Ma tête compresse horriblement mon cerveau, au point qu'il sortira certainement par mon nez et mes oreilles. Je me roule en boule dans ma couette, les mains sur le crâne. Je grogne de douleur, sens la bile amère qui me monte à la bouche et place ma main sur mes lèvres. La tête penchée sur la cuvette des toilettes à présent, je vomis tous mes tripes. Les jointures de mes mains sont blanches tellement je m'accroche à la céramique.
Mon estomac se broie et l'odeur immonde de son contenu arrive à mon nez. J'arrive à peine à respirer. Je me relève et me rince la bouche en tremblant. Je tire ensuite la chasse d'eau et m'écroule par terre, le menton sur les genoux. Je fais une crise; une crise de panique. Si forte que je n'arrive plus à me lever et suis prise de tremblements, le coeur qui bat vite et bruyamment tel une pendule accrochée à mon oreille. Dans cette position je récite quelques lignes de chansons. J'essaye de me consoler, de combler un certain apaisement et bien être qui me manquent terriblement en ce moment. C'est donc dans cette position que je passe le reste de la nuit.
Le matin, je me lève difficilement, il est six heures du matin, le soleil ne s'est même pas encore levé. Les premiers rayons font leur apparition une demi-heure plus tard. Je me place sur le large rebord intérieur de ma fenêtre et contemple la vue qui s'offre à moi. Le bleu foncé de la nuit épouse cette couleur orangée du soleil levant. Un tableau si rare, si beau et unique que j'en oublie presque ce qui m'attend.
Il y a quelques semaines, avant la fin des cours, j'ai passé mes épreuves écrites et mes oraux pour l'Université d'Harvard, de droit. Mon père voulait absolument que je suive mon grand-père et que je reprenne sont cabinet d'avocat. J'ai accepté, sas vraiment réfléchir. J'ai travaillé très dur et sans relâche pour arriver où j'en suis. Aujourd'hui, je reçois ma lettre. Un bout de papier, à l'écriture soignée qui décidera de mon avenir. Sauf qu'avec la quantité surhumaine du travail que j'ai fourni ces dernières années de ma vie, je pense bien réussir sans problème. Et voilà que ma maladie reprend le dessus, ce petit côté en moi qui craignait le pire, devint dominant. Je ne pense qu'à ça en ce moment. Mon esprit essaye de divaguer de cette pensée pessimiste, mon imagination essaye de prendre la large. La panique reprend le dessus bien vite et me voilà que je tremble de plus belle. Je ronge mes ongles, essaye de canaliser ma peur.
Carlton est passé à plusieurs reprises, il demandait après moi, et comme à chaque reprise, je disait à ma grand-mère que je refusais de le voir.
L'heure du déjeuner arrive bien vite, je descend, grignote, souris à plusieurs reprises à Granny. Je ne veux pas qu'elle sache, je ne veux pas qu'elle croit que mon père m'y a obligée. Je sais d'avance qu'elle va me persuader d'arrêter de paniquer, de faire ce que je veux de mon future. Sauf que d'un autre côté, cette envie compétitive, m'a toujours poussée à donner le meilleur de moi même pour époustoufler mon père. Depuis toute petite, mes dessins frôlaient la perfection, lorsque je dessinais des portraits ils étaient tellement soignés que l'on aurait dit une photo. Je savais que ces dessins de gosses étaient horribles, les parents ne souriant que pour faire plaisir. Mon père, lui ne disait que la vérité. Une maison dessinée en feutre ne lui suffisait pas, il me l'a dit, il me l'a avoué ;
"-Lilly, un dessin, c'est pas des fleurs tordues toutes roses, il faut que tu apprennes à dessiner, à faire des ombres, il faut que tu sois parfaite."
Ce mot m'a tellement marquée que je me suis persuadée de le faire. J'ai appris et su dessiner, aussi bien que les plus grands. Mon père me félicitait seulement avec un "C'est bien Lilly, tu peux encore mieux faire". Il ne voulait pas montrer sa satisfaction, il ne désirait pas que je relâche trop vite, il cherchait à me pousser plus loin, ainsi je dépasserai mes limites. Des limites que je n'ai jamais vraiment connues, puisque je voulais toujours "faire plus". C'est plus tard, des soirs où je passais devant son bureau et que je le voyais son verre de Whisky à la main, debout, devant mon oeuvre accrochée, une réplique de Frida Kahlo. Il souriait, touchait la toile, l'examinait. Je le voyais de la fente de la porte entre-ouverte que ma mère laissait souvent comme ça en quittant l'office, il était content, ses yeux pétillaient. Pourquoi ne jamais m'avoir félicitée ?
Pour ma mère, c'était différent, elle sentait que j'avais besoin d'une figure parentale attentionnée et un peu "béni-oui-oui". Elle me complimentait sur la moindre chose, me collait et voulait savoir un peu de tout de ma vie. Elle était obsédée par moi. "Où est Lilly ? Où est mon bout de chou ? Tu as mangé ? Comment s'est passée ta journée ? As-tu besoin de quelque chose ?" C'est devenu étouffant à un moment et j'ai du lui dire à mes 15 ans. Elle avait enfin compris et s'est abstenue.
Ces souvenirs et détails me repassent en tête et couvre mes yeux comme un voile. La lettre entre mes mains moites, je respire fort. L'air empli mes poumons et c'est comme-s'il envloppait mon âme dans de la soie. L'air me console.
So sorry for the late chapter,
For stylesxmoan .
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Short StorySomewhere, between death and life, someone found the way. ||Started on Sunday, September 25th|| The story is in French and for @stylesxmoans.