Chapitre 3

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DooM

Chapitre 3

Je me mis en marche. Carlos Hernandez Montoya aka 《The Tanned Bear》. Une grosse pointure à New-York. Si tu cherches des ennuis (ou à te faire de l'argent rapidement) c'est le type à aller voir. Il est recherché pour vol à main armée, chantage, trafic de stupéfiants, kidnapping, cas de violence et de violence aggravée et 6 homicides (dont 3 d'hommes de son propre gang), entre autres... Un chef de gang new-yorkais classique quoi. Comment je le connais ? Tout simplement parce que c'est mon patron. Comment j'en suis venu à travailler avec lui ? Parce que je n'avais pas le choix... Je suis né dans une clinique du Queens. Ma mère étant morte à ma naissance, on nous plaça mon frère et moi à l'orphelinat de St.Margaret. Mon frère, plus âgé que moi de 2 ans, pris soin de moi dès son plus jeune âge, prenant sans doûte conscience, que nous étions l'un pour l'autre la seule famille qu'il nous restait. Il me défendait contre les enfants plus grands que moi, me lisait des histoires pour m'endormir et trouvait toujours le temps de jouer avec moi. Bref, nous n'avions pas une vie parfaite mais nous étions heureux à l'époque. Mais un jour, je devais avoir 14 ou 15 ans je crois, on l'a trouvé dans le jardin crachant du sang et suffoquant. L'ambulance l'amena à l'hôpital dans le quart d'heure qui suivit. La bonne nouvelle c'est qu'il s'en sortit vivant, la mauvaise... c'est qu'il avait contracté un cancer... L'orphelinat ne pouvant payer les frais du traitement nécessaire au ralentissement du cancer, j'ai décidé de m'en occuper, seul, quoi qu'il en coûte. Et c'est ainsi que j'ai rencontré Carlos. Il a beau être un connard tyrannique et autoritaire, il est réglo et il paye bien : 75 000 $ par an soit un peu plus de 6 000 $ par mois. Grâce à ça on pouvait payer les frais d'hôpital, l'appartement dans lequel nous nous étions installés après avoir quitter l'orphelina et de quoi survivre. En fin de mois je plaçait ce qu'il nous restait sur un compte épargne commun pour ne pas être inquiétés en cas de disons... problème. En échange de tout cet argent (évidemment il y a quelque chose en retour), l'appart devait devenir une planque pour sa came et lorsqu'il m'appelait je devais me dépêcher de le rejoindre et de lui ramener ce qu'il m'avait demandé. Sauf que cette fois-ci le message ne précisait pas ce qu'il voulait. "Rendez-vous dans le Queens à 15h. Même endroit que d'habitude"
- Si tu veux mon avis, il va se débarrasser de toi, me balança Kaine
- Haha. T'as toujours le mot pour rire..., dis-je sur un ton ironique mais quand-même légèrement stressé
- Oh tu stresses ? Faut pas ! La balle te trouera le cerveau avant que tu puisses la sentir. Y a de raison de s'inquièter.
- ...
Là Kaine commençait vraiment à me faire flipper. C'est vrai, qu'est-ce qui empêchait Carlos de me tuer après s'être servi de moi ? Il savait où j'habitais, qu'est-ce qui l'empêchait d'envoyer quelqu'un pour nous faire disparaître mon frère et moi ? Qu'est-ce qui me dit que...
- Carlos t'attends gringo, me dit une voix rauque
Avant que je m'en rende compte j'étais déjà arrivé au point de rendez-vous : un vieil entrepôt abandonné sur les docks. Un homme dans la trentaine, sans doute d'origine hispanique vu son accent, me faisait face. Il me fit signe d'entrer. La faible lumière qui pénétrait à l'intérieur me laissait distinguer un bureau et 2 fauteuils au fond de l'entrepôt. Là-bas Carlos m'attendais, silencieux. Il me fit signe de m'asseoir, je m'exécutais. Il me fusilla alors d'un regard instigateur :
- ...
Enfin il se décida à parler :
- Tu sais pourquoi tu es là, n'est-ce pas ?
J'hésitais un moment puis je répondit :
- Non...
Il sembla surpris de ma réponse. Il se leva de son fauteuil noir en cuir et commença très lentement à faire le tour du bureau. Au moment où il se leva, je remarquai quasiment immédiatement le pistolet 9mm qu'il avait mis dans son bas de jogging. Je voulu me lever, moi aussi, mais il me fit clairement signe de ne pas bouger. J'étais coincé là à attendre mon sort. Je n'avais pas le choix, j'allais devoir recourir à "cette" méthode.
- ...
Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi il ne se passe rien ?
- Kaine !, pensais-je alors à toute vitesse
- ...
- Qu'est-ce que tu fout ?
- Eh ! Me regarde pas comme ça, j'y suis pour rien, dit-il boudeur
Ça n'était pas normal. Généralement je peux deviner ce à quoi pensent les gens près de moi en traduisant leurs émotions négatives. C'est une capacité étrange mais fort utile avec laquelle je suis né. À ce que j'ai compris (car c'est Kaine qui me l'a apprise), ça fonctionne un peu comme une transmission radiophonique : les autres sont des tours qui envoient des ondes radios, Kaine me sert "d'antenne" et je traduit le "signal" que je reçois par la phrase qui me semble la plus probable. Sauf que malheureusement, ça ne fonctionne qu'avec les émotions négatives et que si je ne pouvait "lire" une personne c'est soit que mon "antenne" faisait grêve, soit que cette personne n'avais tout simplement pas de mauvaises pensées. Le fait que la deuxième éventualité soit possible me rassurait un peu. Arrivé derrière moi, il mit ses mains sur le haut de mon fauteuil, le secouant légèrement.
- Tu n'en as vraiment aucune idée ?
- Puisque je te dis que non.
Je semblait avoir repris un peu confiance en moi.
Il m'annonça alors d'un air sombre :
- Pablo est mort...
- Ahh... C'est triste..., dis-je confus car je ne voyais pas du tout de qui il parlait
- Sais tu comment il est mort ?
- Euh non...
- Il y a eu une descente chez lui il n'y a pas longtemps. Il planquait lui aussi de la came pour moi et il s'est fait remarquer des membres d'un autre gang. Ils l'ont tué et ils sont partis avec la drogue.
- Et quel est le rapport avec moi ?
Oh mince, j'avais peut-être été un peu trop audacieux. Carlos écarquillat largement les yeux et haussa les sourcils.
- Le rapport avec toi ? Haha !
Il eu un petit rictus. Il retourna s'asseoir devant moi. Puis subitement il dégaina son arme et positionna le canon juste devant ma tête. De grosses perles de sueur suintaient sur mon front. On en arrive là, enfin... Il me demanda, amusé :
- Selon toi, gringo, quelle est la différence entre un hombre y un pendejo ?
À ce moment, un flot sans fin de courage sembla couler dans mes veines.
- Les cojones ?, dis-je en collant mon front sur le canon, un sourire pervers au visage
Je ne me reconnaissait plus. D'où me venait cette subite assurance ? J'avais l'impression d'être un simple spectateur de l'action, mon corps ne me répondant plus. Carlos fut surpris, sourit, puis il se mit à rire allègrement bientôt suivi par tout les autres témoins de la scène. Il éloigna l'arme de moi puis me tendis la crosse, toujours le sourire aux lèvres.
- Tiens hombre, tu l'as mérité.
Je retrouvais enfin la maitrise de mes actions. Je pris l'arme, la main un peu tremblotante et Carlos continua :
- Utilise le si jamais tu as des problèmes avec des gars, mais uniquement pour protéger ma came. Si tu te fais coffrer, tu ne me connais pas, ajouta t-il froidement
- Oui...
- Tu peux y aller, on se revoit vendredi pour ma livraison.
- Ok...
Je partit des docks d'un pas chancelant. Ce fut lorsque je traversait le Hell Gate Bridge afin de rejoindre Manhattan que je repensais à ce venait de se passer. Je crois que j'ai bien fallit mourrir sur ce coup là. Mais qu'est-ce qui m'arrive ? J'aurai pu crever ! Comment mon frère aurait-il fait pour se débrouiller sans moi ? Qui aurait payer pour son traitement ? Je sentais vraiment égoïste d'avoir pris de tels risques. Je rentrais à l'appartement après m'être réprimandé tout le long du chemin sur mon étrange comportement. Les lumières du logement étaient toutes éteintes. Il dormait sans doûte à cette heure. Nauséeux je me dirigeais vers la salle de bain, me douchais en vitesse et partit dormir. Il était déjà 23h et je devais me lever à 5h pour préparer son repas et ses médicaments pour lui avant de partir au lycée. Mort de fatigue je m'écroulais sur mon lit à eau et glissais lentement dans les bras de Morphée.
- Repose toi bien, tu as une journée chargée demain...

DooMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant