Chapitre IX

6.4K 622 129
                                    

J'appuie sur la touche de l'interphone, et le brouhaha de la ville s'y engouffre.

- Il est vingt heures !

- Oui, j'arrive tout de suite !

Il est là, mon beau sauveur est arrivé, et cette réflexion interne me vole un sourire amusé. Je descends, et je peux voir Matthew devant la porte, appuyé sur sa Maserati ; l'entrée de l'immeuble a des vitres avec un effet miroir, je peux donc l'admirer à ma guise sans craindre d'être vue. Il est toujours aussi beau, dans son jean noir et son tee-shirt gris qui lui donne un air négligemment chic. Son aura dégage de l'assurance et beaucoup de provocation. Je vois ses yeux bleus perçants fixer l'entrée, attendant que je la franchisse.

Des jeunes et jolies jeunes filles passent près de lui, le dévisageant en gloussant dans leur coin tout en lui adressant des regards langoureux et d'immondes sourires charmeurs. Ce genre de personnes m'agace terriblement ! Il suffit qu'un mec mignon soit appuyé contre une voiture de luxe, et voilà que toutes sortes de pouliches des circuits aussi vénales les unes que les autres rappliquent. Je sens une pointe de jalousie naitre en moi, face à ce tableau. Qui leur a demandé de charmer mon Matthew ? À dire vrai, il n'est pas vraiment « mon » Matthew ... Lorsqu'il les voit, il lève les yeux au ciel en soufflant, visiblement agacé par le comportement enfantin de ces bimbos aux jambes interminables. Tout du moins, j'espère que c'est la raison ? Je me mets à envisager un tout autre scénario qui me sert le coeur : et si son soupir signifiait plutôt qu'il était déçu de passer la soirée avec moi alors qu'il pourrait être avec des filles comme elles ? L'espace d'un bref instant, j'envisage de rebrousser chemin et de me cacher dans mon appartement, mais le regard perçant qu'il repose sur les portes de l'immeuble me laisse comprendre que c'est ma première hypothèse qui est la bonne. Intérieurement, et même si je sais que c'est puéril, je veux montrer à ces filles qu'elles n'ont aucune chance, et que Matthew est une chasse gardée.

Je pousse la porte de l'entrée, et le visage de Matthew change d'expression, sa bouche s'entrouvre légèrement, et ses pupilles se dilatent pendant qu'il humidifie sa lèvre inférieure. En cet instant, il me fait penser à un lion majestueux et redoutable prêt à bondir sur sa proie. Je remercie Laura en mon fort intérieur, c'est grâce à elle si je peux lui faire cet effet, et encore, j'avais trouvé qu'elle avait poussé le bouchon un peu loin en me forçant à prendre un ensemble de sous-vêtements bordeaux en dentelle avec la jarretière assortie et les bas auto-fixants outrageusement sexy chez Victoria's Secret, mais à présent cela ne me semblait pas de trop. Je me sens mise à nue face à ses iris bleus me dévorant, et j'ai l'impression que le noeud qui tient l'arrière de la culotte s'est dénoué tout seul au même moment, comme si Matthew pouvait me déshabiller par la pensée. Un jour, dans un livre, j'ai pu lire « Super pouvoir de ma culotte »*, cela m'avait fait beaucoup rire, mais peut-être que finalement cela pouvait être possible ? Dans ces conditions, j'en appel aux pouvoirs de mon ensemble sexy pour me donner le courage de continuer d'avancer jusqu'à lui sans faillir. Sa beauté est si impressionnante que je ne peux détacher mon regard de lui ; de ses yeux, de ses lèvres dont l'atypicité me séduit toujours autant, de ses muscles parfaitement dessinés ou encore de ses tatouages révélés sur ses bras. Mais je relève la tête, je dois donner une leçon de vie aux pimbêches qui n'ont pas raté une miette de mon entrée fracassante, et montrer à Matthew que je ne manque pas d'assurance. J'avance dans sa direction, en prenant soin de faire chalouper mes hanches comme il se doit pour attirer son attention. Matthew met quelques instants à se ressaisir avant de m'ouvrir la portière pour me laisser prendre place à l'intérieur du bolide tout en me susurrant un « Princesse ... ». Avant que la portière ne se referme sur moi, j'en profite pour jeter un regard glacial et conquérant sur les croqueuses de diamants qui faisaient les yeux doux à Matthew, et je constate qu'elles sont livides, aussi blanche que des cadavres et certainement dans un état de décomposition avancé. Je me retiens de les achever en leur adressant un geste de la main quelque peu inapproprié qui trancherait nettement avec la vision que je venais d'offrir à Matthew. Néanmoins, je jubile intérieurement, je vois ma conscience faire des bonds et les narguer comme une enfant.

H&H CraytonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant