Ana-Maria

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Jack Sparrow ne ressortit de son habitation que le lendemain matin, après une longue nuit de folie en compagnie de ses deux prostituées préférées.

Le soleil était déjà haut et la chaleur commençait à se faire lourde. L'eau portuaire reflétait un spectacle de désolation. De nombreuses caisses de marchandises gisaient, éventrées, rapidement grignotées par les porcs, les poules et les rats. Certains navires étaient endommagés par les impacts de balles tandis que leurs voiles et leurs mars étaient brisés et déchirés.

C'était donc ça la fameuse "mise à sac de Nassau"...

Jack passa rapidement sa main sur la feuille qu'il gardait auprès de lui, cette lettre qui lui avait trouvé un accolyte parfait s'il suivait les traces de son père. Il comprit deux choses à ce moment là : ils recrutaient vraiment n'importe qui à la Royal Navy et il devait fuir cet endroit le plus vite possible.

Après un rapide tour d'horizon, il aperçut un navire un peu moins abimé que les autres. Évidemment, il fallait que ce fusse un navire de la Navy... Il regarda les deux femmes qui pendaient à ses bras et sourit. Il venait d'avoir une idée brillante...

- Mes chéries... Vous voulez pas allez parler avec ces charmants soldats sur le navire là-bas ?

- Pourquoi on ferait ça Jack ? Demanda Giselle.

- Parce que j'en ai besoin... Et que c'est votre hem... travail ?

Les deux jeunes femmes, devinrent furieuses.

- On est bonnes juste à ça selon toi ? Couina Scarlett.

Giselle s'anima aussi.

- Espèce de...

Elle ne put finir, une gifle sonore avait déjà retentit sur la joue droite du pirate. Fulminante, la jeune blonde imita son amie avant de la prendre par le bras et d'aller voir les-dits soldats avec un léger balancier de la croupe.

- Je l'ai peut-être méritée celle-là, murmura le pirate.

Cela dit les deux jeunes femmes étaient plutôt douées. Déjà les marins quittèrent leurs postes rapidement imités par leurs dirigeants. Les hommes étaient vraiment stupides des fois. Une minute... Non. Lui était une légende. Rien à voir.

Il se cacha sous un tonneau vide et marcha jusqu'à son précieux navire. Personne n'avait remarqué ce mystérieux tonneau marchant. A part peut-être le cochon qui mangeait une carotte et qui émit un grognement en croisant le regard du pirate.

Lorsqu'il sortit du tonneau, il n'y avait plus aucun soldat à l'horizon. Le moineau sourit. La voie était libre. Il largua les amarres et leva l'ancre.

- Camarades, que ce jour reste à jamais dans vos mémoires comme le jour où vous êtes faits avoir comme des benêts ! Ricana-t-il en saluant les marins ahuris avec son tricorne bien aimé.

Il arriva à Tortuga environ une semaine plus tard. Il avait retrouvé son chez lui avec la bonne odeur de rhum, de poudre, et de crasse. Cette ville était comme sa Shipwreck Island natale, les pirates notables et désagréables en moins. Et surtout, il n'y avait pas son père et son fichu code.

Par contre, il n'avait plus un shilling pour la moindre bouteille de rhum. Non pas qu'il eût l'intention de payer, mais plus parce que c'était également relativement handicapant pour se trouver une bonne prostituée... Il fit le tour de son navire, il n'était pas trop abimé, Jack pouvait très bien le vendre et en voler un autre plus tard...

Il atteignit le port et vendit son navire au plus offrant. Finalement, il s'assit sur une pile de caisses, une bourse pleine de shillings pendant à son coté, et relut la lettre une nouvelle fois. William Turner, le quartier-maître, était devenu Bill le bottier, lors de leur dernière rencontre. Maintenant Jack comprenait pourquoi, il voulait juste protéger son fils bien aimé. Alors qu'à presque trente ans, Jack avait abandonné son père, la femme qu'il avait aimé était très certainement morte, ou alors le détestait et, la connaissant, cherchait certainement à se venger.

Quand il releva la tête, une jeune femme du coin visiblement finissait d'amarrer son bateau, concentrée sur ses noeuds et ses cordages, habillée comme un homme. Les femmes pirates étaient rares et souvent dénigrées par leur homologues masculins, cependant jack les aimait bien, elles avaient du caractère et étaient bien plus fougueuses que les autres.

Il s'approcha d'elle, sûr de lui.

- Tu as un nom, ma jolie ?

 

Elle soupira en levant les yeux au ciel. Visiblement, il n'était pas le premier sur la liste. Le moineau grimaça, il devait tenter une nouvelle technique d'approche.

- Tu sais, c'est rare, les femmes dans ton genre...

 

La jeune femme s'arrêta un instant.

- Les femmes dans mon genre ?

- Oui, les femmes pirates, fougueuses... Égoïstes...

- Ok, c'est bon j'ai compris. C'est cinq shillings de l'heure.

- Et une nuit ?

- Tu calcules.

Elle rassembla ses affaires et commença à partir.

- Et ton nom ?

Le regard noir et charbonneux du pirate rencontra celui tout aussi sombre de sa compagne d'une nuit.

- Ana Maria.

Pirates des Caraïbes : Sparrow's FlightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant