Chapitre 1 ~ Rester

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Fragments du passé à jamais oubliés, referont surface dans des rêves éveillés.

Le bruit assourdissant et ponctuel de mon réveil posé sur ma commode en bois me réveille sans ménagements. Pourtant je décide de rester encore un peu dans mon lit qui est à l'effigie de plumes d'oiseaux noires et blanches. Un mélange de couleur représentant mes cheveux. Ha oui on peut dire que moi, Megan Key, sort de l'ordinaire. À commencer par mon nom mais aussi par ma couleur de cheveux plus qu'inhabituelle.

Ils sont d'un gris naturel, pas le gris monotone et triste qui vous donnerait envie de vous jeter d'un endroit surélevé, non les miens sont d'un gris irréel comme sortis d'un rêve. Ils sont ondulés et les racines sont noires, ce qui me vaut beaucoup de questions comme " tu te fais une couleur ?"ou "tu vas chez quel coiffeur ?". Je ne me force même plus à y répondre. Heureusement je les entends que rarement. Je préfère rester dans mon monde constitué de musiques et autres rêveries. Loin de ce monde trop grand pour être juste. Je vante beaucoup mes cheveux je l'avoue car c'est la seule chose de ma pauvre vie que j'aime vraiment.

Je m'étire longuement et j'ouvre avec peine mes yeux bleus. Je ne les apprécie pas même si la couleur en tant que telle me rappelle un lagon enchanté. Ils me paraissent faux me font devenir fausse. C'est comme si je n'étais pas réelle avec ces yeux et ces cheveux-là. Plus d'un en croisant mon regard se croyait en phase hallucinatoire d'une maladie. De plus ils ne m'aident pas à me fondre dans la masse comme une simple ado insociable, j'exagère peut-être mais je n'aime pas trop la foule. Voire tous ces visages tournés dans ma direction, m'épiant, me fixant, me jugeant. Je me sens comme une souris aux griffes de lions affamés.

Les rayons du soleil filtrant à travers mes volets viennent effleurer ma peau blanchâtre voir fantomatique. Là aussi un aspect de mon physique constamment analysé par le public extérieur. Alors quand je rougis je deviens plus rouge qu'un radis.

Malgré ma taille je n'ai pas un corps effilé mais plutôt bien proportionné et de toute manière je n'en prends pas très soin. C'est-à-dire que je reste le plus loin possible du monde extérieur ; alors, une salle de sport, c'est un comble...très peu pour moi ! Voir toutes ces personnes à suer pour "rentrer" dans les cases imposées par les réseaux sociaux, les médias et bien d'autres me désole. C'est pour ça que je n'ai aucun réseau, tout est virtuel, plus rien n'est spontané. Et puis, je n'aurais même pas d'amis à identifier sur une photo comique. Alors c'est catégoriquement inutile à mon existence aussi pourrie soit-elle.

Vous vous souvenez de mon nom de famille "Key" et bien c'est le nom de mon ancien orphelinat. Quelle originalité et en même temps quelle banalité. Je suis restée dans cet orphelinat jusqu'à mes quinze ans où j'ai pu bénéficier d'un petit appartement. Personne ne voulant d'un fantôme comme enfant on n'a du me loger ailleurs. Le personnel est plutôt sympa mais essaye tant bien que mal de me sociabiliser. Ce qui n'a que pour seul effet de me renfermer encore plus dans ma coquille, désormais indestructible.

Depuis toute petite, du moins jusqu'où mes souvenirs peuvent se matérialiser sous mes yeux, je n'ai jamais été très sociable.

J'ai eu pourtant des amis, de vrai amis, à qui je faisais vraiment confiance. Ils étaient trois : Rob, Lia et Fiona. C'était en primaire lorsque je suis arrivée à l'école à mes neuf ans que je les ai rencontrés :de véritables perles. On rigolait ensemble, on était heureux. Jusqu'à ce que je comprenne le sens du mot "Orpheline". Alors même si j'étais jeune, j'ai commencé à chercher par tous les moyens que je possédais et dont je dispose encore : mes parents. Pourquoi m'avaient-ils abandonné à ma naissance ? Pourquoi je n'avais aucun souvenir d'eux même pas un objet familial ? N'étais-je pas assez bien ? Trop de questions qui resteront sans réponses. De cette obsession j'ai perdu mon insouciance enfantine, mes amis et ma relation sociale. Cet amas d'informations m'a poussé dans mes retranchements les plus profonds jusqu'à me faire devenir vide, un fossé sans fond, un corps sans âme.

Le quinze juin est la date de mon anniversaire, c'est la seule chose dont je me souviens clairement. C'est à mes quinze ans donc il y a déjà deux ans de cela que j'ai abandonné l'idée de retrouver ne serait-ce qu'une infime partie de mon passé brisé. J'ai abandonné lâchement, faire face à de trop nombreux échecs m'avait démoralisé. Je ne demandais plus rien. Tout ce que je souhaite maintenant, c'est d'échapper à cette vie, partir loin d'ici.

Huit heures trente, perdue dans mes pensées je n'ai pas vu l'heure tourner, me voilà encore en retard pour le lycée. J'enfile un jean bleu marine, un pull noir et me précipite dans la salle de bain pour recoiffer mes cheveux. C'est dans un mini sprint que je prends un biscuit fourré au chocolat, m'enferme dans ma grosse doudoune noire ébène, et mets mon sac sur mon dos, heureusement que je n'ai pas d'escaliers. J'affronte alors le froid glacial d'un matin d'hiver qui vient me titiller le nez. Je n'aime pas l'hiver, j'ai une santé fragile et tombe souvent malade alors chez moi il y a tous les médicaments possibles et imaginables. Je me dépêche en faisant attention de ne pas glisser sur du verglas, malchanceuse que je suis. Tomber à terre signifie se faire remarquer au-delà même de l'échelle de la honte, impossible d'éviter les regards des passants. Cette pensée me procure des frissons d'angoisse.

J'arrive au grillage en même temps que la sonnerie comme si elle m'avait attendu pour faire retentir le son de la torture. Ce bruit que chaque élève redoute.

Je traverse la cour à toute vitesse quand je sens une impression trop familière. Quelqu'un m'observe fixement. Ce n'est pas comme les autres regards habituels, celui-ci est déterminé. Je fais un effort surhumain pour ne pas me retourner. Je n'étais pas pressée d'aller en math loin de là mais je préfère ça à la désagréable sensation d'être de nouveau fixée, épiée, jugée. Je ne compte plus le nombre de regards que l'on m'a lancé mais je dirais aussi infini que le nombre Pi.

Quand je rentre dans la classe mon professeur se permet de me saluer d'un regard noir. Je m'assieds à côté de Sophie, la seule soi-disant amie de ma classe. Elle est petite, brune et a de grands yeux marrons, elle a aussi un teint de peau hâlée et n'est pas très sociable également. C'est peut être pour ça qu'elle est venue me voir en début d'année dernière. Elle a du se reconnaître en moi. Ça me faisait toujours quelqu'un avec qui parler, autres que mes acteurs de séries qui ne m'entendent jamais quand je leur dis de regarder à droite ou de faire attention à cette femme.

- Panne de réveil ?

- Oui

Je remets en place mon masque de " j'en dis assez pour être considérée comme sociale mais pas assez pour que l'on devine ce que je pense réellement " et lui lance un sourire faux. Elle me le rend et on se met à écouter le cours enfin plus elle que moi. Je suis occupée à repenser à cet inconnu derrière moi qui m'a fixé jusqu'à ce que je sois hors de sa vue derrière le grillage. Son regard était insistant normalement les autres personnes se mettent juste à me dévisager de la tête au pied avec un regard curieux mais ils passent vite à autre chose après l'étonnement passé, mais...

Une douleur soudaine me brûle la nuque, me déchirant de l'intérieur. Je mets mes deux mains en appuie sur cette dernière, par réflexe, mais ça s'empire. Je hurle comme jamais je n'avais hurlé avant. La douleur fait perler de la sueur sur mon front. Sûrement pas la meilleure façon de se faire petite, mais bon, la souffrance persiste. Sophie se retourne brutalement pour me contempler avec inquiétude. Je n'arrive plus à bouger ma tête alors je reste là tête baissée, les yeux posés sur mon magnifique cours de math. Haletante, je respire par intermittences, jamais je n'avais sentie une telle souffrance. Le contact d'une main de singe sur mon dos me permet de comprendre que mon prof est maintenant au-dessus de moi. Je ne peux plus résister à ce supplice. Tout devient noir. Je me suis évanouie.

NDA: Et voilà je suis inspirée alors je commence à écrire cette histoire. N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire c'est ma toute première alors soyez honnête mais pas mesquin bref vous avez compris ;). Si vous voyez une faute, dites-là moi :).

Lullaby Tome 1 : ÉveilléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant