Chapitre 6 : Mars et Vénus

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« ...Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres.... »

Genèse 1


Le temps que l'information pénètre jusqu'à mon cerveau, tante Irina a décrété que oui, Lise restait avec nous et Natalia s'est empêchée de saisir celle-ci par la main pour la conduire à table.

Oncle Andrew m'envoie une grande claque d'approbation dans le dos. Il me murmure de sa voix grave et rauque un « Félicitations fiston, belle prise ». Et moi je souris nerveusement.

Belle oui, elle l'est. Mais par contre c'est moi qui ai l'impression d'être pris dans ses filets. Mama sourit aussi poliment qu'elle le peut à Lise, mais ne cesse de me lancer des regards aiguisés en plissant des yeux. J'essaie d'éviter ces jugements que je sens flotter autours de moi. Dans leurs têtes je le sais, chacun y va de son avis, de son pronostic. Et ils ne se gêneront pas pour me le faire savoir une fois qu'elle sera partie.

J'essaie tout de même de sourire à Lise normalement, car pour la première fois je la sens intimidée. Ça change. Mais les yeux bleus perçant de ma mère ont de quoi en déstabiliser plus d'une.

-Passez-moi votre assiette ma petite, lui lance Mama en tendant le bras.

Lise le lui donne en souriant. Sourire que Mama ne lui rends pas. Ce n'est pas gagné.

-Est-ce que vous vous embrassez, des fois ?, demande Natalia de sa toute petite voix.

-Ah mon avis ils ne font pas que ça, glousse Ludmila.

Mais aussitôt, le regard noir de son barbu de père, fait s'étrangler son rire dans sa gorge.

Les garçons regardent quant à eux, ma nouvelle copine, avec des yeux de merlan frit. Je leur donne des coups de pieds sous la table pour leur dire d'arrêter, mais plutôt que de m'écouter, Aïdan et Gaël, me les rendent.

Je n'ai plus faim. Je ne sais vraiment pas trop quoi faire et encore moins quoi penser. Mais sous le regard de Mama, je me force à manger quelques bouchées de Pirojki.

-Redite-moi votre nom, déjà, lui somme Mama avec une fausse curiosité.

-Lise, soupire-t-elle en sentant venir la pique.

-Lise... ce doit être le diminutif d'Elisabeth, non ?

-Si, acquiesce Lise en fronçant les sourcils.

-Et votre nom ?

-C'est vraiment important ? Ose relever la petite insolente.

Ma fourchette reste suspendue dans les airs. Tout le monde s'est tu. Personne, n'ose jamais répondre à Mama-toute-puissante avec un air de défi comme celui là. La bille me prend.

-Ça l'est si vous refusez de me le dire, oui. N'oubliez pas que vous vous êtes invité chez nous un soir de fête.

À côté de moi, le poing de Lise se resserre sous la table. Merde. Je vais pour lui serrer discrètement la main en lui demandant de faire profile bas, quand elle la lève en répondant à ma mère.

-Elisabeth Katherine Waldorf. Mais vous savez, je vais prendre soin de votre grand là, pas la peine de me tuer et d'enterrer mon cadavre avant de me connaitre. Je vous promets que je ne briserais pas le cœur de votre Louka.

Et pour ponctuer ses mots, elle ne trouve rien de mieux que de m'ébouriffer les cheveux, comme si j'étais un gosse. Ou plutôt de frotter son poing sur le haut de mon crane aux cheveux trop court. Bon sang ! Par moment, je l'étranglerais.

Everglow (seulement 10 premiers chapitres)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant