Chapitre 3 ©

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Jana rentra chez elle, épuisée après sa journée de travail. Elle rangea son arme de service dans le coffre fort situé derrière un tableau accroché sur un mur de son salon et se rendit dans la chambre de sa fille, qui devait sûrement dormir à cette heure. Son cœur fit un bond quand elle s'aperçut que la chambre était vide. Léa n'était pas là. Folle d'inquiétude, Jana prit son portable et tenta d'appeler sa fille. Elle tomba sur sa messagerie : ''Bonjour, c'est Léa, je ne suis pas disponible pour le moment, rappelez-moi plus tard''.

-Mein Liebling*, c'est maman, où es-tu ? Il est tard, tu n'es pas à la maison, je suis inquiète. Appelle-moi quand tu auras ce message.

Une fois le message enregistré, Jana se laissa tomber sur le lit. Ce n'était pas la première fois qu'elle trouvait la chambre de sa fille vide en rentrant du travail. Elle avait bien conscience de ne pas être très présente pour ses enfants, mais elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour qu'ils ne manquent de rien. Depuis trois ans, elle devait les élever seule et c'était parfois très compliqué. Le père, Théophile, avait laissé un héritage conséquent à ses enfants. Musicien renommé comme son père, il avait lui aussi hérité d'une fortune quand il était jeune. Pourtant, c'était quelqu'un de très simple, qui aimait les petits plaisirs de la vie. Il n'aimait pas vivre dans le luxe, il se contentait d'une vie confortable sans être extravagante. Jana aimait beaucoup la musique classique, influencée par ses origines autrichiennes. Elle était née à Berlin ouest en 1970, d'un père policier et d'une mère femme au foyer. Son enfance avait été merveilleuse. Elle n'avait pas beaucoup pu voyager à cause de la séparation des deux Allemagnes, mais après la réunification, elle était partie s'installer en France. C'était pendant un concert de musique classique qu'elle avait rencontré Théophile. A vingt-sept ans, le jeune homme était toujours seul. Il cachait sa solitude et sa tristesse par de grands sourires et une joie de vivre indéfinissable. Ils avaient vécu vingt années de bonheur simple mais intense, vingt années pendant lesquelles ils avaient donné naissance à deux enfants : Lucas en 1993 et Léa en 1996. Théophile adorait ses enfants. A Lucas, il avait transmis sa très grande persévérance et à Léa, il avait donné l'amour de la musique. Théophile jouait du piano et du violoncelle. Quand Léa était petite, il lui jouait souvent un morceau pour l'endormir, et ça marchait à chaque fois. La musique avait un effet apaisant sur elle. Soudain, Jana eut une idée. Elle décida d'appeler Gwendolyne, la meilleure amie de Léa. Elle espérait que sa fille serait avec elle. Elle tomba également sur la messagerie de la jeune fille. Ne sachant pas quoi faire de plus, la pauvre mère partit se coucher, en espérant que Léa allait bien...

***

Quand Thomas ouvrit les yeux le lendemain matin, Léa n'était plus là. Il courut dans le salon pour l'annoncer à son père et s'arrêta net. Léa prenait son petit-déjeuner avec son père. Quand ils le virent, ils lui sourirent.

-Ah Thomas, Léa a préparé le petit-déjeuner pour nous trois ce matin, viens t'asseoir.

Thomas fit ce qu'on lui demandait. Sur la table, il y avait l'équivalent d'un petit-déjeuner de ministre : œufs brouillés, tartines de confiture, bacon grillé, mini sandwich au jambon et au fromage, jus d'orange, jus de pomme, croissants et pains au chocolat. Le jeune homme remplit une assiette avec ce qui lui plaisait et se mit à manger.

-Tu n'es pas très bavard le matin toi !, s'exclama Léa, en souriant.

Thomas sourit.

-Non, le matin je mange et après je parle.

-Nous sommes assez voraces dans la famille, dit Brandon.

-Je vois ça !, confirma la jeune fille. En tout cas, merci de m'avoir accueillie...

"De l'autre côté... ©" première versionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant