Chapitre 17 :

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Mon doigt me fait atrocement mal, j'ai la sensation qu'il fait deux fois sa taille initiale.
Mon portable affiche 6:30, j'ai zappé la sonnerie à 5:50, j'avais pourtant mis le volume au maximum avec un des mes morceaux de Nirvana préférés.
Je cherche l'interrupteur du bout des doigts mais ma main ne rencontre que le vide. Je lève la tête, éclaire ma chambre avec mon portable et me rends compte de ma situation. Je suis à l'envers sur mon matelas, toute emmêlée dans ma couette et mon plaid.
Après 5 bonnes minutes de démêlage, je sors enfin de mes liens et cours vers la salle de bain.
Je suis sous la douche depuis quelques secondes quand ma mère fracasse la porte et râle en se frottant les yeux.

-Pourquoi tu te lèves si tôt? La rentrée c'est seulement demain. Tu sais très bien que quand on me réveille trop tôt, je suis de mauvaise humeur. Alors va pas te plaindre si je rouspète dans la voiture.

Elle se fixe dans le miroir et tire la langue, elle peut vraiment ressembler à une enfant des fois. Elle commence à se brosser les cheveux.

-Maman, c'est peut être demain la rentrée en cours mais pas pour le campus. J'ai envie de m'installer et surtout qu'on ne m'impose pas les colocataires.

-Mmmm, enfin c'est pas comme si tout le monde allait se lever super tôt pour seulement un bon lit..  Et puis vous serez combien par chambre?

-Entre 2 ou 3. Ça dépend de la superficie de la chambre et de son emplacement ainsi que du nombre d'étudiants.

-Tu n'aurais pas du te lever si tôt. Tu es autant dans les choux que moi.

-Pourquoi tu dis ça ?

-Tu as oublier de défaire ta tresse avant d'aller sous l'eau, banane.

Effectivement, mes cheveux sont toujours attachés en tresse épi de blé alors que de l'eau dégouline dessus. Je vais galerer à les démêler.

Tout en me séchant les cheveux, je repense à mon planning d'aujourd'hui.

-Campus
-Travail
-Café
-Voiture

Pas trop compliqué à suivre. J'enfile une jupe évasée noire qui m'arrive au dessus du genou, des collants noirs assez épais, des guêtres beiges et des bottines à talon. Une veste en cuir noir recouvre mon top beige et ma montre à gousset qui tombe en dessous de ma poitrine.
J'attrape mon sac et ma valise et appelle ma mère pour qu'elle me conduise au Royaume des Wildcats.

La voiture quitte les petites routes et s'engage sur les voies principales.
J'ai prévu d'aller jusqu'à 13h au campus et de passer mon repas avec Jake dans un café pas loin de l'université.
Il m'a promis de me parler de la solution miracle.

Finalement j'ai bien fait de me lever tôt et encore j' avais été à l'heure, j'aurais eu plus de choix.
Je me retrouve dans un immeuble de 35 lofts pour 2 personnes à 200 mètres de l'université, le campus est organisé autour d'une longue avenue où trône des palmiers de 5 mètres. Je suis placée au second étage qui ne contient que 5 chambres... j'espère vraiment avoir des voisins calmes et une colocataire sympa.
Je suis devant la porte de mon nouvel appartement et insere la clé au numéro 25 pour que je découvre mon nouveau chez moi.

Il se révèle chaleureux. En entrant, on longe un large couloir où tout un côté est un grand placard recouvert de miroir pour déboucher très rapidement sur la pièce de vie.
Un canapé en angle marron est recouvert d'un grand plaid beige et est tourné face à une grande télévision. Une baie vitrée donne sur la rue et le jardin commun de l'autre côté de la maison et se prolonge tout le long du mur du salon. Une cuisine moderne derrière un mini bar qui donne sur une belle table en vert et acier noir. De nombreux tapis recouvrent le sol et je peux voir les trois portes en face de moi qui sont sûrement les deux chambres et entre les deux, la salle de bain.
Je trottine ouvrir les chambres et prends la plus grande, il faut bien un avantage à se lever tôt!
J'ai un lit deux places,  une grande armoire et un bureau, juste ce qu'il me faut.
Je décide de m'installer avec  l'aide de ma mère et on finit 50 minutes plus tard. 

Il me reste une demi heure avant l'ouverture du restaurant dans lequel je travaille de 2 jours à 5 jours  par semaine alors j'embrasse ma mère, laisse un mot à ma colocataire qui arrivera un peu plus tard et ferme à clé avant de partir visiter.

Les plateaux pèsent lourds sur mes bras! Je hais ces gens qui mangent comme quatre ! En plus ils puent la nourriture qu'ils ingurgitent et râlent quand on ne les sert pas avant les autres.
Et le comble c'est quand ils mâchent la bouche ouverte, je les entends piacher et j'ai juste envie d'aller chercher ce qu'ils ont entre leur dents pour le leur enfoncer par les trous de nez.
Non, vraiment je les déteste.

Mon service se termine enfin, il y a eu tellement de commandes, tellement d'allers retours que je n'ai qu'une envie... dormir!
Je range mon tablier dans mon casier, enfile ma veste et sors en direction du café à l'angle de la troisième avenue du restaurant.

Une fois arrivée, je regarde toutes les tables et constate que... Et oui, c'est un bar à couple, il n'y a que ça. Mal à l'aise,  je zieute tous les hommes et finis par en repérer un, seul fumant une cigarette,  les lunettes de soleil sur les yeux. Je me dirige vers lui et une fois à sa hauteur, je demande.

-Jake?

Aussitôt l'homme se retourne et un sourire lui barre le visage. Je souris machinalement tandis qu'il se lève pour se poster face à moi et retire ses lunettes.
Je suis à nouveau frappée par la singularité de ses traits et tous les points craquants que son visage possède.

-Salut toi. Je peux te faire un câlin de bienvenue et de retrouvaille ?

-Bien sûr, ça fait plaisir de te voir.

Il me prend dans ses bras et je lui rends son accolade en souriant bêtement. Je suis contente de le voir même si c'est moi qui ai mis de la distance entre nous.
Il me lâche et s'asseois sur la chaise en face de celle où il était avant mon arrivée. Il me sourit encore et appelle un serveur.

-Bonjour, que désirez vous?

-La demoiselle en premier.

Je souris et commande un Schweppes mojito sans alcool tandis que Jake, une bouteille de Perrier. Je le regarde les yeux grands ouverts.

-Quoi?

Il me regarde intrigué et amusé.

-J'ai un truc sur le visage?

-Non! C'est juste que les seules fois où je t'ai vu, un verre à la main c'était un Jin Tonic, alors j'ai pensé que c'était ta boisson de prédilection.

-Je bois de tout mais là, pas une goutte d'alcool parce que la conversation va être sérieuse. J'ai des principes.

J'écarquille les yeux démesurément et prends un air choqué.

-Et bien monsieur, vous me surprenez au plus au point.

-Il n'y a rien de plus normal, Madame, qu'un gentleman ait quelques valeurs envers la femme qu'il apprécie plus qu'ordinaire.

Je rigole devant le visage gêné du serveur ayant surpris notre petit jeu, qui dépose nos boissons avant de partir quasiment en courant vers d'autres clients. Ça serait plutôt à nous d'être gênés.
Nous rigolons un moment avant de retrouver notre sérieux.
Il me prend la main et dessine de petits cercles sur ma paume avant de demander.

-Alors, tes vacances? Ça s'est bien passé ?  Il ne t'a pas trop ennuyé ?

Si ce n'est que je me suis presque que fait embrassée par un humain, que j'ai volé au totale 3 vies en deux mois et que j'ai tenté de me suicider, oui... Ça va.

-Sincèrement, bof. Je me suis bien amusée avec mes amis, j'ai profité de ma mère et j'ai bronzé mais il y a eu quelques problèmes.

-C'est à dire ? Tu peux tout me dire, ne t'en fais pas.

-Disons seulement que ta lettre est vraiment bien tombée et que Jonathan est plus que présent dans ma vie. Il m'envoie des sms toutes les 3 heures.

D'ailleurs, c'est étrange qu'il n'ait rien envoyé, ça va faire 3 heures et 30 minutes. Non pas que je m'inquiète pour lui mais plus pour moi.

The birth of a loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant