"De l'autre côté... ©" première version

Chapitre 5 ©

Thomas repartit chez lui en sifflotant. Quelque chose lui disait qu'une belle amitié -voir plus- venait de naître. Après tout, les plus belles rencontres se font souvent par hasard. C'était ce qui s'était passé avec sa meilleure amie, Tanya. Thomas et elle s'étaient connus en pré-maternelle au Québec, leur région natale. Ce jour-là, ils en riaient encore, Thomas n'avait pas vu Tanya qui passait à côté de lui à la cantine. Il lui avait renversé tout le contenu de son verre d'eau, qu'il venait de remplir, dessus. Un merveilleux fou rire était né de cette collision accidentelle, et leur amitié était née ainsi. Elle durait depuis treize ans, malgré l'éloignement suite aux déménagements de Thomas. Il avait déménagé une première fois à New-York, Kate, sa mère, voulant se rapprocher de sa mère malade, et aujourd'hui, il avait emménagé à Paris. Thomas et Tanya essayaient de se voir le plus souvent possible, leur période préférée étant Noël car il neigeait souvent au Québec et qu'ils adoraient la neige. Leurs parents respectifs avaient été émus du désespoir visible des deux enfants à l'annonce du départ de Thomas pour les Etats-Unis. Les parents de Tanya considéraient Thomas comme leur propre fils. Tanya était ce qu'il avait de plus cher au monde, la prunelle de ses yeux, sa raison de vivre et plus encore, son âme-soeur. Il ne pouvait pas imaginer la perdre un jour et savait que la jeune fille ressentait la même chose. Tellement de bons moments et d'autres plus tragiques avaient fait en sorte de les rendre inséparables. Tanya avait assisté à l'enterrement de Kate, elle avait serré dans ses bras son ami pendant toute la cérémonie. Thomas lui en serait éternellement reconnaissant, et son rêve le plus cher était de repartir au Québec, comme avant. Son portable vibra dans sa poche. Il sourit en voyant que c'était justement Tanya qui l'appelait. Il décrocha.

-Devine qui c'est !, s'exclama une voix malicieuse.

-C'est ma Tanya préférée peut-être ?, répondit Thomas, un sourire immense sur le visage.

-Gagné ! En même temps tu n'en connais qu'une Tanya !

-Pas faux.

-Alors ? Quoi de neuf chez nos cousins français ?

-Pas grand chose, il me manque mon rayon de soleil québecois.

-Oh, tu es mignon. Je viendrais te voir, ne t'inquiète pas.

-J'espère bien que tu viendras, j'ai besoin de ma meilleure amie. Je pensais à toi justement.

-Moi aussi j'ai besoin de toi. Tu hantes mes pensées, je ne supporte pas l'idée que tu vives maintenant de l'autre côté de l'Atlantique.

-Ce ne sont que quelques kilomètres en plus, ça fait longtemps que je ne vis plus dans la même ville que toi.

-Tu as déménagé à New-York il y a cinq ans maintenant, le temps passe vite, j'a l'impression que c'était hier que je pleurais dans tes bras à l'aéroport.

La tristesse se sentait dans la voix de Tanya. Thomas aussi avait le cœur lourd de vivre loin d'elle maintenant.

-Sinon, quelle heure est-il au Québec ?, demanda-t-il pour changer de sujet.

-Il est quatre heures du matin !, répondit Tanya, une nuance de fierté dans la voix.

-Mais tu es folle de m'appeler à cette heure, tu vas être morte de fatigue demain te connaissant !

-Je n'arrive plus à dormir depuis que tu es parti en France. Et puis tu vaux la peine que je sacrifie quelques heures de sommeil!

Pourtant Tanya était une vraie marmotte ! En effet, la jeune fille n'aimait pas vraiment être réveillée le matin, elle marmonnait souvent, tout comme lui. Si elle se privait ne serait-ce que d'une heure de sommeil, elle avait tendance à avoir la tête dans les nuages, à tel point qu'un jour, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle était venue à l'école avec son haut de pyjama. Quand Thomas lui avait fait remarquer, elle avait rougi de honte et s'était dépêchée de retourner chez elle pour se changer. Cette anecdote était une de celles qu'ils aimaient se raconter sans arrêt et qui les faisaient rire des années après.