Chapitre 1: Et le Mal fut.

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Dans le royaume de Toowaïyeff, par une belle journée ensoleillée, alors que ses habitants vaquaient tranquillement à leurs occupations pacifiques, le roi Forakäm était dans son bureau plongé dans le noir. Il venait de retrouver dans une de ses nombreuses étagères un livre épais entièrement vierge. Sur la couverture en cuir usé, on pouvait encore lire dans une écriture à caractères dorés « Livre de l'Origine ». En plus petit en dessous, cette fois à peine visible, était précisé « puisse la vérité du monde être écrite sur ces pages vierges par une âme pure ». Forakäm avait depuis longtemps oublié que ce livre lui avait été offert par une personne restée inconnue à ce jour. Il avait simplement été posé au pied de la porte de son château atypique. Bien qu'il ne se considérât pas comme l'âme la plus pure du monde, c'était pourtant ce qu'il était et c'était exactement la raison pour laquelle ce livre lui avait été confié. A présent qu'il l'avait retrouvé, il se rappelait exactement ce qu'il devait faire avec. Il s'assit à son bureau, ouvrit l'incunable à la première page, prit sa plus belle plume et commença à écrire.

« L'histoire que je vais raconter ici m'a été contée par le plus grand roi jamais connu et dont le monde ne connaitra plus jamais l'égal. C'est donc un grand honneur pour moi, et un devoir aussi, de narrer les hauts faits de cet honorable souverain et de son ami.

L'histoire du roi Tranyëm commence comme celle de chaque humain de ce monde. Il naquit dans une famille aimante, dans le royaume de Kimelano, et déjà dès ses premières années, il manifestait un grand intérêt pour la magie. Ses parents étaient certains qu'il allait devenir un grand mage, étant donné qu'il manifestait déjà à ses 5 lunes une grande sensibilité pour cet art. Ce fut durant son enfance que Tranyëm rencontra son meilleur ami, Morkräg, né seulement quelques jours après lui. Durant toutes les années de leur jeune vie, il ne se quittèrent pas un instant et se firent un jour la promesse de devenir les deux mages les plus puissants que la Terre n'ait jamais portés.

Tranyëm m'avait fait la confession que cette promesse datait de l'époque où ils étaient encore adolescents et qu'en grandissant, il s'était orienté vers une voie plus altruiste, celle d'aider son prochain et non d'agir pour la gloire.

Lorsqu'ils atteignirent tous deux l'âge de 18 lunes, ils entrèrent dans la même école de magie, la plus prestigieuse de Nouklyën : l'école de magie de la lumière de Kimelano. Les deux amis étaient décidés à s'initier à cette discipline jusqu'au bout des doigts. Certes, Morkräg n'était pas aussi talentueux que Tranyëm mais partout où Tranyëm allait, il le suivait, et Tranyëm s'en accommodait facilement, portant Morkräg dans son cœur comme un petit frère.

La magie de lumière est dure à maitriser et les études furent laborieuses, même pour notre héros car voyez-vous, lorsque l'on apprend la magie de lumière, on n'apprend pas à la maitriser telle quelle mais plutôt l'une de ses incarnations. La spécialisation vient après des années de pratique. La branche la plus connue est celle de la Connaissance, elle-même comprenant la médecine, l'histoire, la géographie et d'autres disciplines apportant la lumière du savoir aux habitants de Nouklyën.

Au fur et à mesure de leurs années d'étude, les deux amis augmentèrent leur niveau de manière drastique. Les professeurs s'étonnaient chaque jour davantage de voir Tranyëm aller plus loin qu'ils ne l'avaient jamais été, car celui-ci était sur le point de maitriser la Lumière en elle-même et non pas seulement l'une de ses incarnations. Cette puissance divine les impressionnait autant qu'elle les effrayait et ils ne manquaient pas de rappeler au jeune homme que la soif de pouvoir peut être dangereuse. Cependant, ce n'était pas à Tranyëm qu'il fallait dire ça, parce qu'il l'avait compris depuis longtemps, mais à Morkräg qui n'avait pas abandonné son dessein d'être le magicien le plus puissant du monde. Mais les professeurs n'avaient aucune raison de s'inquiéter pour Morkräg qui s'éloignait de plus en plus du niveau de Tranyëm, et qui, dans son cœur, ne visait pas à se transformer en tyran mais simplement à faire du bien autour de lui en devenant très puissant. Il avait trouvé sa branche après cinq ans dans l'école et celle-ci était celle de la psychologie. Il souhaitait être assez puissant pour satisfaire les désirs qu'il pourrait ressentir chez le menu peuple. La voie de l'empathie est louable et Morkräg était un bon élève, studieux et sage. Mais c'était sans compter la septième année d'étude des deux amis.

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