À force de rendez-vous, nous devînmes proches, confidents même. Elle aimait mon côté artistique et décalé, j'aimais son calme, sa nonchalance, j'étais féminin elle était masculine, comédie tragédie, et pourtant si semblables. Eve n'était pas aveugle, elle avait remarqué mon regard insistant sur ses lèvres, mes câlins un peu trop caressants, mais je ne tentait jamais rien, je n'osais pas. J'étais encore à cette époque très refermé sur moi même, inconfiant et inexpérimenté. Pourtant un jour notre relation changea.
Elle devait venir dormir chez moi, j'avais prévu quelques films, mais en arrivant elle demanda
-Voudrais tu me peindre Noé ? J'admire tes peintures, et tu ne m'a jamais proposé de me poser sur l'une d'elles.
Bien sûr que je ne lui avait jamais demandé de poser pour moi, elle me faisait perdre tout mes moyens, je n'aurais jamais pu tenir le pinceau.
Pourtant je ne résistait pas à son charme et lui répondis positivement, avec un petit sourire gêné.
Elle ne perdit pas de temps et ferma la chambre à clé, ouvrit les rideaux et se mit nue.
Je restait bouche bée.
Sans un mot elle me sourit et s'assis sur le lit
-Je veux que tu me peigne allongée ici, regardant le spectateur dans les yeux. Elle m'observa un peu plus
-Et bien ça ne va pas ? Tu es tout pâle, tu préfères que je me rhabille peut-être ?
Je tentais d'expliquer
-C'est que je n'ai pas l'habitude de peindre des nus... Mais je t'en prie met toi à l'aise je le ferais pour toi.
Elle me testait, je le sentais dans son regard chaud, sur sa peau moite et rougissante, elle était bien différente de d'habitude et voulait savoir si mon instinct fonctionnait, si j'allais lui résister. Et elle avait raison la petite, je ne pouvais pas détacher mon regard de sa peau bronzée, je n'arrivais pas à lui dire de se rhabiller, sachant pourtant que je ne pourrais pas peindre. Et la tension montait, son regard de braise me brûlait, se faisait plus pressant et je ne savais plus à quelle oeuvre elle me priait de m'atteler.
Pourtant je réussit à prendre le pinceau et, alors qu'un sourire se peignait sur ses lèvres je dessinait ses contours maudits. La peinture fut achevée en peu de temps, je ne m'approchait jamais de Eve par peur de céder à la tentation, ne sachant pas comment elle réagirait.
Elle se revetit silencieusement tandis que je tachais d'oublier cet épisode troublant. La soirée se passa calmement, Eve ne fit aucune remarque sur cet étrange moment, où le stade de l'amitié avait été dépassé. Le lendemain soir une lettre arriva dans ma boîte aux lettres.Noé, je pars vois tu.
Le climat familial ne me convient plus, je veux découvrir, et voler de mes propres ailes. Tu ne me trouveras pas, ne me cherche pas, mais je sais que tu ne le feras pas.
Je vais passer un an loin de toi, et pourtant si près, car je voudrais que tu saches combien je t'aime Noé. J'ai appris avec toi le respect à avoir, j'ai su lire l'amour véritable dans tes yeux et j'ai compris que jamais je ne trouverais quelqu'un qui m'aime autant. Alors je me suis mise à t'aimer en retour, comme une enfant admirant son héros.
Quand je reviendrai je serais à toi Noé, je te donne rendez-vous à l'occasion de mon anniversaire, dans 11 mois, ne t'inquiète pas j'ai tout prévu, sois présent.
Je t'aime,
prend soin de toi , Eve