Infarctus I - Le Fermier

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Le Fermier

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Le Fermier


Il faisait encore nuit quand Mike mit le pied dehors. Il resserra sa cape de laine d'alpague sur ses épaules, attrapa un arrosoir, puis se dirigea vers le canal qui s'écoulait paisiblement non loin de là et laissait seulement entendre son rire doux et cristallin. Il plia les genoux et se pencha vers l'eau glacée pour remplir le récipient en tâchant de ne pas tomber dans la tourbe.Son reflet ondulait dans les ténèbres. Il avait besoin de se raser.
Il rebroussa chemin et arrosa ses cultures, ce qui l'obligea à faire plusieurs aller-retours. Un fois son travail achevé il entra dans l'étable. A l'aide d'une fourche il distribua du foin à ses alpagues et s'assura que leur eau suffirait pour la journée à venir.

Quand Mike ressortit, les roses et oranges de l'aube se dessinaient harmonieusement à l'est dans le ciel gris de l'aube. Il entreprit cette fois de récolter ses navets. C'était la dernière récolte avant l'hiver ; il opéra avec soin pour ne rien gâcher, mais les légumes n'étaient pas aussi gros qu'espérés. Tenir jusqu'au printemps serait difficile. Il soupira et se redressa pour étirer son dos endolori.

Un claquement régulier de métal attira son attention.Le pont de bois qui enjambait le canal grinça et il regarda dans sa direction. Dans la douce lumière qui baignait désormais le milieu de matinée, un chevalier brillait dans une armure d'acier d'argent.Le fermier reconnaissait l'éclat particulier de la plate, le manteau en peau de loup et les chausses de laine rouge sang. Un sourire éclaira son visage et il laissa là ses outils et sa tâche pour aller accueillir le visiteur.

-Sir Aalongue ! Y aurait-il un dragon dans mes hortillonnages que je n'aurais pourfendu ? demanda-t-il d'un air volontairement pompeux.

-J'ose croire avoir tuer le dernier dragon du continent, mais c'était un mince exploit, ricana le chevalier.

Ils se serrèrent la main. Le chevalier attira Mike vers lui et le serra virilement.

-Vieux brigand ! Ça fait plaisir de te voir !Tu es devenu plus solide.

-Le travail de la terre fait les muscles, camarade.Mais pas autant que l'épée !

Le chevalier lâcha son ami en riant franchement. Mike secoua sa main écrasée pour ordonner à son sang d'y circuler.

-L'épée, oui. Mais pas autant que la maille ! Je suis bien content que l'automne soit là, j'ai perdu vingt livres en eau cet été !

Le fermier haussa les épaules en souriant puis tourna les talons en direction de chez lui.

-Allez, viens me raconter tes aventures à l'intérieur.Tu dois être épuisé.

La chaumière ne payait pas de mine. Si le gros de l'armature était en pierre, le reste était constitué de rondins et de poutres en bois grinçant. Les fenêtres éclairaient peu la pièce, ce dont le fermier se moquait généralement puisqu'il était dehors la plupart du temps. Pour l'occasion il jeta une bûche dans la cheminée et alluma un feu qui eut peine à prendre.

Travaux inachevésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant