We belong to this place | 11

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Ils étaient tous deux dans la voiture du jeune homme à échanger des questions banales. Cet échange ressemblait fortement au premier, les menant au même endroit. La musique diffusait par la radio emplissait l'habitacle du véhicule. Un vent de liberté soufflait entre eux, alors qu'ils s'aventuraient vers de nouvelles émotions; ensemble. Freddy jeta un rapide coup d'oeil vers la jeune fille qui fit semblant de ne pas le remarquer. 

- Et pour l'université, qu'est-ce que tu comptes faire ?

- J'ai dix-neuf ans, les opportunités ne manquent pas, d'autant plus que je dois régler ce conflit avec mon père avant qu'il ne devienne irrémédiable.

Il hocha la tête, comprenant parfaitement les intentions de Rose. Il ne doutait pas qu'elle parviendrait rapidement à résoudre non seulement son égarement d'orientation mais aussi son problème familial. 

- On y est, enfile ton sweat, le vent souffle fort, lui conseilla-t-il.

Ils quittèrent le véhicule pour s'engager dans les broussailles. Le brun avait vu juste en prévoyant des bourrasques de vent. L'air n'était pourtant pas frais, bien au contraire. Il ne fallait pas grand chose pour voir apparaitre une éclaircie. Freddy espérait d'ailleurs qu'une accalmie vienne chasser les nuages gris. La situation reflétait l'exemple de leur premier périple en ces lieux. Le jeune homme avançait en tête, ses pensées tourbillonant dans son esprit. Derrière lui, Rose réfléchissait à tous les événements qui venaient de faire surface dans sa vie, récemment. Tout d'abord, la dispute des garçons, puis l'intervention de son père et enfin la précédente déclaration de Freddy. 

Dans le fond, le silence qui pesait entre eux ne les dérangeait pas. Ils avaient besoin de cette sphère privée qui apparaissait au moment le plus propice. Ils marchèrent ainsi jusqu'au point final de leur ascencion; jusqu'à découvrir le champ de fleurs se profiler en contre-bas de la colline. Sans ajouter un mot, Rose s'assit dans les hautes herbes. Freddy se joignit à elle, liant leur main en passage. 

- Je crois que j'ai su dès notre première visite ici que nos destins étaient liés, avoua-t-il.

- Pas moi, lâcha-t-elle en souriant. Jusqu'à ce que Natalia vienne dîner à l'appartement je ne te portais pas énormément dans mon coeur, je te trouvais égocentrique.

Ils se lancèrent un regard à la fois amusé et complice. Les rayons du soleil percèrent la surface épaisse des nuages. Les deux colocataires se retrouvèrent presque aveuglés par ce revirement de situation météorologique. Rose s'allongea, de manière à laisser sa tête reposer sur les cuisses du  brun. Leurs yeux parvinrent tout de même à capter l'attention de l'autre. 

- C'est quoi ton plus grand rêve, Fred ?

D'abord, il commença par jouer distraitement avec des mèches de cheveux de la jeune fille. Puis, avant d'énoncer sa réponse, il contempla la vallée parsemée de fleurs colorées et sauvages. 

- Louer un van et partir à la découverte d'endroits comme celui-ci, partout dans le monde, en compagnie de la personne qui compte le plus pour moi.

Rose dut admettre que ce rêve lui paraissait un brin démeusuré mais également attirant.

- Et le tien ?, la questionna-t-il à son tour.

- Je ne demande rien de plus qu'une belle et longue vie, répondit-elle avec tout le sérieux du monde.

Elle se redressa et lâcha la main de Freddy pour courir rejoindre le champ fleuri et à présent baigné par les rayons du soleil. Une comptine d'enfance lui revenait en mémoire et, elle s'amusa à la narrer à voix haute, tournant sur elle-même. Pour la première fois, elle sentait qu'elle pouvait s'adonner à des folies; cet endroit ne la jugerait jamais. Alors qu'elle dansait, chantait, revivait, la voix du brn l'interrompit. 

- Je crois que je suis en train de tomber amoureux, Rose !, cria-t-il depuis le sommet de la colline. Je te regarde et je me dis que j'ai jamais rien vu de plus beau, tu es ce que j'ai vu de plus magnifique dans toute ma vie ! T'es comme un joyau qu'on convoite mais qui brille avec tellement d'intensité qu'on ose pas y toucher ! Et, t'as parfaitement raison quand tu parles de mon égocentrisme, parce que j'étais définitivement comme cela avant de te rencontrer ! 

La jeune fille le fixait, figée. On le lui avait encore jamais parlé de la sorte. Personne avant Freddy ne l'avait comparé à un joyau ou ne lui avait crié de telles paroles du haut d'une colline. Il descendit de son perchoir pour la rejoindre au milieu des fleurs sauvages. 

- Depuis que t'es à mes côtés, j'ai changé. Je ne suis plus le même, grâce à tes piques et à ta manière de me remettre en place dès que j'agis de travers. Je pensais qu'il me faudrait du temps pour digérer la trahison de Dean et Natalia ou pour assimiler mes sentiments mais maintenant tout est clair. Je suis en train de tomber amoureux de toi, Rose.

La concernée ne savait pas comment agir face à de telles avances. S'engager dans une histoire telle que celle-ci ne ferait qu'accroitre la liste de ses problèmes. Mais, son coeur lui criait d'agir et de saisir cette histoire pendant qu'il était encore temps. 

- Faut pas que tu t'attendes à ce que je te masse les pieds le soir devant la télévision. Si tu mets des films d'horreur tous les soirs dans le but que je vienne me blottir contre toi, je prendrais le premier coussin venu pour te remplacer. Je cuisine comme un pied mais je suis douée pour le rangement. Je déteste l'odeur de la cigarette mais, si c'est pour toi, alors je crois que pourrai la supporter une fois par jour...

Ses joues rougirent sous le regard amusé du jeune homme.

- Je crois t'envoyer des piques à longueur de journée c'est ma façon de te dire que je tiens à toi. Tu le remarqueras, je suis pathétique lorsqu'il s'agit des déclarations d'amour mais, je veux avoir l'occasion de m'entrainer en t'en énoncer une chaque soir.

Ils venaient de s'avouer leurs sentiments en moins de temps qu'il ne leur en avait fallu pour le réaliser pleinement. Une nouvelle histoire venait de naitre au milieu de ce champ, perdu dans la campagne. Deux êtres se liaient sous la surveillance de mère nature. Et, plus que jamais, ils réalisaient que cet endroit, cet instant restait gravé à jamais dans leur coeur. 

Freddy attira Rose dans le creux de ses bras pour l'embrasser. Un baiser dont la signification prenait tout son sens après leur récent échange de déclarations. 

Leurs vies se liaient à jamais.

La drôle histoire d'une colocation | NaiadFreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant