Chapitre 21

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Harry passa le reste de la journée à errer dans les couloirs, discutant avec les professeurs, les élèves, les fantômes. C'était vendredi soir et franchement, il n'y avait pas grand-chose à faire pour se distraire.

- Monsieur Potter !

Harry se retourna et vit McGonagall s'avancer d'un pas rapide vers lui.

- Oui, professeur ?

- Vous vous ennuyez ?

- Heu... Pourquoi ?

- Le professeur Lorne organise un jeu dans le parc, avec les élèves. Elle souhaiterait que vous y participiez pour le corser un peu...

- Le « corser » ?

- Venez donc, suivez-moi, elle va vous expliquer.

Harry accompagna la femme jusque dans le parc du château et vit que des dizaines d'élèves étaient massés autour d'un large espace aménagé en une sorte d'enclos fait avec des grosses poutres, des troncs d'arbres en fait...

- Professeur Lorne ! Le voilà ! s'exclama McGonagall en se hâtant vers le professeur.

Elle s'arrêta à la barrière et Lorne fit signe à Harry de passer dessous. Il obéit et rejoignit la femme blonde.

- J'ai décidé d'organiser un petit jeu pour détendre les élèves en fin de semaine, monsieur Potter, dit-elle avec un sourire qui n'annonçait rien de bon. Et puisque que vous semblez vous ennuyer à user les tapis des couloirs, vous aller participer...

- Professeur ! Ce n'est pas du jeu ! protesta soudain une fille de Serpentard. Il est bien plus fort et rapide que nous !

- Ah, mais ce ne sera pas un concurrent ! répliqua Lorne avec un sourire. Ce sera... la proie.

- Quoi ?! glapit Harry. Professeur !

- Allons, allons, vous ne craignez absolument rien. Vous ne vous laisserez pas attraper n'est-ce pas ?

- Mais que... Et si vous m'expliquiez le but du jeu ?

Lorne pointa sa baguette magique sur le brun et son cou massif se ceintura d'un ruban portant les couleurs des quatre maisons, vert, bleu, jaune et rouge.

- Six élèves de chaque maison, toutes années confondues, ont été tirés au sort par magie. Ils devront essayer de vous chiper ce foulard. La maison qui y parviendra remportera deux cent points pour son sablier et une heure de couvre-feu en plus pour le week-end, c'est-à-dire ce soir et demain soir. Tous les coups sont permis, sauf la magie bien entendu. N'est-ce pas les enfants ? Interdiction de saucissonner Monsieur Potter, de le Stupéfixer ou je ne sais quoi d'autre ! Quant à vous, dit le professeur en se tournant vers Harry. Gardez vos griffes et vos dents pour vous, comprit ?

Harry eut un sourire. Finalement, ce jeu allait bien l'amuser, capable qu'il était de courir à quatre pattes et de grimper aux arbres...

- Aller monsieur Potter, mettez-vous là-bas, dit alors Lorne. Les enfants, à l'autre bout.

L'enclos mesurait environ vingt mètres de diamètre. Son sol était inégal, parsemé de grosses touffes d'herbe et de trous, et les barrières qui l'entouraient hautes d'environ deux mètres. Les élèves qui y étaient perchés étaient agrippés aux troncs à l'aide de leurs bras tellement ils étaient épais.

Soudain, grimpant sur une barrière, Lorne brandit un chronomètre et aboya :

- Prêt ? Cinq, quatre, trois, deux, un... Partez !

Les cris des élèves encourageant leur maison s'élevèrent alors dans une explosion qui vrilla les pauvres oreilles sensibles d'Harry. Il resta cependant un minimum concentré et, laissant approcher les enfants, il les défia en montrant les dents.

- Aller venez ! fit-il, joueur.

Il agita sa longue queue et soudain, ce fut une mêlée de rugby hurlante qui lui fonça dessus. En un rien de temps il sauta sur les barrières en y plantant solidement ses griffes. Des éclats de bois plurent sur les élèves dessous et les autres chargés de lui piquer sa ceinture protestèrent.

- J'ai dit que tous les coups étaient permis, dit Lorne avec un sourire.

Harry tira la langue à la Serdaigle qui avait protesté puis il sauta au centre de l'enclos et les élèves se déployèrent.


- Je l'ai... pas ! Corne de Dragon !

Le Serpentard s'étala dans la boue après avoir effleuré le ruban du bout des doigts. Il se releva en pestant, maculé de terre. Il s'était jeté sous le ventre de Harry pour lui subtiliser le foulard mais le Gryffondor avait lui bondit agilement par-dessus en l'inondant de brins d'herbe.

- C'est une vraie sauterelle ! s'exclama un Gryffondor, rouge d'effort, appuyant deux doigts dans son côté.

- Aller, dit Harry. Vous fatiguez déjà ?

- Jamais ! rugirent les enfants.

Les autres sur les rondins hurlaient à qui mieux mieux en donnant des directives à leurs amis ou des coups de pouce mais Harry parvenait à se faufiler parfois entre deux élèves sans même les bousculer.

- Pas de magie Potter ! aboya soudain McGonagall.

Harry la regarda mais ce moment d'inattention permit à un Serdaigle de lui sauter le dos. Tel un taureau, Harry rua. Le garçon fit un vol plané et atterrit dans les bras d'un Serpentard de septième année qui le reposa aussitôt avec un regard de défi. Harry sut aussitôt que les deux garçons venaient de décider de se venger.


À la nuit tombante, le jeu n'avait toujours pas trouvé de gagnant, mais Harry, comme les élèves, fatiguait. Évitant un Serdaigle qui tenta de lui saisit une patte, il ne vit pas le Serpentard lui choper la queue et de ce fait le déséquilibrer. Le Gryffondor tomba alors lourdement sur le flanc et en un rien de temps, tous les élèves l'immobilisèrent. Un Serpentard lui retira le foulard puis le brandit très haut et sa maison rugit de joie. Le gamin poussa même le vice jusqu'à poser un pied sur le flanc de Harry, comme un chasseur ayant enfin triomphé d'une proie coriace...

- Aller, laissez-le respirer, dit Lorne en s'approchant, dispersant les élèves. Bravo monsieur Potter, vous vous êtes bien défendu.

- Je plains celui qui fait le rôle de la proie en temps normaux... geignit Harry en se relevant.

Il se secoua, envoya de la terre et de l'herbe partout et Lorne dit :

- Bravo Serpentard ! Vous êtes bien battus les enfants !

- Aller toute le monde file dîner maintenant ! dit McGonagall.

L'enclos en bois disparut, le sol fut remis d'aplomb et les élèves, parlant joyeusement entre eux, rentrèrent dans le château. Harry resta avec les professeurs qui cheminèrent plus lentement :

- En temps normal, c'est un professeur qui joue le rôle de la proie, dit Lorne avec un sourire.

- Vraiment ? dit Harry, surpris. Poudlard a bien changé depuis que j'y suis allé...

- Oh mais seuls les professeurs volontaires jouent, dit McGonagall en plissant le nez. Ainsi que ceux qui ne sont pas trop délabrés...

Harry regarda la vieille femme puis il pouffa et secoua la tête en disant :

- Je suis un peu sonné...

- Allez vous reposer, vous êtes un très bon adversaire, dit Lorne.

- C'était très amusant, cela m'a permis de faire un peu de sport, répondit Harry.

Elle le gratifia d'une caresse sur la tête puis ils s'éloignèrent tous vers la Grande Salle et Harry bifurqua vers les cachots.

✔️ Je suis un Monstre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant