La drôle histoire d'une colocation | NaiadFreedom

Our place | 4

Le ciel précédemment lumineux de bleu, était à présent recouvert de nuages duveteux et gris. La météo se faisait soudain bien capricieuse. Un détail qui n'échappa pas à Rose. Elle poursuivit néanmoins son chemin, talonnant de près Freddy. Au cours de leur marche, elle s'était résolu à ramener la capuche de son sweat sur son crâne pour s'éviter une grippe. Devant elle, la silhouette du brun continuait d'avancer, tête baissée. Il avait à peine ouvert la bouche, osant tout juste se retourner pour vérifier qu'elle le suivait toujours. 

- Freddy, on est bientôt arrivé ?

Le jeune homme orienta son regard vers sa colocataire, tremblante jusqu'aux membres. Un pointe du culpabilité l'étreignit. Il ne pouvait pas se contenter d'avancer et la laisser suivre tant bien que mal, ignorant tout simplement sa présence. Le brun se stoppa dans son avancée pour retirer sa veste et la poser sur les épaules de Rose. Cette dernière arqua les sourcils. D'abord déroutée que Freddy lui prête une quelconque attention et puis, qu'il ose se dénuder de ce temps-là.

- Fred, tu vas attraper la mort !, le sermonna t'elle.

- On y est presque, tiens bon, je sais que la météo ne nous est pas favorable mais je peux t'assurer que le résultat en vaut le coup !

Elle hocha la tête, néanmoins peu convaincue par les paroles de son colocataire. Les deux jeunes reprirent leur marche silencieuse, au milieu des hautes herbes et des épis de blé. La pluie commença à se déverser, goutte par goutte. Rose resserra les pans de sa capuche, disparaissant sous la masse de ses cheveux en bataille. Un geste qui occulta la partie sud de son champ de vision. Elle ne vit pas la chute arriver. Son pied tapa dans une pierre, lui faisant perdre tout équilibre. L'étudiante tomba à plat ventre contre le sol terreux. 

- Rose ! Est-ce que ça va ?!, paniqua Freddy, se précipitant vers elle.

Pour seule réponse, il obtint l'écho des éclats de rire de la jeune fille qui ne mit pas longtemps à se redresser. Elle épousseta ses genoux, au bord des larmes. C'était fréquent chez elle les fous rire nerveux. Seulement, sous ses airs hilare, se cachait une bombe à retardement. Ces crises nerveuses n'intervenaient qu'en cas extrême. Et, progressivement, les rires cédèrent aux sanglots. Dans cette plaine, eu milieu de nul part, seuls les pleurs déchirant de Rose résonnaient dans le silence. 

- Eh Rose ! Tu t'es fais si mal que ça ?

Freddy la prit par les épaules, tentant en vain de croiser son regard pour le déchiffrer. L'étudiante passa une main tremblante dans ses cheveux découverts de sa capuche. Les larmes formaient un sillon le long de ses joues rebondis. 

- Bon sang, qu'est-ce que je suis pathétique ! Regarde-moi, je pète un plomb en pleine cambrousse, devant toi alors que tu es bien la dernière personne devant qui j'ai envie de craquer et pour parachever le tout, mon père ne veut plus entendre parler de moi et je vais peut être perdre ma place à l'université ! Mais qu'est-ce qui tourne pas rond chez moi ?!

Le jeune homme se sentait perdu, seul capable de l'aider en cet instant. Leur relation devenait ambiguë. La veille ils étaient sur le point de s'étriper et voilà qu'ils se retrouvaient pratiquement dans les bras l'un de l'autre à se consoler. Lorsqu'il y pensait, Freddy se rendait compte qu'il n'avait jamais vu Natalia pleurer. Il en avait versé des larmes pour elle. Mais jamais une seule n'avait coulé ne serait-ce qu'une fois le long de ses joues. 

- On se connait à peine toi et moi, pourtant je peux t'assurer qu'il n'y a rien qui cloche chez toi..., commença t'il. Les conflits de famille ça n'a jamais été facile pour personne alors combinés à des problèmes professionnels, je pense que c'est trop pour une seule personne... T'as parfaitement le droit de craquer, c'est humain après tout. Et puis, cette petite guerre entre nous a assez duré... On ne peut pas continuer à cohabiter entre les mêmes murs si tout ce qu'on veut c'est s'étriper.