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Le fameux mec que j'avais bousculé au Starbucks, se tient devant moi. Il sourit toujours et me tend un plat.

Je baisse les yeux vers celui-ci, rempli de petits caramels.

-Oh, je vous remercie ?

Mes paroles sonnent comme une question puisque je ne sais pas trop pour quoi le remercier.

-J'ai emménagé ici il y a quelques semaines. On vient de terminer les travaux. C'est pour m'excuser du bruit.

J'attrape l'assiette.

-Merci, fallait pas vous déranger. Je suis désolée pour tout à l'heure.

C'est à peine si j'arque les lèvres pour sourire. Je le connais pas ce gars. C'est peut-être une technique pour entrer me violer... Qui sait ?

Il comprend mon malaise vu la tête qu'il tire, mais ré-engage la disscution.

-Et vous...

-On peut se tutoyer je suppose, je rétorque en le coupant.

-Excuse moi, et toi t'es là depuis longtemps ?

Ses dents sont super bien alignées.

-Non, je n'habite pas ici. C'est chez ma grand-mère. Je suis là que pour les vacances d'été.

-Je vois...

Il marque une pose. On a pas trop de trucs à se dire et je n'aime pas claquer la porte au nez des gens.

-Sans vouloir te vexer... Je pense que l'ambiance chez ta grand-mère n'est pas très électrisée... Ça te dit de venir à une fête demain ?

C'est comme un gif instinctif qui se déclenche devant mes yeux. Un "NON" apparait, les lettres sont blanches sur un fond noir et les couleurs s'alternes.

-J'ai déjà des plans pour demain, désolée.

Il fait une moue bizarre du genre " Toi ? Avoir des plans ?".

-Quoi ? Je demande sur la défensive.

Il lève les mains comme s'il n'était pas coupable.

-Je n'ai rien dit. L'offre tiendra toujours.

J'hoche la tête.

-Sur ce, je te laisse, bonne nuit.

Il m'adresse un signe de la main et sourit encore. Il sourit trop ce gars.

Je ferme la porte en soupirant et retourne devant mon ordi.

Les caramels sont bons mais faut vraiment que j'arrête d'en manger, faut que j'en laisse à Granny.

J'ai oublié de tirer les rideaux, et le lendemain, je le regrette. Vers six heures du matin, les premiers rayons de soleil m'arrivent direct aux yeux. Il fait une chaleur accablante et c'est à peine si je réussis à respirer. Me voilà donc dans la cuisine, 7:00 sur la montre murale, et je m'ennuie. Comme tous les étés que je passe ici d'ailleurs.

Je laisse un mot à l'intention de grand-mère et sors en ville. Je pédale pendant longtemps avant d'arriver enfin devant le parc. Je fais la file pour acheter un beagle et une fois celui-ci en main, je m'allonge sur l'herbe.

Ma tête et mes épaules sont sous l'ombre géante d'un arbre tandis que le reste de mon corps est au soleil. Je mords dans ma pâtisserie et mâche lentement. Les brindilles d'herbe caressent ma joue et le vent souffle. Ça fait tellement de bien d'être allongée ici, dieu sait combien c'est bon.

Les heures passent et il ne reste de mon beagle que le papier qui l'enveloppait. Je jette un coup d'oeil à mon téléphone; 11:40. Je me remets dans la même position et inspire. Il fait beaucoup moins chaud que tôt ce matin.

La sonnerie de mon téléphone retentit, mon père.

-"Chérie ! Comment se passe ton séjour ?"

-"Bien", je réponds sans grand intérêt.

De toute façon, je sais qu'il ne m'a pas appelée parce que je lui manquait ou qu'il voulait prendre des nouelles, mais surtout parce que ça secrétaire le lui a rappelé.

-"Je suis content que tu t'y plaise. Mary va mieux ?"

-"Ouais."

-"Elle est à côté de toi ?"

-"Non, je suis dehors."

Je l'entends soupirer à travers l'appareil.

-"On a déjà parlé de ça Love. Tu ne sors pas seule."

-"Je sais, Granny m'en a donné l'autorisation." Je mens.

-"Tu es loin de la maison ?"

-"Au parc."

-"Bien, ne fais pas de bêtise, promis ?"

-"Promis." Je souffle.

-"J'ai une réunion dans quelques minutes, je dois te laisser Lilly. À bientôt."

-"Bye !"

Je raccroche. Toujours aussi sur protecteur, c'est ennuyant. Surtout depuis que les médecins ont déclaré ma maladie.

Je me relève. Le trajet est court, la maison est calme, un plat est posé sur le plan de travail de la cuisine. Tout est immaculé ici, tout est blanc, propre et clair. Ça manque tellement de couleur. Granny fait toujours dans la simplicité.

Je vois qu'elle a mangé des caramels, puisqu'un nombre considérable manque de la boîte. 

Elle m'a préparé des lasagnes. Je met un morceau au micro-ondes et sur la machine, un petit bout de papier est accroché.

"Je suis chez la voisine d'en face, la maison bleue, je reviens en fin d'après-midi, elle fait une présentation de Tuparware ! Je vais compléter ma collection, ta maman va être jalouse !

-Mary"

Sacrée grand-mère, elle ne changera jamais. Je jette un coup d'oeil par la fenêtre et repère la fameuse maison bleue.

Je finis mon plat et vais directement sous la douche me raffraichir.

Finalement, après avoir longuement réfléchi, j'irai à cette fête, mais que pour l'herbe, parce que je connais pas les fournisseur ici. Je devrai aussi demander son prénom au gars d'hier soir.



For the lovely stylesxmoan .

LowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant