La drôle histoire d'une colocation | NaiadFreedom

Everything has changed | 10

Le lendemain matin, lorsque Rose se réveilla aux environs de neuf heures, Freddy et Dean n'étaient pas présents dans l'appartement. Le premier devait remplacer un ami au bar pour le service de jour et le second assistait à ses cours de la matinée. Les albums rock du blond résonnaient depuis sa chambre malgré son absence. Il lui arrivait régulièrement de les oublier au moment de partir à l'université. La jeune fille s'extraya de sous sa couette, laissant le froid piquer sa peau. Le silence qui régnait dans l'appartement lui provoquait des frissons. Pas une seule journée depuis son arrivée ne s'était écoulée sans qu'un des garçons ne soit présent. Elle inséra un disque dans la chaine hi-fi et attendit que la voix des Arctic Monkeys se propagent dans toute la pièce. Ses pieds la portèrent ensuite vers la deuxième étape de la matinée. Elle attrapa un mug dans le placard et se prépara un chocolat chaud, agissant avec minutie. 

Alors qu'elle patientait, un bol de céréales sur le bar de la cuisine, son regard se posa sur le bureau. Freddy évitait soigneusement de parler de ses écrits. Pourtant, Rose était déterminée à en apprendre plus sur le personnage dont elle se soupçonnait d'en être l'inspiration. Elle jeta un coup d'oeil malicieux en direction de la porte, par pur réflexe. Les garçons ne reviendraient pas avant le début de soirée. Dean devait préparer un projet avec sa bande de copains du campus et Freddy travaillait jusqu'à six heures. 

Rose se faufila jusqu'au bureau du brun. Un bazar monstrueux y était éparpillé. Elle tria les dossiers feuille par feuille, convaincue que peu importe la manière qu'elle adopterait pour fouiller, il le remarquerait immédiatement. Alors, elle s'évertua à disposer les différents papiers avec une organisation irréprochable. Le carnet tant désiré se trouvait d'ailleurs sous l'amas de feuilles. Elle n'hésita pas quant à son contenu lorsqu'elle lut l'inscription sur la couverture. 

"Rose, je t'interdis d'ouvrir ce carnet. Sous aucun prétexte."

C'est avec un sourire satisfait aux lèvres que l'étudiante ouvrit le carnet. Elle y découvrit l'écriture manuscrite de Freddy. Elle retourna s'asseoir au bar de la cuisine et entâma une lecture approfondie, accompagnée de son chocolat chaud et de ses céréales. 

Au fil des pages, elle faisait connaissance avec Gabrielle; une jeune directrice artistique au caractère bien trempé. La jeune femme tombait sous le charme d'un étranger à l'accent italien. Une histoire qui ne correspondait pas du tout à sa relation avec Freddy. Alors qu'elle dévorait les pages du roman avec un grand intérêt, la porte d'entrée s'ouvrit à la volée sur l'auteur. Rose s'étouffa avec ses céréales, refermant en vitesse le carnet qu'elle dissimula sous le haut de son pyjama. Son ami vint tapoter son dos, dans un éclat de rire.

- Je ne savais que j'étais capable de te faire autant d'effet dès le matin !

Elle toussa une dernière fois avant de le frapper à l'épaule. Dans l'esprit de la jeune fille un plan d'échappatoire commençait à se mettre en place. Il lui fallait ranger ses couverts dans l'évier rapidement afin de courir jusqu'à sa chambre. Mais, son comportement n'échappa pas à Freddy qui saisit immédiatement sa tactique. 

- Rose, rends-moi ce carnet...

L'interpelée se mordit la lèvre inférieur, vexée d'avoir été découverte. Elle ne s'avoua pas vaincu pour autant et bondit de son tabouret pour rejoindre au plus vite sa chambre. Malheureusement pour elle le brun la rattrapa avant même qu'elle ne quitte le salon. Leur collision les fit basculer tous les deux contre le parquet. On n'entendit plus la musique diffusait par la chaine hi-fi mais uniquement les éclats de rire tonitruant des deux colocataires. 

- Je t'avais prévenu ! Tu ne devais pas lire ce carnet ! J'ai toléré le coup du paquet de cigarette mais là tu vas trop loin !

Freddy déclara ces paroles sur le ton de la plaisanterie. Pourtant, lorsqu'il baissa le regard sur Rose, il découvrit ses iris perçantes couleur nuit orientées sur son visage. Aucun signe d'amusement ne paraissait sur ses traits. Ses prunelles cherchaient à captiver son attention. Leur proximité n'arrangeait en rien leur situation. Suite à leur chute vertigineuse, le brun se retrouvait à califourchon sur la jeune fille.