Chapitre 11 : L'oiseau-messager

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Aleksane

Le déjeuner s'était passé dans un silence quelque peu gêné.

Le Chevalier Ekhan ne semblait pas encore m'avoir pardonnée de lui avoir dissimulé le fait que je n'avais jamais chassé de ma vie. Pour ma part, je devais avouer que la matinée m'avait bien épuisée et je somnolais sur ma chaise en tâchant d'avaler une infusion d'écorce de saule blanc. Beurk, même avec du miel le goût n'était pas terrible ! Le fait de posséder la Magie de Guérison m'avait permis de soigner les petits bobos inhérents à mon aventure de ce matin, mais j'en sentais toujours les courbatures et les douleurs, d'où l'écorce de saule pour essayer de les soulager.

Je soufflais distraitement sur le liquide brûlant avant de me rendre compte que le Chevalier m'avait adressé la parole :

« - Pardon, vous avez dit ? »

Il secoua doucement la tête comme il me prenait la tasse des mains :

« - Vous vous endormez littéralement sur votre chaise. »

Je me redressai d'un bond et essayai de faire bonne figure :

« - Je suis désolée, Chevalier, « tentai-je de m'excuser en repoussant ma chaise pour me lever. « Je vais débarrasser et aller faire la vaisselle.

- Laissez-tomber cela pour le moment. » Je le regardai sans comprendre. Cela était l'une de mes tâches pourtant. « Allez vous reposer une heure dans votre chambre, Leks. Ensuite, vous me retrouverez dans la prairie, là où je m'entrainais ce matin. Vous apporterez vos propres armes : je veux évaluer ce que vous valez au combat. »

Je le regardai, un peu désespérée. J'étais fatiguée, j'avais mal partout et il voulait qu'on s'entraîne au combat tout à l'heure ?! Il était insensible ou quoi ma parole !

« - Vous êtes encore là ? » m'admonesta-t-il comme je n'avais pas bougé de ma chaise. « Dehors ! »

Je me levai délicatement en grimaçant et me dirigeai lentement hors de la salle commune. J'en profitai quand même au passage pour récupérer dans un seau de la cuisine la tunique que je portais ce matin et que j'avais mise à tremper en rentrant. Parfait, les taches avaient disparu et vu la chaleur de cette journée d'été, elle sécherait bien vite. J'allais vite suspendre mon vêtement dehors sur le fil prévu à cet effet.

Je revins à l'intérieur et poussai avec félicité la porte de ma petite chambre avant de m'affaler sur le lit. Je voulais juste me reposer un instant, rester allongée à récupérer doucement, surtout ne pas m'endormir... ne pas m'endor...

Je ronflais comme un beau diable dans la minute suivante !

Ce fut un léger grattement à ma fenêtre qui me réveilla lentement : scritchhh, scritchhh... Quel bruit désagréable ! Je me saisis de mon oreiller pour m'en recouvrir la tête et faire abstraction de cette horreur phonique.

« - Dis-donc, petit... » La voix de Stark s'insinua dans mon esprit : « Tu ferais mieux de te réveiller si tu ne veux pas arriver en retard. »

En retard ? En retard pour quoi ?

Je me redressai d'un bond en me rappelant les paroles du Chevalier tout à l'heure. Bon sang, l'entraînement !!!

Je me retournai vers la fenêtre où était positionné à l'extérieur le dragonnet. C'était lui qui avait fait ce drôle de bruit en faisant courir ses griffes le long du carreau.

Je me penchai pour lui ouvrir :

« - Mince, ça fait déjà une heure ? »

Satisfait d'avoir pu attirer mon attention, il se positionna plus confortablement sur le rebord de la fenêtre, replia ses ailes... et me regarda m'activer !

Chevalier & Page : Le Buveur de MagieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant