Harry
- Mon garçon, c’est l’heure d’aller en cour. J’entendais à peine ce que le vieux d’à côté me disait.
Ma joue était collée contre la vitre gelée de la Dacia de mon tuteur et ma respiration était lente et posé, j’étais bien, comme sur la route.
Pourquoi tu t’es fait prendre en train de voler des cannettes de Coca débile ! Personne aurait jamais su ou t’était et tu serais encore en train de rouler sur les routes du Nevada, pauvre con.
Mes yeux s’écarquillèrent et j’aperçus l’endroit où j’étais, sur le parking de lycée. John, mon tuteur, tourna la clef dans le compteur et me donna une tape amicale sur le haut de la tête. Je l’aimais bien John, c’était un mec cool avec un boulot cool et une nana cool.
- Bouge-toi, plus jamais je t’emmènerais ici, t’iras avec ta moto la prochaine fois, grogna-t-il en riant.
- Je te rappelle que c’est toi qui as tenu à m’emmener John… Soufflais-je en attrapant mon sac à dos sur la banquette arrière.
- Bah ouais, sinon t’y serais jamais allé. Conclut-il en déverrouillant les portières.
Une fille traverse devant la voiture, elle a l’air totalement bouleversée et perdue. Son regard est plongé vers le bas et une cascade de cheveux bruns tombent devant son visage. Je me surprends à l’observer traverser la route et aller s’asseoir, seul, sur les marches. Elle est nouvelle je suppose, peut être devrais-je l’aider ? Non, je ne suis pas le bon samaritain.
- Ferme la porte, j’me les gèle. Déclara John en me faisant un signe de la main.
J’hoche la tête et claque la portière. Il fait froid et tout à coup je ressens le besoin de sentir le soleil cognait contre ma tête, les rugissements de ma Harley et la voix rauque de Cash. Bon sang ! Je suis totalement fan de ce gars.
Ivy
Mon regard était cloué à mes bottillons. Je sentais la rosée s'immiscer à travers mes collants en soie blanc. Je sentais déjà le regard des autres sur moi, étrange sensation. Pour essayer d’effacer ce sentiment détestable j’augmentai davantage le volume de ma musique et changeai pour mettre un morceau plus entraînant, un morceau d’un de mes groupes favoris, The Fray. Je m’assis sur une des dizaines de marches qui séparaient le trottoir et le portail angoissant. Je sortis mon cahier et griffonna des paroles de chansons. Ici, tous est différent. Les gens s’habillent différemment, vraiment différemment. Ils parlent plus brusquement, forts, rigolent. Mes yeux balayèrent le décor qui se trouvait face à moi. Ce décor était tellement effrayant et inconnu. Je me trouvais sur des marches face à un parc immense, en plein centre-ville. Les pierres des murs des bâtiments étaient couleurs crème, comme à Paris. Des arbres encadraient l’esplanade pavée ou étaient regroupés les adolescents. Ces derniers étaient plongés dans leurs mobiles, les jeunes filles se repoudraient et pouffaient entres elles pendant que les jeunes hommes les dévisageaient d’un regard que je qualifiais de dégoûtant. Personne ne me remarquait à mon grand soulagement. Une fois de plus, je resserrais ma queue de cheval et lissai ma robe. Pourquoi étais-je mal à l’aise dans ma robe alors qu’elle est, parmi toute celle que je possède, celle que je préfère ? Je n’ai jamais été mal à l’aise dans mes vêtements, encore moins en robe mais ici, tout est différent, j’ai l’impression qu’à la minute ou je suis sortie de la voiture de Dick, tout a changé.
Une vieille femme avec un chignon stricte et un tailleur noir ouvrit l’immense portail effrayant. Quelques élèves se dirigèrent à l’intérieur mais la plus part attendaient. Quoi ? Je ne sais pas. Je décidai de faire pareil qu’eux, après tous, nous avons le temps, il est 8h20 et les cours ne commencent qu’à 8h50. Mes doigts pianotaient sur ma cuisse alors que le morceau que j’écoutais accélérait. Je balançais ma tête de gauche à droite toute en tenant mes paupières closent. Un bref instant, j’oubliais presque que j’étais seul, dans la rue, devant mon nouveau lycée. Lorsque je pensai au lycée, mes paupières s’ouvrirent instantanément et mes pupilles se dirigèrent aussitôt vers ma montre. 8h40. Je rangeai mon carnet, mes écouteur, mon iPod, glissa mon sac à main sur mon épaule et gravis les marches deux par deux en tirant ma robe vers le bas. Je passai devant un groupe de jeunes hommes placés juste devant les grandes baies vitrées de l’entrée. Ils me regardaient méchamment.
- T’es pressée poupée ? Me lança un d’entre eux.
Je verrouillai mon regard dans le sien et scruta le fin fond de ses yeux pour trouver une bride de culpabilité ou de gentillesse mais je ne trouvais rien, juste de la méchanceté. Le jeune homme baissa le regard et s’approcha. Ses cheveux couleur jais virevoltaient et ses yeux sombres étaient enfoncés sous un sourcil broussailleux. Lorsqu’il sourit salement, ses lèvres révélèrent une rangée de dents parfaitement alignée et blanches comme s’il sortait du cabinet d’un dentiste. Il était habillé comme ces rebelles qui hurlent des paroles de chansons incompréhensibles dans leur garage. Des tatouages recouvraient la totalité de sa peau non-recouverte par sa veste en cuir brun et il possédait un piercing a la lèvre et au-dessus du sourcil droit.
- Tu sais il nous reste 10 minutes, je suis sûr que tu ne supposes même pas tout ce qu’on peut faire en 10 petites minutes ma mignonne. Susurra-t-il et son oratoire derrière lui ria d’un rire gras.
Je soufflai d’agacement et fis mine de rien et je continuai mon chemin malgré les cris incessant de ma conscience m’ordonnant de me retourner et de le gifler. Je sentais encore son regard sale dans mon dos lorsque j’entrais dans une place gigantesque que je supposais être la cour de récréation. Quatre bâtiments étaient placés l’un face à l’autre formant un carré, comme à l’extérieur. La couleur de leurs pierres étaient la même que celle de Paris, couleur crème. Là aussi, des dizaines de groupes de jeunes s’étaient formés un peu partout. J’étais perdu. Que dois-je faire ? Sûrement me présenter au responsable de l’établissement ? Après tout, je suis nouvelle ici et je ne suis jamais allé au lycée avant, alors il ne me connaisse pas et ce serait une bonne idée d’aller me présenter. Je sortis le plan du lycée que j’avais reçu quelques jours avant la rentrée. On avait numéroté les salles de classes de 101 à 509. Je n’avais absolument aucune idée à quoi ça me servirait mais si l’administration à fait ça c’est qu’il y a forcément une raison. Je cherchais donc l’administration mais lorsque je pus enfin mettre le doigt dessus, une sonnerie stridente retentit dans toute l’infrastructure. Les groupes d’étudiants se dirigèrent progressivement vers le centre de la cour et puis plus rien, ils se remirent à parler comme quelques secondes auparavant. Quel monde étrange pensais-je alors que je me dirigeais directement vers le regroupement en reportant l’idée de me présenter à l’administration. Ici, j’avais l’impression que tout le monde se connaissait et n’aperçus personne seul comme moi. Une ribambelle d’adultes en costume noir défilèrent et montèrent sur une petite estrade et se placèrent en ligne face à nous. Un d’entre eux, un vieil homme aux cheveux gris s’avança et se plaça devant un micro plaçait sur un pied. Il tapota deux fois sur le micro et prit la parole :
- Bonjours chères élèves, voilà, votre dernière année ici débute. Nous espérons que cette année sera productive, enrichissante et satisfaisante. Les examens de passage à l’université se feront en fin d’année, vous obtiendrez les dates précises au cour de l’année. L’établissement et l’accompagnement éducatif font du mieux qu’il le peut pour vous assurer un bonne dernière année. Sur ce, les listes des classes ont été affichées sur les baies vitrés. Bonne année à nos côtés et bonne chance.
Sur ces derniers mots, il acheva son discourt et le rassemblement se dirigea au pas de course vers ces fameuses baies vitrées. J’observai patiemment ce qu’il se passait autour de moi sans comprendre ce qu’il se passait. Je me sens tellement seul, tellement désespérée. Des larmes salées eurent l’audace de déborder de mes yeux et je n’eus pas la force de les arrêter. La pression était trop forte, je n’y arriverais pas.
VOUS LISEZ
Paradoxe.
FanfictionParadoxe : Opinion, proposition contraire à la logique, au sens commun. « Je me suis blessé aujourd'hui Pour voir si je ressens encore quelque chose. Je me concentre sur la douleur, La seule chose qui soit réelle. L'aiguille déchire un trou, Ce...