Chapitre 10 : La promesse

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Neuf jours.

Je n'ai pas vu Lise pendant neuf jours. Autant dire, une éternité.

Ce qui est assez risible quand on pense que je ne la connaissais pas il y a un mois et demi. Même si je suis loin d'avoir envie de rire en ce moment. J'ai horreur d'avoir cette impression de ne rien contrôler de mon existence. C'était déjà dur avant son arrivée dans ma vie. C'est pire depuis.

Une semaine et demie à ressasser tout ces moments avec elle et mes propres sentiments. Je suis carrément perdu.

-T'es vraiment foutu avec cette fille, énonce tout haut Beenie en tirant sur son joint et reprenant mes propres pensées.

-Carrément.

Je jette mon mégot et le regarde crépiter dans le noir en roulant sur le béton avant de s'éteindre presque aussitôt. Et j'enfonce mes mains dans les poches de mon manteau pour les réchauffer un peu. Il neige, comme d'habitude ces temps-ci. Il fait même plus froid.

Les flocons virevoltent dans l'air et dans la lumière des spots qui éclairent le stade ce soir. J'aurais préféré être avec Lise, mais étant donné qu'elle est partie je ne sais où, faire je ne sais quoi, je me retrouve, un de mes seuls soir de repos comme celui-ci, à trainer près du stade avec Beenie et les autres zonards.

- Pourquoi tu ne l'appelles pas ?

-Pourquoi elle, elle m'appelle pas ?

-T'as trop de fierté mec.

Faux. Ou pas. Mais c'est de sa faute.

Après qu'elle m'ait laissé tomber comme une merde sur le trottoir ce soir là, j'ai cru devenir fou. Je suis rentré en fumant cigarettes sur cigarettes et suis arrivé à la maison la gorge déchirée. Elle m'avait plus mal traité que je ne l'ai fait avec une femme dans ma vie. Même les meufs avec qui je couchais je les larguais plus proprement que ça. Jusqu'à cinq heures du matin, je suis resté éveillé, les yeux fixés sur le portrait d'elle punaisé à mon mur au-dessus du lit. Et comme je savais que je ne réussirais pas à fermer l'œil je suis ressorti pour marcher. Sauf que j'ai fini devant chez Page, je ne sais pas comment. Le soleil se levait lorsqu'elle a ouvert la porte pour sortir acheter son petit déjeuner et qu'elle m'a trouvé assis sur ses marches. Je me suis fais pitié moi-même. En revanche, ma blonde, elle, était très surprise. Puis le contentement à pris le dessus. Qu'est ce que je foutais là... Mais il était trop tard pour reculer. Alors je l'ai invité à prendre le petit dej en dépensant de l'argent que je n'ai pas et quand on s'est quitté, j'ai promis de rappeler. Noël est passé, sans un mot, sans un appel de ma brune. Pas même un « Bon réveillon ». J'ai écrit vingt fois le même texto, que j'ai tapé, puis effacé, retapé, puis ré-effacé... et finalement je n'ai rien envoyé, attendant que ce soit elle qui s'excuse pour son attitude. Rien, ni ce soir là alors que tout le monde ouvrait ses cadeaux, ni le lendemain alors que tout le monde avait la tête dans le coltard. Et un jour plus tard, je ne sais comment, je me suis retrouvé de nouveau devant chez Page. Elle m'a invité à entrer. J'ai mangé ses lasagnes maison. J'ai fumé l'herbe qu'elle venait d'acheter et j'ai regardé un film pourri avec elle. On a bu de la bière et puis elle m'a fait écouter la nouvelle chanson qu'elle venait d'écrire et pour laquelle elle avait composé. Je l'ai aidé à la réécrire et à supprimer les incohérences. L'espace de quelques heures j'ai oublié que je ressentais des sentiments pour une autre fille. J'ai oublié que Page m'avait trompé. Que mon père n'était pas là à Noël et que mon avenir semble carrément inexistant. L'espace de quelques secondes mon cerveau s'est vidé de toutes pensées. Et j'ai embrassé mon ex. Avant de prendre mes jambes à mon cou. Parce que... même si je ne suis pas un exemple de maturité, je ne suis pas cet enfoiré. Je ne suis pas Page, putain.

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⏰ Dernière mise à jour : May 13, 2018 ⏰

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