Chapitre 8 ©

18 2 0
                                    


Nathan sentit qu'on lui tapait sur les joues. Il ouvrit péniblement les yeux. Sa tête résonnait encore du coup que sa sœur lui avait asséné. Une superbe nausée, accompagnée de vertiges, apparut. Un jour, sa sœur irait le dénoncer, mais il pensait que ce jour n'était pas encore arrivé, puisqu'elle était faible, et surtout, elle l'aimait. On a toujours tendance à protéger ceux qu'on aime, non ? Par contre, si elle parlait, il allait passer une grande partie de sa vie en prison. Mais au moins, pendant quelques années, il serait nourri et logé, c'était l'avantage.

 Le plus à craindre était la solitude, mais Nathan ne la craignait nullement, il était déjà seul, il ne verrait pas de grande différence. Un être seul et enfermé dans son propre corps, voilà ce qu'il était, misérable, une vraie loque vivant aux crochets des autres en somme. Le tableau est guère sympathique, mais il reflète bien la vérité. Nathan ne pensait pas de bien de lui-même de toute façon, il se détestait, se considérait comme quelqu'un de mauvais, un raté qui profitait de la faiblesse des autres pour se faire de l'argent. Un véritable salaud en somme. 

Il resta dans les choux pendant tout le trajet qui le guidait à l'hôpital, ne sachant pas franchement ce qui allait lui arriver par la suite, mais il se doutait bien que sa vie prendrait un tournant assez désagréable. Avant notre naissance, quelqu'un doit dresser la liste de ceux qui sont destinés à être heureux et ceux qui doivent avoir une vie pourrie, ceux qui peuvent profiter de leur argent et ceux qui n'ont pas un rond après avoir payé le loyer, les factures, les cotisations diverses et le reste. Si cette personne existe, pourquoi fait-elle ça ? Est-ce si bien là-haut pour recruter des gens tous les jours ? 

Ne jamais baisser les bras, toujours avancer et persévérer, tous ces beaux discours qu'on entend, toutes ces magnifiques paroles qui nous font rêver, à quoi ça sert ? C'est bien de parler, bien de donner de l'espoir, mais après il faut tenir ses promesses, ses engagements. C'est toujours plus compliqué d'agir que de parler malheureusement. Y'a tellement de choses à changer dans la société... On ne sait même plus où donner de la tête. Tous les politiciens sont de magnifiques parleurs, ils nous embrouillent, on vote pour eux et au final, on trinque. Quitte à voter pour quelqu'un, autant que ce soit pour le moins pire, pas pour l'extrémiste du quartier qui fera du pays un champ de bataille. Nathan perdit connaissance sur cette pensée. Quand il revint à lui, une femme blonde le regardait avec tout le mépris du monde. Voyant qu'il avait les yeux ouverts, elle dit :


-Tu es dans de sales draps mon gars.


Oui, ça Nathan s'en doutait fortement. Quand on tombe dans le trafic de stupéfiants, on s'en sort rarement bien. Il ne savait pas qui était cette femme blonde, mais son visage lui semblait familier. Soudain il comprit.


-Non !, s'exclama-t-il.

-Pardon ?, demanda Jana.


Elle soutint son regard. Il savait exactement qui elle était. Cette femme ne pouvait être que la mère de Léa.


-Vous êtes la mère de Léa !

-Oui et alors ?


Nathan réfléchit, puis se tut. Cette femme était flic. Elle ne pouvait donc lui causer que des ennuis. En revanche, il était admiratif de Léa. Comment avait elle fait pour dissimuler sa consommation de stupéfiants à sa propre mère ? Une fois de plus, il avait la preuve de la formidable intelligence de la jeune fille.

"De l'autre côté... ©" première versionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant