Epilogue

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- Merde, Freddy, tu vas te décider à m'enlever ce foutu foulard des yeux ?!

- Rose, pourrais-tu faire preuve de patience une fois dans ta vie ?

La jeune femme soupira, trébuchant au passage sur ce qui semblait être une peau de banane. Son summum de l'impatience se révéla alors atteint. 

- Si ta fabuleuse surprise c'est un week-end en amoureux à la décharge municipale, tu pouvais t'éviter cette peine...

Le brun ricana, décidément amusé par l'air grognon adopté par sa petite-amie. Depuis que Rose s'était réconciliée avec ses parents, elle avait fais le choix de se prendre un appartement à quelques rues de celui des garçons. Ainsi, elle pouvait se consacrer pleinement et avec sérieux dans ses études d'histoire. Freddy s'était d'abord montré interloqué par ce choix de reconversion, puis, il avait appris à concéder que la jeune femme ferait une historienne remarquable. 

- Arrête de ronchonner, je te rappelle que la seconde option c'était le déjeuner chez tes parents, la prévint-il. 

- A ce niveau là, c'est toi qui est perdant, déclara-t-elle, avec un sourire malicieux. Ma mère m'a confié qu'elle envisageait de préparer son gâteau au chocolat maison et le poulet aux marrons que tu adores.

Freddy esquissa une grimace qui n'échappa pas à Rose, bien que sa vision lui soit ocultée. Il avait fallu du temps pour les parents de la jeune femme parviennent à accepter sa relation avec son colocataire. Mais, au fil des jours, ils avaient appris à se connaitre et, le père de Rose avait même reconnu une profonde soif de savoir chez le jeune homme. C'est d'ailleurs ainsi qu'il en était venut à lui proposer un poste pour une durée indéterminée dans une maison d'édition; tenue par un de ses amis. 

- Tu es fourbe, Rose et cruelle aussi, feint-il de lui en vouloir.

Le brun ralentit la cadence et l'étudiante sentit qu'ils y étaient. Les mains chaudes de son petit-ami défairent le noeud du foulard. Le tissu glissa contre sa joue avant de laisser libre vue à son champ de vision. Et, Rose dut retenir un cri tant la surprise était immense. Le couple se tenait debout, face au mur le plus médiatisé de la ville. La municipalité désirait le démollir pour inciter les délinquants à ne plus le taguer. Mais, par l'intermédiaire d'un proche, Freddy était parvenu à un tout autre accord; avec le maire en personne. 

- Mon dieu, Freddy, mais... c'est.... splendide !

Rose posa une main sur sa bouche, bouleversée par un trop plein d'émotions. Sur le mur était peint en format géant, sa peinture de Freddy, dans le champ de fleurs sauvages. Celui qui lui avait ouvert les portes de la seconde année en art. Une porte qu'elle avait refermé; sans pour autant tourner le dos à sa passion. 

- Grâce à Dean j'ai réussi à convaincre le maire de conserver le mur, en y installant une reproduction de ta peinture; en signe de paix, expliqua Freddy.

Certaines pièces du puzzle s'assemblèrent dans l'esprit de la jeune femme qui orienta son regard déjà embué de larmes vers son petit-ami. Un large sourire s'inscrit sur leurs deux visages; dans une parfaite synchronisation. 

- Alors, ça y est ? Vous vous êtes réconciliés ?, osa-t-elle demander.

Freddy hocha la tête et ouvrit les bras juste à temps pour y réceptionner Rose. Elle s'empressa de l'embrasser, lui transmettant tout son amour et tout son bonheur. Lorsque le baiser prit fin, ils collèrent leurs fronts et plongèrent leurs regards l'un dans l'autre. 

- Heureuse ?, s'enquit-il.

- Mille fois plus que pour la décharge municipale, murmurra-t-elle.

Leurs éclats de rire se mêlèrent et, avant qu'elle n'ajoute une réplique de plus, il lui montra un pot de peinture et un pinceau, au pied du mur. 

- Il ne te reste plus qu'à signer ton oeuvre, Angie.

La jeune femme sourit, radieuse, à la simple entente de son surnom et ne se fit pas prier pour rejoindre le pot de peinture. Freddy aimait l'appeler Angie. D'abord, parce qu'elle refusait catégoriquement tout surnom dégoulinant tel que "mon amour" ou "mon ange". Alors, pour remplacer ce deuxième petit nom, il avait inventé Angie. Cette fille parvenait à lui donner des ailes, à le combler mais également le faire sortir de ses gongs. Et, après tout, n'était-ce pas cela l'Amour ? 

Une fois que Rose eut fini de signer le mur, elle combla la distance qui les séparait et entremêla ses doigts à ceux de Freddy. Elle afficha un sourire en coin et commença à se balancer d'avant en arrière sur ses pieds. 

- Bien à moi d'annoncer ma surprise, souffla-t-elle au bord de l'exitement. 

Le jeune homme arqua les sourcils, il ne s'attendait pas le moins du monde à recevoir une surprise de la part de la jeune femme. Elle sortit une enveloppe de la poche arrière de son jean et la lui tendit. 

- Joyeuse St Valentin, Fred.

Freddy contempla l'enveloppe, ignorant totalement ce qu'elle pouvait contenir. Sous l'incitation de sa petite-amie il s'empressa de l'ouvrir et de dévorer les lignes de la lettre qu'il découvrit. Une fois sa lecture achevée, il releva le visage, les yeux écarquillés.

- C'est une blague ?, lâcha-t-il bêtement.

- Non, Fred, c'est bien réel, bientôt le monde entier connaitra l'histoire de Gabrielle, le rassura-t-elle, avec fierté. 

Le jeune homme poussa un cri de joie puis prit Rose dans ses bras pour la faire virevolter dans les airs. Son roman allait être publié par la maison d'édition dans laquelle il travaillait. Et, le fait que la personne qui le lui annonce soit la femme qu'il aime, rendait la chose d'autant plus merveilleuse. Cette dernière caressa sa joue et lui offrit un large sourire amoureux et comblé. 

- L'avenir s'ouvre devant nous, et, je te promets que tant que nous serons à deux pour l'affronter, plus rien ne pourra nous freiner dans nos ambitions, Fred, lui promit-elle.

La drôle histoire d'une colocation | NaiadFreedomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant