Chapitre V

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Le reste de la journée s'est déroulé calmement en comparaison avec la matinée. Vers midi, je rentre chez moi sortir et nourrir Chaussette. Entre le déménagement et le fait de le laisser seul une partie de la journée, je pensais qu'il aurait quelques difficultés d'adaptation, mais non, rien de cela. Tout au contraire, je ne l'ai jamais vu aussi détendu et calme.

En enfournant une bouchée de spaghettis que je viens de me préparer, j'étudie consciencieusement le contrat et repère quelques points à renégocier même si aucune clause ne me parait abusive. Seulement l'article 31 relatif aux voyages d'affaires, et surtout son deuxième alinéa, retient mon attention.

Je retourne au cabinet pour continuer de travailler sur le dossier qu'Harry m'a confié le matin même, et à dix-sept heures quarante-cinq, je me dirige vers sa porte avant de toquer doucement.

- Hum ... Entrez.

Harry a le nez plongé dans un dossier, un Code pénal ouvert à côté de sa main alors qu'il est à peine éclairé par la lumière de l'écran de son ordinateur. En cet instant, il porte des lunettes noires qui structurent son visage. Il doit être tellement concentré qu'il n'a pas dû voir que son bureau s'est obscurcit.

- Je vous dérange ? Je peux repasser plus tard.

Alors que je m'apprête à fermer la porte et ainsi partir, il m'arrête.

- Eden ! Vous ne me dérangez pas du tout, c'est même moi qui vous ai dis, ce matin, de venir à la moindre question, entrez.

Je jauge son comportement. Il retire ses lunettes qu'il pose rapidement sur son Code pour maintenir le livre ouvert. Il se recule dans son fauteuil, croisant les bras et faisant chevaucher sa jambe gauche que celle de droite. J'entre finalement en prenant soin de bien refermer la porte et prends position sur le fauteuil en face de lui.

- C'est au sujet du contrat ?

- Oui. Pour dire vrai, j'ai une question.

Je prends le feuillet, et tourne les pages afin de retrouver celle où se trouve la clause que j'ai mise en fluo, puis, je tends le document à Harry.

- De prime abord, je voudrais savoir quelle peut-être la durée maximale d'un voyage d'affaire organisé par le Cabinet ?

- Le plus long séjour fut de deux mois, si ma mémoire ne me joue pas des tours.

Cela risque de devenir compliqué, je ne peux laisser Chaussette qu'un week end sans moi, passé le troisième jour, il tombe en dépression. Je ne sais pas vraiment comment amener ma requête tout en montrant que je me sens véritablement investie dans ce nouveau travail.

- Pour être honnête, j'ai un animal de compagnie ... Un chien. Et je ne peux pas le laisser seul plus d'un week-end ...

- Je comprends tout à fait. Dans l'hypothèse où votre voyage excèderait quarante-huit heures, un billet supplémentaire sera prévu pour votre animal, ainsi qu'un hôtel acceptant sa présence.

Devant ma surprise, Harry m'adresse un clin d'oeil en ajoutant, presque dans un murmure.

- Vous n'êtes pas la première à me faire cette demande, Clemence en a déjà fait la demande pour son Yorkshire.

Ah, Clemence ...

J'esquisse un sourire faussement enjoué a l'évocation du prénom de cette vipère, même si pour cette fois, elle m'a été utile.

- C'était là votre seule requête ?

Je réfléchis un bref instant, mais plus rien ne me semble intéressant à négocier. C'est un contrat en bonne et due forme. J'appose ma signature et Harry me somme de rentrer.  Au moment où ma main se pose sur la poignée de la porte, la voix d'Harry s'élève dans mon dos.

H&H CraytonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant