Crazy In Love

Chapitre III

III

     A la grande surprise des habitants des banlieues parisiennes, la neige tombe sur les routes et dans les jardins. Ma petite sœur, revenue de chez mon père, est devant la fenêtre, émerveillée par les flocons que les nuages nous offrent. Il a dû neiger toute la nuit, parce que les arbres, les voitures garées et les trottoirs sont blancs.

– Marie, on dirait que tu n'as pas vu de neige depuis... jamais, en fait !

– Mais, c'est pas souvent, qu'il neige ! Regarde, c'est trop beau !

– Mouais, c'est magnifique, mais, c'est gelé. Et j'aime pas avoir froid.

     Je hais la neige, parce que c'est froid, et les batailles de boules de neige que tout enfant faisait autrefois ne m'ont jamais amusés. En recevoir une dans la nuque me terrorisait et m'angoissait. Mais j'aime la neige, simplement parce que c'est à couper le souffle. Parce que c'est d'une beauté glaciale, et que j'aime l'atmosphère dans laquelle cela plonge le monde. C'est étrange, mais je pense qu'aimer et détester quelque chose – ou quelqu'un – en même temps, n'est pas contradictoire. C'est possible.

– Allez viens, Marie, je vais te coiffer.

Ma petite sœur de sept ans saute de joie en venant vers moi. Elle adore quand je la coiffe.

     Je lui fais deux petites couettes blondes de chaque côté de sa petite tête.

– Ah, tu es à croquer ! je la flatte en lui chatouillant le ventre.

     Hier, le cours de danse s'est déroulé normalement. Nous commencerons les essais et les chorégraphies ce soir. Je suis restée le plus loin possible de Marc, mais, à présent, je ne pourrais plus l'éviter.

     Arrivée au lycée, je n'ose pas parler du spectacle à Adrien, mon petit-ami. Il est – très – jaloux. Je suis en train de chercher ce que je peux lui dire, quand une chevelure noire se détache de la foule d'étudiants. Adrien s'approche de moi, et m'embrasse, sans prévenir. Je ne bouge pas, sur le coup, parce que je ne suis pas une fan de bisous, bisous... Mais je lui rends son baiser en essayant d'apprécier cela. Il retire enfin ses lèvres.

– Alors ma chérie, Lena m'a dit que tu as le premier rôle du spectacle !

– Oui, je suis trop heureuse !

Je ne sais pas quoi dire de plus, le silence s'installe entre nous – le malaise.

– Cool. répond-il simplement.

     Lena arrive en courant, ce qui me fait échapper au sujet qui risque de fâcher. Elle me tire par le bras.

– Sorry, je te l'emprunte... jusqu'à... la fin de la journée, en fait.

Nous nous éloignons, j'ai envie d'éclater de rire face à la tête de ce dernier, mais j'articule dans un souffle « désolé, chéri ».

– J'ai plusieurs choses à te dire, prévient Léna sur un ton faussement autoritaire. De un, tu ne lui as pas dit pour le spectacle, mmm ?

Avant que je ne puisse répondre, celle-ci continue.

– J'en étais sûre ! Heureusement que j'ai tenu ma langue ! Mais, va bien falloir lui dire un jour que, toi, pauvre Aimée, tu vas avoir l'obligation de danser avec le garçon le plus sexyyyyy de... de juste tous les mecs qui existent dans le monde ! pouffe-t-elle en remuant ses sourcils bizarrement. Et comme je t'envie, Aimée, oh, comme je t'envie...

Elle regarde le ciel, l'air amoureuse, mais je sais qu'elle joue la comédie. Elle serait d'ailleurs beaucoup plus douée que moi à ça.

– Peut-être qu'il est « sexy », comme tu le dis si bien...