Pirates des Caraïbes : Sparrow's Flight

L'Albatros

Jack regarda son père une dernière fois avant que celui-ci ne quittasse leur habitation : un amoncellement improbable de coques de navires, à l'image de tout Shipwreck Cove, la Baie des Naufragés. Lui devrait, comme d'habitude, rejoindre une vieille russe, Baba Yaga, pour l'aider dans ses tâches quotidiennes.

L'enfant n'avait que peu de souvenirs. Il ne parvenait pas à se rappeler pourquoi son père avait continuellement cet air froid et désabusé. Ce n'était pas un visage à montrer à un enfant avait grondé la vieille, encore moins à un enfant aussi jeune que lui.

Le jeune moineau ne comprenait pas cette attitude mais sentait que cela avait un rapport avec sa mère. Il ne l'avait jamais connue évidemment mais avait brièvement aperçu quelques fois une tête réduite vaudou que son père sortait lorsqu'il se pensait seul et qu'il regardait tristement.

Jack en avait également vaguement observé le portait, tatoué dans le dos d'Edward Teague. Enfin il supposait que c'était sa mère car quand il avait posé la question de l'identité du visage, son père lui avait répondu tristement.

- Une hirondelle éprise de liberté.

- Papa, c'est une femme ! Pas une hirondelle ! Avait-il répondu.

- C'est comme cela qu'elle s'appelait, d'accord ?

Jack réfléchit un instant.

- Ce que tu dis n'a aucun sens.

Souvent, Teague quittait Shipwreck Cove pendant plusieurs mois et revenait à son fils encore plus sombre qu'avant. Pendant ce temps, l'enfant vivait chez Baba. Il en profitait pour lui poser toutes sortes de questions sur la confrérie, les pirates, le monde et sa mère.

- Baba, est ce que toutes les villes du monde sont comme la notre ?

- Toutes les villes sont différentes, Jack, avait-elle répondu. Singapour n'est pas la Havane qui n'est pas Plymouth. Et surtout, aucune ne sera blottie dans un volcan endormi comme Shipwreck City. C'est pour cela qu'il faut toutes les explorer !

Jack sembla convaincu sur le moment. Cependant, son père ne l'emmenait jamais naviguer et lui avait formellement interdit de quitter la baie. Il commençait bien mal sa carrière d'explorateur.

De nombreuses fois, Jack avait essayé de naviguer avec son père mais celui-ci était soit absent, soit occupé par la Confrérie quand il ne lui grommelait pas une réponse négative.

Ce ne fut qu'après quelques années que Jack commença à prendre conscience des regards détournés et des remarques discrètes à son égard. C'était surtout le cas des pirates adultes en vérité. Il n'y avait que peu d'enfants dans ce repère de hors la loi.

Un jour, son père étant absent, l'enfant flânait dans Shipwreck City. Au port, un groupe de jeunes adolescents volèrent un navire. Jack les vit et menaça de les dénoncer s'ils ne le prenaient pas avec eux. Celui qui semblait avoir eu l'idée le toisa, de ses petites bottes en cuir à ses cheveux emmêlés, rassemblés sous un bandeau bleu ciel, en passant par ses yeux charbonneux et ses frêles épaules. Il lui fit un signe de tête et l'instant d'après, le moineau était sur le pont du navire. Ils n'allèrent pas loin, la proue se coinça entre deux rochers, à l'intérieur du cratère. La grand voile se déchira et la misaine s'arracha.

Les adultes n'eurent aucun mal à récupérer les fugitifs et à les ramener au port sous le regard mécontent du propriétaire.

Les Seigneurs Pirates présents sur l'île à ce moment là, condamnèrent tout le groupe à réparer le navire, seul et sans aide. Le conseil n'était pas gêné de régler ces petites histoires sans importance. Au contraire, c'était signe que l'ensemble de la piraterie se portait bien.

Ce fut quand Teague revint que les choses se ternirent. Quand le pirate l'apprit, il ne se passa rien de particulier, mis à part son air immensément déçu. Puis Edward lui ordonna comme punition de nettoyer tous les ponts des navires qui mouillaient dans le port.

Jamais Jack ne s'était senti aussi humilié. Pourquoi son père était-il ainsi ? Pourquoi il lui refusait l'océan et l'humiliait publiquement ?

En vérité, Jack Sparrow aurait préféré ne jamais savoir.