Le lendemain matin, le réveil est compliqué. Je me suis endormie tardivement, laissant la tristesse me submerger. Je tente de me réconforter dans la position foetale, sanglotant avec violence, si bien que j'en ai des courbatures désormais. Mes cheveux doivent s'être livrés une bataille incroyable durant la nuit, c'est une véritable crinière qui orne mon crâne, ce qui est en parfaite harmonie avec le bleu profond de mes cernes apparentes. Je tente tant bien que mal de masquer ce carnage, mais je n'ai pas le coeur à la fête. Je vais devoir revoir Harry. Je n'ai pas souhaité lui parler du reste du weekend et j'aurais vraiment apprécié que cela dure encore. Après avoir bu ma troisième tasse de café pour me réveiller tout en pestant contre encore cet idiot, je me décide à partir. Pour la première fois de ma vie, je vais travailler à reculons.
En arrivant au Cabinet, Laura me fait de grands gestes pour m'interpeller.
- Monsieur Crayton veut te voir dans son bureau dès ton arrivée.
Mes jambes se mettent instantanément à flageoler et ma vue se trouble ; à peine a-elle finit sa phrase que je commence à paniquer. Que se passe-il ?
- Il y a un problème ?
- Je ne sais pas, mais il sifflotait en entrant ce matin, alors cela ne doit pas être bien grave. Une rapide promotion peut-être ?
Elle m'accorde un clin d'oeil complice alors que je prends la direction de l'ascenseur. Le bruit de mes talons martelants le sol rythme mes pulsations cardiaques. À mesure que je monte les étages, je me sens me décomposer.
À deux reprises, l'ascenseur s'ouvre sur des collègues des étages inférieurs qui cherchent à monter. Je les salue poliment en tachant de ne pas laisser paraitre l'angoisse qui me pèse lorsqu'ils s'engouffrent à leurs tours dans cette grande boite de métal. Lorsque je descends, je suis dans un état tel que je parviens à entendre la circulation de mon sang battre dans mes tympans.
Je m'avance vers la grande double porte en chêne sur laquelle je toque avec prudence. Alors que je tente de reprendre mes esprits en me prenant la tête entre les mains, la porte s'ouvre sur le visage radieux de Hector Crayton.
- Ah ! Eden, te voilà ! Entre, entre, ne restes pas sur le pas de la porte.
Je pénètre à nouveau ce vaste et impressionnant office. La dernière fois que je suis venue, j'étais accompagnée d'Harry, mes pensées prennent une tournure triste ... Alors que je contemple les quelques bibelots présents sur les étagères, Hector prend la parole.
- Ne t'en fait pas, tu n'as rien à te reprocher.
Mon malaise est-il aussi apparent ? Je sens un sourire crispé s'afficher sur mes lèvres. Lissant sa cravate alors qu'il s'assied, il m'indique le siège lui faisant face dans un geste maitrisé qui me rappelle à nouveau celui de son fils le jour de mon entretien.
- À vrai dire, je t'ai aperçu partir rapidement samedi lors du gala et je voulais m'assurer que rien ne t'a fait fuir.
- Oh ... Non, tout était parfait, ne vous en inquiétez pas.
« Oui, j'ai fuis. Et si vous connaissiez la raison de ce départ précipité, vous ne me regarderiez certainement pas de la même façon en cet instant ... Et votre fils non plus. » pensé-je, encore sous le choc de ses mots.
- Quoiqu'il en soit, puisque tu es partie plus tôt que ce que je pensais, mon épouse n'a pas eu le temps de te saluer alors qu'elle se faisait une joie de te revoir.
Je me sens coupable désormais. Je n'ai pensé qu'à moi lors de cette soirée, ne cherchant même pas sauver les apparences et être professionnelle ; j'ai complètement omis de saluer mon patron ... Et son épouse dont il m'a tant parlé ! Je le supplie du regard de m'excuser de ce manque de politesse.

VOUS LISEZ
H&H Crayton
Romance"J'entends les portes de l'ascenseur s'ouvrir et en levant les yeux, mon coeur manque un battement. L'homme qui en sort n'a rien à voir avec le Monsieur Crayton que je connais, le sexagénaire de renom. Cet homme est grand et porte un costume bleu ma...