrais un jour le considérer comme mon frère, ni même comme mon ami. Il était vrai qu'il avait vraiment été gentil avec moi ce matin quand j'étais au plus mal, mais je le connaissais assez bien pour savoir qu'il n'était pas dans son état normal, et que cette phase « d'adaptation » ne durerait pas éternellement. Comment pouvait-il dormir, d'ailleurs ? Personnellement, je n'essayais même pas de fermer les yeux, je savais que toutes mes tentatives pour arrêter de penser seraient veines. Et puis, c'était tellement bon de rester réveiller et de profiter de ces instants de calme que je n'avais jamais connu à l'orphelinat...

Après quelques bonnes heures de route, on pénétra dans une forêt, et suivit un chemin très étroit qui nous mena enfin à une grande maison... une villa au centre de la forêt. A première vue, j'aurais pu dire qu'elle contenait deux étages et une ouverture sur le toit. Tous les murs étaient blancs et ornés de nombreuses baies vitrées, ce qui nous laissait une vue asse claire de l'intérieur, qui était lui aussi très spacieux et bien ordonné. J'étais impressionnée par la taille de la maison de Chris. Je savais qu'il était riche, mais de là à avoir une villa telle que celle-ci isolée du reste de la ville... j'en étais loin !

-Aller les enfants, il est l'heure de découvrir votre nouvelle maison ! Adrian, arrête de dormir et suis moi, vous allez choisir votre chambre.

Attendez... Quoi ? On va pouvoir choisir notre chambre ? J'ai tellement hâte !

-Qu...Quoi ? Marmonna Adrian, l'air perdu. Il devait se demander où il était et ce qu'il faisait avec un parfait inconnu. Puis un éclair de souvenirs traversa son regard, et il eut l'air de se remémorer tout ce qu'il s'était passé depuis ce matin. De mon côté, je sorti de la voiture en continuant d'admirer la propriété de notre tuteur.