Chapitre 8

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Ce n'était pas un jour comme les autres. Sortant de mon brouillard matinal, je me dirigeais vers l'école de musique. Autour de moi le monde n'avait pas changé, les mêmes odeurs de pétrole, de pneu usé, le même ciel constamment gris, les bruits de klaxon, et surtout la même boule au ventre. Je marche plus vite, aspirant le plus fort possible le délicieux venin de ma cigarette. L'école de musique fait son apparition sur la droite, petite, insignifiante même, prouvant d'un peu d'intérêt que le peuple lui porte. Je place ma main sur la poignée et, à mon grand étonnement, la porte reste close. Je plisse les yeux pour lire l'ecriteau. Mais bien sur, on est dimanche, comment ai je pu être aussi stupide. Alors je m'éloigne et cherche un banc où je pourrais rouler une petite dose de poison. Le prochain se situe au parc, lieu qui m'est totalement inconnu car rempli de bruit, d'odeur et d'animation, autant de choses qui me repoussent. Pourtant je franchis le portail vert et avance maladroitement dans l'allée principale. Mes pas me portent vers des cris d'enfants, et je m'arrête à l'entrée d'un place grouillante se mômes. Leurs mères sont de l'autre côté de parc, tout le monde à l'air de se connaître ici. Les enfants tapent, courent et chantent comme des chiots. Je ne sais que penser, tout ceci est tellement étranger pour moi.

Alors je la vois, elle, l'amour de ma vie, celle que je n'ai jamais oublié. Elle est belle, superbe, magnifique, elle resplendit dans un ventre rond. Une vague d'émotion m'assaillie soudain, mon coeur bat plus fort et je me met à trembler et je plonge dans cette nuée de sentiments, oubliés depuis longtemps.
Les notes tournent autour de moi, je vole et m'envole au rythme de la neuvième symphonie, je tourne et tourbillone dans un ouragan d'amour, de souvenirs, de désirs, de mélancolie. Quelques notes de Yiruma me caressent le long de mollet, je frissone et ceuille un sol major au creux de ma main. Mes cordes vocales résonnent mais rien n'en sort. Je voudrais hurler
Reviens !
Mais m'arrachant à mon délire je parviens tout juste à m'appuyer contre la barrière du parc de jeux pour ne pas tomber.
Je la dévore des yeux, elle n'a pas changé. On dirait que le temps c'est arrêté pour elle. 10 mètres nous séparent, je pourrais courir me réfugier dans ses bras, elle me protégerait de cette dure vie comme elle l'a fait si souvent. Je pourrais lui dire, lui dire que je l'ai toujours aimé que rien n'est fini, même 10 ans après, que je suis là moi, que je l'attend, que nous pouvons repartir de ce parc ensemble et amoureux. 10 petits mètres. Un parc de jeux entre nous. Mais je reste de mon côté, le côté sombre sous les arbres, le côté étrange où il n'y a personne, et elle, batifole au milieu des gens, papillon de joie et d'amour, sous le soleil et les rires.
Elle regarde sa montre
Non ne part pas !
Puis elle se tourne vers le toboggan et lance un appel d'une voie claire.
"Noé on y va !"
Alors, l'enfant blond qui joue à mes pieds se lève et trottine vers elle
"maman, maman je suis là".

Trou noir.
A force de tomber on ne se relève plus, quand la vie nous chasse on essaye ailleurs.
Il abandonne derrière lui son existence.

Fin n'est que plaisir, mort seulement délivrance.

Il suffit parfois de se pencher un peut trop au balcon.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 07, 2017 ⏰

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