Partout où l'enfant allait, le monde s'illuminait face à son sourire qui brillait.
Je me réveille à l'infirmerie, logique, avec un horrible mal de crâne et une douleur lancinante dans ma nuque. Je réussis tout de même à me lever et bouger ma tête pour regarder autour de moi. L'infirmerie est plongée dans la pénombre, il doit être minimum seize heures avec le soleil qui se couche tôt en cette saison. Se tient à ma gauche l'infirmière dos à moi elle remplit de la paperasse. La porte de sortie se trouve à ma droite, j'ai une soudaine envie de m'en aller loin de cet endroit lugubre. Mais c'est ce moment que choisi l'infirmière pour se retourner et me regarder avec beaucoup d'étonnement. Je la regarde de même avant de me rappeler la tête que j'ai dans un miroir. C'est vrai que ça doit être assez déconcertant de se retrouver face à moi au réveil. Elle reprend toutefois assez vite ses moyens et commence à me poser certaines questions.
- Tu as mal quelque part ?
- Oui à la tête et à la nuque. Elle prend une feuille et écrit les paroles qui sortent de ma bouche.
- Tu as eu des antécédents de malaise avant ?
- Non jamais. Puis je mens. Je n'ai pas mangé ce matin ça doit être un malaise vagal, rien de grave je vous assure. Quelle heure est-il ?
- Tu veux un doliprane ?
- Non ça ira, dit mon esprit mais mon cœur lui n'attend que de retourner chez moi pour avaler la boîte entière de doliprane, sans arrière-pensée suicidaire rassurez-vous. L'heure s'il vous plaît ? le dis-je avec plus d'insistance cette fois.
- Il est dix-sept heures passées, tu es sûre que tu ne veux rien car ton ta-
- Non ça ira merci.
Je me retire rapidement du lit, cherche du regard mes affaires et une fois trouvées je me couvre de ma doudoune. Je prends mon sac avant de partir à toute vitesse de l'infirmerie en saluant rapidement l'infirmière.
Je suis en retard. Malgré mon mal de nuque et de tête persistant, j'arrive à avoir des pensées assez claires pour savoir que je suis en retard au travail. Oui je travaille même si l'orphelinat me paye une partie de mes dépenses et de mon loyer je dois combler certains trous donc j'ai un métier : à la bibliothèque. Pratique car il y a peu de monde et les seules personnes qui y sont, doivent se faire aussi discrètes que moi.
La nuit est déjà tombée, alors même avec le verglas je double mon rythme de marche. J'arrive à la bibliothèque à dix-sept heures trente-et-un, j'ai un retard de onze minutes. Ma patronne Véronique me regarde cherchant la raison de mon retard. Je lui lance un sourire signe que tout va bien. Mais en vérité j'ai l'impression que ma tête va exploser d'ici peu. Heureusement je ne travaille ici qu'à partir de dix-sept heures vingt chaque jour et le week-end de dix heures à seize heures, je reste manger là-bas le midi. Le calme qui y règne m'apaise des fins de journées scolaires toutes plus barbantes les unes que les autres.
Mon lycée est un lycée pour adolescent en difficultés. Il y a de tout. J'aime la diversité de cet établissement mais les personnes à l'intérieur sont tous impertinents. Des histoires de familles compliqués pour la majorité, des problèmes d'attention ou de comportement pour le tiers, des professeurs trop laxistes pour la moitié et d'autres comme moi juste pas très bavards. Les horaires sont les mêmes juste les matières changent c'est-à -dire huit heures quarante à midi trente et quatorze heures dix à seizes heure cinquante. Heureusement pour moi je n'habite pas très loin, quelle belle attention de la part du personnel de l'orphelinat.
Que j'ai hâte de retrouver mon lit et que ce mal à l'extrémité supérieure de mon corps s'évanouisse lui aussi dans les songes. Je range quelques livres déposés un peu de partout dans la salle même dépourvue de tous mes moyens je me sens observée. Ce même regard mais cette fois encore plus proche et beaucoup plus insistant comme si l'on me détaillait dans les moindres courbes de mon anatomie. Me sachant parfaitement immobile je décide de me diriger vers la dernière rangée, la plus éloignée de toute la galerie, par chance, j'ai un livre à déposer là-bas. Je me retourne d'un coup sec pour regarder ce qu'il y a derrière moi...Le vide. Il n'y a absolument personne si ce n'est les quelques personnes assiégées aux ordinateurs ou les autres attablés la tête dans les bouquins. Personne ne me fixe pourtant, je le sais, je ne suis pas folle et je ne pense pas avoir de la fièvre. Au contraire j'ai toujours eu plus ou moins un bon instinct.
Je me rappelle en cinquième en sport, on pratiquait la boxe et j'avais par instinct deviné le coup qu'allait me porter mon adversaire. C'était tellement bien précis que j'ai réussi à l'esquiver et à l'envoyer à terre. On m'avait collé une heure de colle car j'avais été trop brutale envers mon camarade soi-disant. Je lui avais peut-être cassé le nez mais ce n'était pas une raison pour une telle punition. Alors depuis ce jour je laisse mon instinct sous silence sauf si c'est en cas d'extrême urgence comme maintenant.
En fronçant les sourcils je me retourne pour me prendre un torse parfaitement sculpté en plein dans le visage. Je tombe ridiculement je l'avoue mais je n'ai jamais fait preuve de grande classe.
- Rien de cassé ?
Je lève ma tête qui s'attarde sur une main d'un teint de peau hâlée, puis mes yeux remontent sur l'inconnu devant moi. C'est affirmé ma figure n'a pas inventé la musculature de ce dernier. Il porte un jean et un tee shirt gris foncé qui laisse deviner ce qui se cache en-dessous : un sportif sûrement.
- Je t'ai fait si mal que ça ?
Maintenant c'est à mon ouïe de s'attarder sur la voix rauque et sensuelle de l'homme. Je reconnais une pointe de déception dans celle-ci. Alors je prends mon courage à deux mains, impossible évidemment, et lance un regard noir à...Un ange ou un démon à voir selon les goûts. Ses cheveux sont d'un noir comme les ailes d'un corbeau, sa mâchoire allongée montre qu'on a passé du temps à la raser, ses narines sont parfaitement symétriques. Ses yeux envoûtants font qu'on pourrait s'y perdre dedans sans voir le temps passer. J'en suis à la limite d'ailleurs. Ils sont d'un vert émeraude je n'irais pas jusqu'à dire que ses yeux représentent de belles pierres précieuses mais presque. Dire que les miens ne reflètent à ce moment que de la haine. Je me ressaisis. Qu'est-ce qui me prends de tomber au sens littéral comme figuré pour un inconnu ? Je me relève alors sans son aide et pourtant j'aurais aimé toucher cette main.
- Non c'est bon.
Et je fuis loin de cet homme ou de cette tentation je ne sais pas trop comment le décrire. Ce regard qui m'a suivi toute la journée au moins,, maintenant, je sais à qui il appartient. J'entends un petit ricanement. Bien sûr ce garçon âgé de quelques années de plus que moi dix-neuf ? Vingt ans ? est comme tous les autres à rire de la petite Megan Key qui s'emmêle les pieds pour rien. Celle qui une fois qu'elle rougit affiche un dégradé de couleur sur le visage qui passe d'un blanc sec à un rose vif. Ce que je suis persuadé d'avoir à l'instant. Une fois que je range mon livre je me permets de lancer un regard furtif aux alentours. Il est parti heureusement sinon je l'aurais viré par moi-même.
- Megan ?
Je sursaute, maladroite et en plus peureuse, tout moi.
- Ha Véronique je-
- Il est l'heure tu peux rentrer chez toi je te vois demain, bonne soirée.
- Merci. Je lui adresse un sourire vrai, c'est une patronne géniale même si elle ne me remarque pas la tête plongée dans son livre.
Aucun regard ne me suit sur le chemin du retour juste mon mal de crâne qui s'est transformé en migraine. Celui de ma nuque n'a pas changé, il est fixe comme accroché à ma peau. Et pour cause. Lorsque je rentre chez moi et me déshabille à l'entrée, puis dans la salle de bain, une sorte de rosace est dessinée sur ma nuque d'une couleur virant du gris argenté au noir ébène. Alors je crie de panique et de peur. Je n'ai pas de tatouage, je n'en n'ai jamais eu ni voulu et encore moins sur la nuque.
NDA: Mais pourquoi un tatouage apparaît-il soudainement, sans explications sur sa nuque ? 😏que de mystères.
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Lullaby Tome 1 : Éveillée
Fantasia"Megan Key, jeune orpheline aux cheveux gris, est assaillie par des regards la jugeant depuis sa dure enfance. Juste par ce qu'elle est « différente » et qu'elle ne rentre pas dans des « normes » imposées par la société. Ils n'auraient jamais cru s...