Apple tree | 5

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Dès leur retour, Rose s'était attelée à son oeuvre. Elle installa son chevalet dans le salon, y jugeant la luminosité suffisante, puis, se pencha sur sa toile, pinceau en main. De la cuisine, Freddy l'observait, assit au bar, une bière pour compagnie. Les cheveux de sa colocataire étaient à présent regroupés en un chignon désordonné dont les mèches les plus rebelles commençaient déjà à glisser le long de son épaule. Elle plaça la photographie choisit comme modèle officiel au coin du chevalet et empoigna sa palette pour commencer son projet artistique. Ses lèvres se pinçait de temps à autre, marquant son intense concentration. Sous les yeux fascinés du brun, le cliché prit précédemment dans la prairie reprenait vie en peinture. Au fil des coups de pinceau et des courbes, un paysage reposant et lumineux prenait forme. Les derniers rayons du soleil crépusculaire s'immisçait dans les traits détendus de l'étudiante. 

Freddy s'accouda au bar, détaillant cette scène inédite sous toutes les coutures. Un silence de plomb flottait entre les deux colocataires, sans devenir pesant: simplement reposant. Il avala une gorgée de sa bière pour se donner une certaine constance. Au début, les minutes semblèrent s'écouler avec une aisance improbable. Mais, plus Rose s'attardait sur des détails même infime et plus la patience du brun arrivait à terme. Il jetait des regards soucieux à la pendule de la cuisine. Aux environs de dix-neuf heures, Dean pénétra dans l'appartement, la mine exténuée. 

- Rose, j'ai appris pour ton temps supplémentaire accordé par Mr Fitz ! Alors où en est ton projet ?

La concernée détourna son attention de son travail pour la focaliser sur le nouvel arrivant. Un mince sourire étira les lèvres rosées de la jeune fille qui désigna Freddy d'un geste de la tête. 

- J'ai enfin trouvé l'inspiration ! C'est grâce à Freddy, d'ailleurs !, répondit-elle.

Dean écarquilla les yeux, désarçonné par cette nouvelle. Il reprit tout de même contenance face à ses amis et se contenta d'accrocher sa veste en cuir au porte-manteau avant de se jeter dans un questionnement à l'intention des deux autres colocataires. 

- Et, depuis quand vous arrivez à vous supporter tous les deux ?, osa t'il demander.

- Si tu préfères on peut mettre un terme à cette bonne entente immédiatement, je pourrais commencer par jeter le tableau de Rose par la fenêtre, qu'est-ce que t'en pense ?, blagua Freddy.

Le blond rejoignit son meilleur ami dans la cuisine et s'assit à ses côtés pour examiner l'oeuvre de l'étudiante. Après plusieurs heures de travail acharné et de peinture renversée sur son pull, Rose plongea son pinceau dans un verre d'eau et après un soupire de soulagement, se décala pour laisser une libre vision de son chef d'oeuvre à ses camarades. Elle s'essuya le front, emplit de fatigue, toujours dans l'attente d'une réponse. 

- Alors, qu'est-ce que vous en dîtes ?, s'impatienta t'elle.

Freddy et Dean avaient reposé leur bière respective pour fixer avec des yeux ronds comme des billes la toile qui leur faisait face. Lasse de ce silence, Rose libéra ses cheveux et s'avachit dans le canapé, tournant soigneusement le dos aux deux amis. Des pas résonnèrent contre le parquet alors que Freddy vint se planter devant le chevalet, presque subjugué. La jeune fille haussa un sourcil, dubitative. 

- Tu peux me le dire si c'est pas terrible ou même complètement terrible, mais dis quelque chose au moins, le supplia t'elle. 

Il sortit de sa léthargie pour plonger ses yeux dans ceux de sa colocataire. Elle n'osait pas se l'avouer, tout simplement parce que cela lui paraissait inconcevable. Mais, de l'admiration perçait dans les prunelles brillantes du brun. Se fut alors à son tour de se retrouver à court de mots. 

La drôle histoire d'une colocation | NaiadFreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant