Chapitre I

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Quelqu'un m'appelait de l'autre côté de la vitre, il me demandait son aide en criant mon nom. Il avait l'air de souffrir, tellement que je ne pouvais pas m'imaginer un seul instant a sa place. Mais je voulais être a ses côtés, je voulais lui apporter mon aide. Sauf que j'étais enfermée et que le verre de ma cage était trop résistant pour que je puisse le briser avec mes simples coups. Je ne pouvais rien faire pour aider cette personne, et je ne supportais plus les cris déchirant qu'elle m'adressait. J'étais vidée de tout espoir, et je haïssais cette sensation d'être inutile.

-Théa ! Réveille-toi ! Théa !

De longs cheveux lisses et noirs, c'est tout ce que je réussis à distinguer. Puis les détails du visage fin de Marie : de grands yeux d'un bleu profond, un nez fin et droit et une bouche rose et pulpeuse. J'avais toujours trouvé qu'elle était magnifique, et j'avais toujours voulu lui ressembler. Marie était mon amie depuis mon plus jeune âge. Ses parents l'avaient abandonnée quand elle était toute petite. Moi, contrairement à elle je ne me souvenais de rien et je n'avais reçu aucune information concernant ma famille: c'est comme si leur identité avait été effacé le jour où je suis arrivé à l'orphelinat. Marie venait souvent me réveiller, car je me rendormais toujours quand Mme Thomas le faisait .Mme Thomas était la responsable des orphelins entre treize ans et dix-huit ans. Elle portait toujours un chignon bien serré et un pull en laine, qui n'avaient jamais, ni l'un ni l'autre, un seul frisottis.

-Dépêche-toi, tout le monde est déjà descendu pour le petit déjeuner, il ne reste plus que toi et moi. Va prendre une douche et rejoins moi en bas, j'essayerais de te garder quelque chose à manger.

-Merci...dis-je, encore toute ensommeillée.

Puis Marie s'en alla, me laissant toute seule dans le dortoir des filles.

Marie et moi-même en avons toujours fait qu'à notre tête, lorsqu'il s'agissait de se réveiller comme lorsqu'il s'agissait de ne pas respecter le règlement. Des bêtises, on en avait fait un paquet. Et les punitions n'en avait étés à chaque fois que trop désagréables : services en cuisines pendant deux mois, ou ménage sur la totalité du bâtiment chaque soirs pendant trois semaine... Mais malgré les conséquences nous continuions à nous amuser. Qu'avions-nous, de toute manière, à part l'amusement ?

Je rejoignis enfin la salle de bain, qui était vide et paraissait plus grande qu'à l'habitude. Les vitres était pleines de buée, j'attendis donc plusieurs minutes pour qu'elle se liquéfie. Je n'aimais pas penser que tous les jeunes de l'orphelinat s'étaient lavés en même temps, sans aucune intimité. J'avais toujours détesté l'impudeur que l'on nous imposait depuis toujours, j'étais convaincue qu'il était dans nos droits de ne pas vouloir montrer notre corps à tout bout de champs, surtout passé un certain âge. Je me déshabillai donc lentement devant le miroir, observant mes longs cheveux dorés et emmêlés au saut du lit, comme tous les jours depuis que j'avais décidé de les laisser pousser. Mes yeux bleus électriques scrutaient ma silhouette que je n'aimais pas particulièrement. Il est vrai que j'étais assez fine, mais mon ventre de bébé et mes hanches trop étroites ne me plaisaient pas. En effet, étant de plus en plus influencée par les normes actuelles, j'étais une personne très complexée, bien que je n'évoquais jamais le sujet devant qui que soit, même Marie. Peu de temps après, mon regard se déplaça jusqu'à mes tatouages, éparpillés sur mon corps et dessinés avec des traits assez fins. Ils représentaient des symboles que je ne connaissais absolument pas, et je me demandais souvent si ce n'était pas une langue étrangère que je n'avais jamais apprise. Je les avais depuis aussi longtemps que je m'en souvienne et ils restaient incrustés sur mon corps au fil des années. Je ne les avais jamais montrés à personne, seules mes nourrices et Marie en connaissaient l'existence.

La Fille des DieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant