05 - L'assaut

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Les catapultes se mirent en marche. Alors que nous nous abritions derrière la palissade, j'entendis les impacts. Mais le bruit était bien moins important que prévu. Je me tournais alors et je vis qu'un liquide épais avait envahi les rues du village fortifié. J'étais clairement perplexe, et mes compagnons aussi. Mais quand je vis les archers s'apprêter à tirer, avec horreur, je compris. La première volée ne tua personne mais enflamma l'ensemble de l'enceinte. Dès lors, je connaissais l'issue de l'affrontement : Romain : 50, Gaulois, 0. Il fallait tenter une sortie, sinon, nous allions tous y passer, grillés.

La tactique était rodée et l'encerclement parfait. Quelque soit l'endroit où nous regardions, il y avait des soldats ennemis. Des cris commençaient à s'élever de la cité.

– Ratagène ! Il faut tenter une sortie ! Nous allons y passer, sinon, même sans nous battre.

Le chef acquiesça et nous nous regroupâmes derrière la palissade Nord. Les supports qui la faisaient tenir debout furent abattus et nous chargeâmes. Avec toute la rage et la détermination que nous pouvions afficher. Les archers ne prirent pas la peine d'encocher leur flèche et j'aperçus leur chef afficher une mine satisfaite.

Je me battis avec le courage de tout Gaulois, mais cela ne suffit pas. Moins d'une heure plus tard, repliés pour boucher l'entrée du village, nous n'étions plus qu'une poignée encore en capacité de nous battre. Notre chef gisait dans la plaine, piétiné par les sabots de la cavalerie, en retrait.

Les lignes ennemies se trouvaient maintenant à quelques pas de cette entrée, lorsque les femmes attaquèrent avec des frondes, du haut des palissades. Il fallut un petit moment pour que les archers prennent position et commencent à supprimer les femmes gauloises.

Même si cela ne pesait pas lourd dans la balance, voir quelques Romains s'effondrer sous l'impact des pierres redonna du cœur aux combattants, qui défendaient leur vie, épée à la main. Moins d'une heure plus tard, je battais en retraite afin de vérifier si ma femme était toujours sauve, avec mes enfants.

Une fois devant, je vis avec horreur que la maison avait brûlé. Le feu faisait rage et une femme agonisait, gravement brûlée.

– Allaina ? Elle s'en est sortie ? Et les enfants ?

La femme avait les yeux exorbités, visiblement en proie à une grande douleur. Mais elle finit par hocher la tête. L'arme me glissa des mains. J'étais vaincu. Qu'importe le combat s'il n'y a rien à gagner derrière ? La femme qui agonisait exhala son dernier souffle dans mes bras. Je la connaissais bien, c'était une amie de ma mère. L'horreur de la situation me déconnectait de la réalité.

Si bien que les Romains qui vinrent me faire prisonnier eurent le plus grand mal à me maîtriser. Peu m'importait de vivre ou de mourir. Si je pouvais faire subir la même douleur que celle ressenti par mon peuple à celui qui avait détruit notre vie, c'était mon devoir.

Enfin maîtrisé, je fus emmené. Du village que je connaissais, rien ne subsistait. Rien qu'un tas de cendres, de morceaux de bois se consumant ou de corps gisant dans une mare de sang couleur charbon. Alors que quelques jours auparavant, nous fêtions la naissance d'une petite fille, sur la grande place...

Enfermé dans une cage d'un bois solide comme du métal, je guettais le moindre signe de survivants dans ce carnage. Malgré une attente et des allers et venues, je n'en décelai aucun. Il aurait fallu que  je me rende à l'évidence, mais je n'y parvenais pas. C'était bien  trop dur pour moi.

De la cage, j'assistais au pillage de le petite cité et des fermes alentours. Les sacs de grains s'entassèrent dans les chariots et un convoi quitta bientôt les lieux, direction le Sud. Un romain passa près de moi et me balança une bassine d'eau en pleine face, éclatant de rire au passage. Je tendis alors les bras pour tenter de l'étriper, mais le bougre se tenait à distance respectueuse, s'amusant à me narguer, hors d'atteinte.

Il continua à ricaner jusqu'à ce qu'une voix l'interpelle. Le soldat pâlit et prit la pause. Avant de déguerpir. Je ne voyais pas  d'où venait la voix, aussi, je me tenais assis, attentif. Toujours vêtu de son armure mais à pied, cette fois, le général, casque sous le bras, s'avançait vers moi.


CamulogèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant