Léona

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Enfin libre! Je venais de finir de ranger le peu d'affaire que j'avais emporté. Des fringues, des chaussures, mes papiers les plus importants. Je regardais avec plaisir les toiles neuves et le matériel que j'avais acheté en route. Je pourrai peindre et pourquoi pas, avoir ma propre galerie pour les exposer.

A l'heure qu'il est, mon père devait être furieux de ma disparition...

Putain de connard!

Il y a une semaine, le jour de mes 25 ans, j'avais reçus l'appel de l'avocat de mon grand-père paternel. J'avais beau ne jamais l'avoir connue, il m'avait légué près de deux millions de dollars. Malheureusement mon père pensait qu'il serait l'héritier et me vouait désormais une haine incroyable car pour lui, je lui avais volé son héritage.

Ma mère, en bonne femme soumise à son mari, ne m'avait absolument pas défendu. Il y avait eu des insultes et des gifles. Des privations de nourritures. J'étais resté à ma place, comme la bonne fille qu'il voulait que je sois, bridant mon caractère pour le contenter. Mais quand le harcèlement pour que je signe les satanés documents qui lui lèguerait mon héritage avait vraiment commencé, j'en avait eu plus que marre. Je ne voulais plus subir sans rien faire, j'avais donc décidé de partir.

Grâce à internet j'avais pu louer très rapidement un appartement à un vieux demi-métamorphe tigre-garou. À la faveur de la nuit, j'étais partie avec le strict minimum.

Heureusement que mon père croyait dur comme fer que je ne m'opposerais jamais à lui...

Il n'avait jamais imaginé que je puisse m'enfuir et du coup, ne m'avait pas pris mes clés de voiture.

Aujourd'hui, j'espérais juste qu'il ne me retrouverait pas. Je n'avais aucune attache à Portland donc j'ai supposé qu'il penserait sûrement que j'irais vers Seattle, où vivait l'une de mes tantes, à l'opposé de ma position actuelle. Et pour mes peintures... je pouvais peindre sous un faux nom.

Aujourd'hui, je pouvais enfin laisser exprimer mon caractère, jurer, envoyer chier qui je voulais sans avoir à rendre des comptes à ma saleté de paternel.

Putain ce que ça fait du bien de se sentir libre!

Ouvrant l'application Google de mon portable, je cherchai un tatoueur. Cela faisait des années que je m'intéressais à cet art et près d'un an que je travaillais sur la symbolique d'un dessin de tatouage. Je n'étais jamais passé à l'acte car mon père trouvait ça horrible indigne d'une jeune femme bien éduqué. J'avais donc hâte de faire cette première marque indélébile, signe de ma complète liberté.

_ Tiens donc... The Inkwell, murmurais-je, appréciant le nom du salon sur ma langue.

Je notai l'adresse dans les notes de mon tel et allai chercher la pochette contenant mon croquis avant d'enfiler mes derbies en cuir camel. Je me regardai dans le miroir histoire de vérifier que mes cheveux bouclé était un minimum ordonné puis filai à pied vers le salon de tatouage.

Mon quartier, principalement des entrepôts, était assez calme pour que je peigne sans que des crétins viennent gueuler à tout bout de champ dans ma rue, ce qui m'avait décidé dans mon choix de location. En plus de l'espace énorme, près de 700 mètres carré divisé en un petit espace à vivre et le reste qui me servirait à accumuler les toiles. Et du proprio super sympa tant qu'on lui payait son loyer. 

Vingt minutes j'étais devant The Inkwell. C'était une espèce d'entrepôt transformé, avec une façade simple et classe. Tout était noir, avec juste le nom du salon en écriture gothique couleur bronze doré. Je respirai un bon coup puis poussais la porte.

The Real Men Tome 1: CallumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant