C'était un soir en septembre, mon père, compositeur renommé avait été prié de venir jouer pour la famille Léonard.
Moi, seulement universitaire dans ma troisième année, avait été forcé de l'accompagner pour "me sortir un peu", disait ma mère. En effet, n'arrivant à me mêler avec personne par soucis de communication, je passait tout mon temps libre dans ma chambre. J'écrivais, peignait ou pleurait selon mon humeur.
Ainsi cette après midi là, je restais debout près du piano de la fastueuse salle à manger des Léonard lorsqu'une voix retentit
"Eve, viens donc faire visiter la maison à ce jeune homme qui s'ennuie"
Je détournais le regard, n'ayant pas envie de devoir me forcer à parler pour qui que ce soit, et ignorais cet appel qui s'en doute parlait de moi. Pourtant une main me saisit, et une jeune femme m'attira vers le couloir, souriante. Elle se présenta à moi comme je vous la décrit.
Eve Léonard était belle, d'une beauté naturelle et sensuelle. Grande, fine, aux cheveux bouclés surplombant un cou gracieux. Châtain foncé, on pouvait apercevoir des nuances de vert au fond de ses yeux noisettes. Sa bouche fine, bien formée, promettait tout les rêves du monde, ses formes délicates et rebondies étaient gracieusement cachées sous un pull ample vert sapin.
Plutôt farouche avec les filles, j'ai pourtant souri devant son charme,prêt à me faire entraîner dans la marche de cette charmante inconnue. Elle m'attira dans sa chambre et je sentit son regard taquin passer sur moi, ma chemise bleue très simple, mon pantalon droit noir. Oui j'étais vêtu, et le suis toujours comme un homme de 10 ans de plus, n'ayant guère eu de véritable adolescence en contact avec des gens de mon âge.
Eve se présente alors à moi et je découvre une jeune femme magnifique, en révolte totale contre la société. Ecoutant, aussi fort que ses tympans le lui permettaient, du rap satirique blamant la société. Mannifestant malgré l'opposition de ses parents, soutenant toutes causes, dont le point de départ était l'amour.
D'ailleurs elle ne vivait chez eux que les vacances, elle avait décidé d'arrêter ses études après le bac et s'était installé dans les Pyrénées comme monitrice. Oui Eve menait une double vie, au départ bourgeoise, mais elle avait était profondément choquée par la fermeture d'esprit de personnes qui pourtant avait étudié des années.
Je l'ai sans doute su des le premier regard, j'allais tomber profondément amoureux de cette femme. Elle me complétait, pensait comme moi, et me mettait étrangement à l'aise.
Elle devint vite mon seul ami. J'allais régulièrement lui rendre visite dans les Pyrénées, où nous nous allongions dans un champ pour parler de tout, la vie, la société, l'humanité, l'amour aussi, bien qu'ayant peu à raconter.
J'avais perdu ma virginité très tôt, à 12 ans, par erreur. Un nouvel an où je m'étais laissé faire par une fille de 17 ans saoule, un souvenir lointain dont je ne garde aucun plaisir.
Eve, elle, me racontait ses aventures rocambolesques et ses nombreux amants, et j'écoutais la colère brûler dans mon coeur, j'etoufais la haine qui m'envahissait, j'étais jaloux pour la première fois. Je laissait sortir cette colère dans ma chambre, ruinant mes toiles ou pleurant sur mes livres. Mon coeur devenait fragile au contact de cette femme, je n'étais plus moi même, j'étais tombé amoureux.