À Anna...

Anna

Anna ! Ô ma tendre Anna !

Tu ne me connais pas, non,
Et le contraire est aussi valable.
Pourtant, Ô Anna, ma tendre Anna !
Dieu que je t'aime...

Je ne t'enverrai pas ces lettres, Anna.
Non, j'ai bien trop peur de te perdre, Anna.
Si jamais tu étais effrayée en les recevant, et que tu décidais de m'interdire de te voir...
Ô Anna, ma tendre Anna !
Que deviendrais-je ?

Mon cœur ? Brisé en morceaux épars, si nombreux qu'on ne pourrait les compter.
Mon âme ? Sauvagement déchirée, éparpillée aux quarte vents, condamnée à errer pour toujours dans les méandres obscurs du malheur et de la folie humaine.
Mon corps ? Une coquille vide, vide d'émotions, de sentiments, de joie, de peine, de colère, de vie.

Mais cela, ma tendre Anna, ne serait rien en comparaison de ne plus pouvoir voir tes yeux.
Ah, tes yeux, ma tendre Anna, mon aimée...
Deux océans dans lesquels je me noie avec plaisir, deux brasiers qui me réduisent en cendres et me font renaître, tel un phénix, chaque seconde, deux tempêtes, deux ouragans, qui m'élèvent plus haut que la hauteur même !
Mais Dieu que la chute est dure...

Anna, ma tendre Anna, je pourrais parler de tes yeux des heures, les décrire de mille façons différentes, sous tous les angles possibles, à tous les moments de ta vie, que je ne serais toujours pas parvenu à transposer toute leur âme, leur poésie, leur perfection...

Anna, Ô ma tendre Anna... Ma vie, ma mort, mon bourreau, mon sauveur, mon amie proche, mon étrangère, ma folie, ma raison, mon fardeau et la plus belle chose qui me soit arrivée depuis ma naissance et bien avant.
Tu es tout cela et tant d'autres choses à la fois, ma tendre Anna.
Mais tu l'ignores encore, et je reste seul, seul avec toi.

Je dois poser ma plume, ma tendre Anna.
Je n'ai pas encore fini d'écrire, et tu me manques déjà.
Tu ne recevras pas cette lettre, mais je ne peux m'empêcher d'attendre et d'espérer tout de même une réponse...
Vois à quel point tu me rends pathétique, ma tendre Anna

Avec tout mon cœur et plus encore,

Ton si dévoué,