Chapitre IV

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IV

     J'écoute et regarde attentivement mon professeur de danse, tandis que je sens un regard peser sur moi. Je me tourne vers la personne à ma droite, Marc, qui détourne le regard aussitôt. Je me concentre de nouveau sur Véronique, et je vois, grâce à ma vision panoramique, que Marc continue de me fixer. Alors, je tente de le prendre en flagrant délie, il change, encore, ses yeux de direction, ayant du mal à contenir son envie de rire.

     Je me racle bruyamment la gorge pour capter son attention, et lève mon majeur en l'air. La malice dans ses yeux et son sourire en coin me perturbent. Il agit comme un enfant voulant faire chier le monde – supposons que je m'appelle Le Monde...

     Nous sommes face à face, attendant que le musique Libérée Délivrée démarre. L'année passée, nous avions tous appris cette danse, et Véronique à voulu que Marc et moi la dansions aujourd'hui, pour « voir comment passe le feeling entre nous ». Je sais très bien comment il va passer, il ne va pas passer, tout simplement !

     La musique instrumentale de La Reine Des Neiges démarre. Je m'avance vers Marc en pointant les pieds. Nous enchaînons quelques sauts de chats, pas de bourrer, glissades, tandis que la puissance que je dégage est uniquement puisée dans la colère que j'éprouve à l'idée de danser avec lui, qui, d'ailleurs, semble amusé par la situation.

– Tu es magnifique, aujourd'hui... me complimente-t-il dans un souffle chaud, alors que nous sommes très proches.

– Toi aussi, je réponds sèchement (en rougissant) alors que je m'éloigne, pour continuer la chorégraphie.

Sur la musique, on va, on vient, on s'éloigne, et on revient (je distingue à peine ses paroles quand je m'éloigne, au rythme de la musique, et les entends mieux dans mon oreille lorsqu'il m'attire de nouveau contre lui.) Puis tu t'élances, et je te tiens, je te retiens du bout des doigts, pour te ramener contre moi...

Fauve... disons qu'au moins, tu écoutes de la bonne musique...

J'aime beaucoup ce groupe, et infirmière est ma chanson préférée.

– A une table, sur ma gauche, y avait un groupe de filles. Dont une qui m'a tout de suite plus. Elle était assez claire de peau et avec des cheveux châtains clairs, ou blond foncés, je sais jamais... continue-t-il à chuchoter alors que la musique sur laquelle nous dansons s'écoule.

– Il dit « Elle était un peu mate de peau » il me semble.

– Excuse-moi, Aimée, mais tu es plutôt blanche... (je frissonne, ça doit être la colère, ou juste le fait d'entendre sa voix si... n'en dis pas plus, me dis-je)

Il sourie et a l'air si tendre, mais, je ne sais pas à quoi il joue, alors je riposte.

– Si tu parles de moi... j'ai tendance à dire que je mes cheveux sont blonds foncés.

– Marc ! Les pieds ! Aimée, ton regard ! cri Véro à travers la salle.

     Après le grand jeté, je me laisse élever dans les airs, tenue par les hanches par les grandes mains de Marc.

     Mes moments préférés, lorsque je danse avec des garçons, ce sont ceux où ils me portent. Je suis comme une plume, j'ai l'impression, d'être aussi légère que le vent, soutenue par leurs muscles. 

     Je vole, et d'un coup, comme un oiseau dont les ailes cessent de battre, je me rapproche du sol à toute vitesse. Mon cœur bondit dans ma poitrine alors que j'ai l'impression de mourir un instant, tandis que je ne pensais plus à rien, soutenue par Marc.

Crazy In LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant