J'entre doucement dans la chambre d'hôpital de Noé. Cara et Harry sont restés dans le couloir et je suis surpris qu'Harry soit toujours présent. Je chasse rapidement ces pensées de mon esprit, ne voulant pas trop m'y attarder quand je vois le corps endormi de Noé dans ce grand lit d'hôpital. Je m'approche prudemment de son lit. Je le vois, tout pâle, des cernes sous ses yeux. J'approche une chaise du lit et m'assieds. Je lui prend délicatement la main et j'observe sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration. Je me revois, trois ans en arrière.
Flashback
Je suis papa. Je suis réellement devenu papa ce soir du 11 Mai 2013 alors que nous n'attendions notre fils que dans un mois et demi. Je ne peux pas expliquer la joie qui me submerge car le sentiment le plus fort en moi est la peur. Noé est né avec un mois et demi d'avance, après seulement 7 mois et demi passés dans le ventre de sa mère. C'est trop peu, il est trop petit, trop fragile dans cette couveuse qui maintient sa température corporelle à 37 degrés. Il ne respire pas correctement non plus et je reste de longues heures à observer sa poitrine se soulever pendant que sa Maman se repose. Il n'y a que comme ça que je peux me rassurer.
C'est l'infirmière qui s'occupe de mon fils qui me conseille d'aller me reposer moi aussi mais à mon retour dans la chambre où était placée la Maman de Noé, je ne vois personne. Elle est vide. Aussi vide que mon esprit sur le coup. Immédiatement je m'inquiète, je l'appelle, j'ai besoin de savoir pourquoi elle n'est pas sagement allongée dans son lit à se reposer après la mise au monde de notre fils mais je tombe sur la messagerie plusieurs dizaines de fois. Je comprend alors. Je comprend que désormais je suis seul, qu'elle nous a abandonné. Je suis seul, j'ai peur et j'ai un enfant prématuré qui a besoin de moi.
Je tombe de fatigue et au moment où je me réveille, je ne pense qu'à aller retrouver mon fils. Les infirmières s'occupent bien de lui mais Noé a de la difficulté à respirer seul et je n'ai pas le droit de le toucher sans porter de gants chirurgicaux, je risquerai de lui transmettre des microbes et de mettre en péril sa santé déjà bien trop fragile. Il ne peut pas se nourrir seul et un tuyau passe par son nez pour atterrir dans son estomac afin de lui apporter les nutriments dont il a besoin pour grossir et grandir.
Cette situation dure des semaines, des semaines d'inquiétude et de stress, des semaines à avoir peur et au bout d'un mois, je peux enfin prendre mon bébé dans mes bras pour la première fois depuis qu'il est né. Je déborde de joie et de fierté face à ce petit être qui a su se battre pour vivre. Je m'installe confortablement dans un fauteuil, à côté de la couveuse de Noé et une infirmière dépose délicatement mon bébé vêtu seulement de sa couche sur mon torse nu. Le peau à peau est très important pour aider les grands prématurés. Je le prend dans mes bras. Il est si petit et léger que j'ai l'impression de tenir une plume. Noé ressent la chaleur de mon corps et je sens sa peau encore plus douce que du coton pour la première fois. C'est un moment magique que je ne pourrai jamais oublier. C'est le premier contact physique que j'ai avec mon bébé, la première fois que je peux le toucher, le sentir, le voir autrement qu'à travers la vitre de la couveuse et les larmes coulent sur mes joues sans que je ne puisse les contrôler.
-Je prendrai bien soin de toi mon bébé, je te le promet... Papa t'aime plus que tout.
Fin du Flashback
Trois ans plus tard, nous revoilà dans une chambre d'hôpital, mon fils endormi dans un lit trop grand et moi à surveiller sa respiration.
Mais il respire.
Il vit.
Le bruit de la porte qui s'ouvre me sort de mes pensées douloureuses et je m'essuie rapidement les yeux. Je m'attendais à voir Cara ou une infirmière mais sûrement pas Harry. Je ne pensais même pas qu'il était toujours là. Il s'approche prudemment du lit et se positionne aux pieds. Je crois qu'il n'ose pas parler alors je me lance. J'ai besoin qu'il sache, j'ai besoin de vider mon sac alors de ma voix la plus douce, je lui explique.
-Noé est né prématurément. Il avait un mois et demi d'avance sur le terme de la grossesse et il pesait seulement 1,4kg à la naissance. Ses bras... étaient aussi gros que mes pouces et ses doigts... ils ressemblaient à des brindilles. Il était là, dans la couveuse, tout petit, tout fragile avec une peine immense à respirer tout seul et moi je me demandais comment j'allais l'assumer seul. Je me demandais si je serai capable de prendre soin de lui. J'étais effrayé et là... je me sens un peu pareil...
Je crois qu'il m'écoute attentivement. Il ne m'a pas coupé la parole, il m'a laissé prendre mon temps pour sortir les mots, pour lui expliquer ces souvenirs douloureux et effrayants que j'ai du traverser seul.
-Mais... et sa mère ? Demande prudemment Harry.
Nous y revoilà. La question qu'il m'a posé au bar avant que Cara ne m'appelle. C'est douloureux et énervant de se souvenir de ça. Je n'en ai pas envie mais je vais lui répondre quand même. Je vais lui expliquer car je veux qu'il comprenne ma relation à Noé et moi. Je veux qu'il sache à quel point j'aime mon fils et pourquoi je me suis retrouvé dans cette situation pas toujours évidente. Je veux qu'il sache pourquoi on s'est retrouvé tous les deux à moitié nu sur le canapé de mon salon.
-Elle est partit quelques heures après l'accouchement. Je n'ai plus jamais eu de nouvelles d'elle.
Je ne sais pas s'il hoche la tête, je ne le vois pas, il est dans mon dos, toujours aux pieds du lit.
-Je vais y aller... Dit-il doucement.
Je lâche un léger rire nerveux. Encore une fois Harry part dès qu'il voit de la difficulté quelque part. Je me confie à lui et il veut partir. J'avais pourtant passé un bon moment en sa compagnie et voilà qu'il gâche tout.
-Je ne suis pas entrain de fuir Louis. Je me retourne vers lui. Je pense seulement que tu as besoin de te retrouver et de prendre soin de ton fils. Je n'ai pas ma place ici pour le moment.
Et il a raison. Il a raison et je me sens minable d'avoir pensé qu'il fuyait les problèmes encore une fois. Je me lève doucement de la chaise et me poste devant lui. Il est plus grand que moi et je n'y avais jamais vraiment prêté attention avant ce soir.
-Je... Je vais prendre quelques jours de repos pour rester auprès de Noé. Tu pourras m'appeler pour prendre un rendez-vous à partir de jeudi. Je l'informe.
-Et si c'était toi qui m'appelait ? Dit-il en saisissant ma main gauche.
Doucement il dépose un petit papier dans le creux de ma main et je sens ses doigts caresser les miens pendant un court instant. Il me fait un petit sourire avant de quitter la chambre. Et je suis tiraillé par plusieurs sentiments confus. La peur et l'appréhension de l'état de santé de Noé... Puis l'incertitude et l'excitation de la nouveauté, avec Harry.
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Where Are You, Love ? | LS
FanfictionDu haut de ses 23 ans, Louis en a marre d'être seul. Il rencontre cet homme dans un bar, un grand bouclé aux yeux verts et au charme ravageur. Il ne connaît ni son nom, ni son prénom mais il en faudrait beaucoup plus pour empêcher Louis de le ramene...