Chapitre IV : Maniaco dépressive

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Secrètement, j’espérais que le jeune bouclé m’aurait suivi mais il n’en fit rien. Ca y est, je suis passée pour une folle.

Bravo Ivy, tu as encore échoué ! M’intima ma conscience.

Je pestais et sortis du lycée. Je n’avais pas cour et j’avais terriblement faim. Je ne connaissais point le centre-ville mais j’appréciais parcourir les rues, les routes, regardaient les vitrines en écoutant la musique. Alors que l’odeur d’un restaurant m’attira dans une ruelle, je passai devant un groupe de filles assises à la terrasse d’un café. Elles m’observaient d’un regard que je qualifierais de malveillant. Je fixai l’une d’entre elle, celle au regard le plus froid, elle se leva et s’approcha de moi.

-          Pourquoi tu me fixes ? Je te fais peur ?  Lança-t-elle en s’approchant encore plus de moi. Cette scène ressemblait bizarrement à celle de ce matin. Je décidai de l’ignorer et de tracer mon chemin.

-          Tu sais qu’on ne s’habille plus comme ça depuis le moyen âge ma chérie ?  Me nargua-t-elle. Sa bande étouffa un rire. Je m’arrêtai net.

-          C’est tellement bas de critiquer sur le physique. Mais vu que je suis de mauvaise humeur et que tu m’as poussé à bout, je ne vais pas te rater. » Lâchais-je en revenant sur mes pas et en me mettant à sa hauteur.

Je plongeai mon regard dans le sien et y lu toutes ses faiblesses. Grâce à ça, je mis en place une répartie dans ma tête qui la mettra sur le tapis en un seul coup.

-          Ton copain t’a quitté ma belle ? Tu l’aimais ? C’était même la première fois que tu aimais quelqu’un pour de vrai, je me trompe ?  Crachais-je en ne lâchant jamais son regard.

Elle acquiesça et je pu lire de la peur et de la tristesse dans ses yeux.

Ne te laisse pas faire Ivy, bats toi.

-          Tu sais pour qui il t’a quitté ? Et pourquoi ? » Je m’avançais vers la table ou se trouvait toutes ses amis, elle me suivit et plongeai mon regard encore plus profond, j’atteignais son âme.

 Elle hocha la tête négativement, complètement hébétée.

-          Quelle naïveté… Quelle est la personne à qui tu tiens le plus ici ? A qui tu fais le plus confiance ?  je continuais. 

Elle pointa une jeune blonde au regard perdu.

-          Hum… A présent, à qui as-tu parlé le plus de ton copain ? Qui en sait le plus ? Qui connais le plus ton copain ? Qui le fréquente le plus ? 

Elle pointa à nouveau son doigt tremblant vers la jeune blonde qui était à présent complétement perdue et décomposée.

-          J’espère que tu comprends ce que j’insinue, n’est-ce pas ? » Demandais-je, un sourire semi-sadique sur le visage.

Qui suis-je pour faire ça ? Je suis un monstre, une folle, une maniaquo-dépressive, je me déteste. Le visage de la grande blonde se décomposa et elle éclata en sanglot tout en regardant sa meilleure amie avec dégout.

Sur ce, je partis en pressant le pas et entrai dans le premier café qui venait. Sa devanture était en bois, c’était un de ces pub anglais qu’on voit sur les cartes postales ou sur les chaines françaises.  Un serveur me proposa une table mais je refusai poliment et m’assis au comptoir, je préférais ça.

-          Qu’est-ce que je vous sers mademoiselle ?  me lança le barman.

Je lui souris poliment et commandai un chocolat liégeois. Je sortis mon carnet et un crayon de mon sac à main que je déposai délicatement sur mes genoux. Une mélodie quelconque traversa mon cerveau et envahit mes pensées. Je devais la mettre sur papier sinon j’allais l’oublier. Je m’appliquais à faire mes portés et écrivis les partitions de cette mélodie que je voulais reposante. Le visage décomposé de la jeune blonde hantait encore mes pensées. Pourquoi ai-je fais cela ? Elle ne m’avait rien fait de méchant, elle cherchait juste un peu de reconnaissance auprès de ses amies. Je suis sûr qu’elle a des problèmes chez elle, notamment du côté de son père. Généralement les jeunes femmes qui côtoient les hommes et qui vivent des histoires d’amours par dizaine et qui n’ont aucun équilibre, ont généralement un problème avec le paternel, c’est comme ça. J’étais complètement plongée dans mes pensées et dans la création de ma partition et je n’entendis pas les bruits de pas pressés derrière moi.

Paradoxe.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant