Rose

Chapitre 30, "Journalistes"

Voilà, nous y sommes. Je ne sais pas si je me dis « enfin » ou « pourquoi pas plus tard ? » Nous allons devoir sortir. Nous allons parler aux caméras. Aux caméras...Mais comment réagir devant des caméras ? Ca doit être très étrange... de parler à un objectif. Mince ! À New York, ils parlent anglais ! Je ne m'en rends compte que maintenant.

Comment faire ? J'ai fait de l'anglais comme tout le monde à l'école et j'ai de bonnes notes. Mais il y a une différence entre avoir de bonnes notes et partir vivre dans un pays anglophone. Alex, lui, sait parler anglais. Cela va être plus facile pour lui de s'intégrer. Peut-être pourrait-il me donner des cours ? Il faut que je le lui demande.

Je suis les juges et mes autres camarades sur le chemin de la sortie, sur le chemin de la pseudo « gloire ». Sur mon chemin. Nous arrivons devant la porte vitrée. Des journalistes sont là, avec leurs caméras. Ils nous attendent, ils attendent les gagnants. Fred Allbourne ouvre la porte et ils sortent tous les quatre. Ils nous ont dit que nous serions appelés un par un.

Nous ne pouvons pas entendre ce qu'ils disent mais ils doivent sortir un discours habituel. Alex me prend le bras.

- Rose, est-ce que ça va ? me demande-t-il, l'air réellement inquiet.

- Oui, ça va. J'ai peur.

- Je crois que c'est tout à fait approprié, nous plongeons droit dans l'inconnu. Mais nous sommes là, ensemble. On ne se lâche pas, d'accord ? demande-t-il aussi à Aylia et Kaleb.

Ils hochent la tête.

- Alex, pourras-tu me donner des cours d'anglais ? je lui demande.

- Bien sûr, je vous aiderai tous les trois.

Nous n'avons pas le temps de le remercier que le premier d'entre nous est appelé. C'est Kaleb qui commence. Il se dirige vers la porte qui est désormais ouverte. Au moment même où il met les pieds dehors, un tonnerre d'applaudissements retentit. La porte se referme et nous n'entendons plus les bruits extérieurs. On ne sait pas quoi dire. C'est un moment si important pour nous tous que nous ne pouvons tout simplement pas parler. Aylia finit par dire quelque chose.

- Je suis vraiment heureuse que nous ayons été pris tous les trois.

- Moi aussi, vous ne pouvez pas savoir, dit à son tour Alex.

- Moi aussi, cela me rassure, leur dis-je.

Alex me fixe d'un regard qui signifie « moi aussi ». La porte s'ouvre à nouveau, puis le nom d'Aylia retentit derrière nous. Elle lève la tête, affiche son plus beau sourire puis suit la femme qui, auparavant, était venue chercher Kaleb.

- Je suis vraiment désolé de m'être conduit comme un crétin ces derniers temps. James, je ne peux pas le supporter.

- Je ne sais pas trop si je dois te remercier ou pas, lui dis-je, un grand sourire fixé sur mon visage.

- Tu es vraiment belle, m'avoue-t-il en rougissant.

- Pour ça, je sais que je dois te remercier. Alors merci Alex. Pour tout.

- Merci à toi. Grâce à toi je me sens chez moi, ici.

Je m'approche et le prends dans mes bras. Au moment où nous nous écartons, Alex est appelé. Il ne reste plus que moi. Je ne suis pas rassurée de parler à des caméras qui, elles, sont là uniquement pour me juger. Mais je me dis : reste toi-même, ce n'est pas grand-chose. Ce n'est pas comme si tu allais passer sur toutes les chaînes de télévision en Suisse. Je n'ai pas le temps d'approfondir mes pensées que l'on m'appelle déjà. A mon tour, je suis la femme qui est venue me chercher.