02 - Dans le village d'Aballone

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Dans la campagne gauloise, je vivais au sein d'une petite communauté, d'une centaine d'âmes dans un village du nom d'Aballone. Réputée pour ses pommiers, la ville vivait du commerce du fruit, d'élevage et de chasse. Pas très loin se trouve les terres vierges couvertes de rivières, de collines boisées regorgeant d'animaux en abondance.

Nous avions même quelques mines de roches et de métaux.

Si tu avais pu voir cette vallée dans laquelle nous vivions, ma famille et moi ! Il est vrai que les hivers étaient parfois rudes et les étés parfois caniculaires, mais nous y étions vraiment heureux, la nature nous récompensait du fruit de notre labeur.

Enfant, j'allais me baigner ces étés-là dans la petite rivière en contre bas du village. L'eau y était fraîche et il fallait être souvent téméraire pour oser s'immerger. Nous y allions souvent avec Allaina, la fille de nos voisins.

Elle était de quelques lunes ma cadette mais je l'ai toujours considérée comme faisant partie de ma famille. Je ne me souviens d'avoir jamais n'avoir connu la solitude avant de l'avoir connu.C'était comme si ma vie était synonyme avec la sienne. Liés dès le départ.

Quand nous ne faisions pas courir nos parents partout pour nous chercher, nous parcourions les champs autour de nos deux maisons. Il y avait tant d'espaces à découvrir, de caches à trouver, de trésor à débusquer !

Je me souviens parfaitement de la première fois que je l'ai vu comme une fille, plus qu'une sœur. Je devais avoir dans les dix ou onze années et nous assistions à un festin donné pour la naissance d'un garçon dans le village. Je la vois encore arriver dans sa robe de lin, avec des carrés de couleurs superposés dessus, loin de la simple pièce de lin qui couvre les fillettes. Elle portait également un collier de pierres polies de différentes couleurs.

Cela fait pourtant des dizaines d'années aujourd'hui, mais cette image reste le plus nette de toutes. Même ce que j'ai fait hier est plus flou pour moi que cela. Je me souviens de sa mère lui murmurant quelques mots à l'oreille et Allaina croisant mon regard. Mon cœur s'est alors emballé. C'était la première fois. Mais il le referait pendant des années en la voyant. À chaque fois. Comme si les dieux nous avaient prédestinés à nous aimer pour toujours.

Elle s'était assise auprès de moi, un sourire aux lèvres. Je me sentais tellement mal à l'aise à côté d'elle, j'avais les mains terriblement moites. Le reste du repas fut très flou. J'observais à la dérobée ma voisine de table, avec les crises de rougissements qui vont avec. J'ignorais à l'époque que je venais de tomber fou amoureux de ma voisine.

Après ça, nos relations ont changé. Nous grandissions, elle et moi. Ma mère n'arrêtait pas de sous-entendre plein de choses à notre sujet et souriait quand je râlais après elle. C'était quelqu'un de bien, ma mère. C'est elle qui a tout fait pour que nous nous unissions, Allaina et moi. Car mon père était farouchement contre. Cependant, lorsque la fête de Beltaine battit son plein,l'année de mes douze printemps, je combattis pour elle contre un prétendant qui lui tournait autour, il se rendit à la raison. Et je soupçonne ma mère de l'avoir poussé dans mon sens.

Il faut dire que je m'étais battu comme un lion contre un garçon qui avait une année de plus. Et à cet âge, une année, ça compte ! Quel combat acharné je dus livrer ! Mais je ne le regrette pas car il faut se battre dans la vie pour avoir ce que l'on désire.

Nous avons patienté un peu avant d'officialiser notre union devant les druides et de nous bâtir une maison. Mais grâce à l'aide de tout le village, elle fut vite montée. Qu'elle était belle lorsque nous dormions dans les bras l'un de l'autre ou le souffle encore court de notre étreinte, les yeux encore brillants ! Quelle joie indicible de l'avoir à mes côtés chaque matin, de se sentir à sa place ! Ah, mon garçon, je te souhaite d'éprouver au moins une fois dans ta vie ce sentiment ! Être à sa juste place, s'y sentir en tout cas, il n'y a rien de plus intense et de plus beau. Et bientôt, deux enfants vinrent remplir de bonheur et de rires notre foyer. Je priais chaque jour les divinités en les remerciant de me fournir la chance de vivre cela. Mais cela ne dura pas....


Note de l'Auteur : si vous vous demandez d'où vient le nom du village, il s'agit de la racine gauloise du nom de la ville dans laquelle je réside, tout simplement !

CamulogèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant