Voilà trois jours que j'avais repris mon travail d'esclave. J'avais loupé deux journées avant de me sentir suffisamment forte pour remplir ma tâche à nouveau. Mes camarades avaient tous semblés ravis de me revoir, sauf Auguste bien-sûr. Pour ce qui était de la famille, seul Aaron avait paru s'en rendre compte. Il m'avait envoyé un sourire éblouissant quand il m'avait vu, avant de reprendre sa discussion avec son père. Carmen avait repris ses habituels regards meurtriers. Ils déjeunaient maintenant tous dehors. Le beau temps permettait de profiter de la chaleur saisonnière. Quand je m'étais rendue dans la chambre de Silène, celle-ci ne m'avait même pas lancé un regard et avait juste marmonné un « Tu en as mis du temps pour récupérer. » J'avais grommelé un vague « excusez-moi » avant de me planter devant elle, attendant les ordres.
Maintenant, j'étais en train de remonter le couloir en direction de sa chambre. Il y a de cela une heure, elle m'avait expédié pour la fin de la journée, car elle souhaitait rester seule. Seulement, je venais de me rendre compte que j'avais oublié mon bracelet en bronze dans sa chambre. Je l'avais retiré afin de lui étaler une crème plus tôt dans l'après-midi et il m'était ensuite complètement sortit de l'esprit. Comme dorénavant je savais que le bijou n'était pas à mon poignet, sa présence me semblait indispensable et je m'étais hâtée en direction de la chambre de ma maîtresse.
Une fois devant la porte, je toquais, n'attendis pas la réponse et entrai. Je voulais en finir au plus vite. Seulement, la scène qui se déroulait sous mes yeux n'était pas celle à laquelle je m'attendais. Silène était recroquevillée par terre au bord de son lit, et pleurait à chaudes larmes. Je fus immédiatement mal à l'aise et voulus m'éclipser, le bracelet soudain oublié. Malheureusement, je dus faire du bruit car elle releva brusquement la tête.
- Que fais-tu là ? cracha-t-elle. Je t'avais dis de partir !
- Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger. J'étais simplement venu récupérer mon bracelet.
Elle s'essuya rageusement, les yeux, honteuse d'être vue dans cet état.
- Prends le et fiche le camp !
Je ne me fis pas prier et récupérai précipitamment l'objet posé sur la petite table. Je repartis en direction de la porte et m'apprêtais à l'ouvrir quand j'eus soudain des remords. Silène allait mal. Même si elle m'avait imposé de partir, elle avait peut-être, malgré tout, besoin de réconfort. Après tout, son frère avait été là pour moi il a de cela plusieurs jours. J'étais son esclave, et en quelque sorte, il était de mon devoir de veiller à son bien être. Même si je ne la portais pas forcément dans mon cœur, la voir ainsi me fit de la peine. Je décidai d'intervenir.
- Je sais que vous avez envie d'être seule, mais si vous souhaitez en parler je suis là.
Elle releva la tête et fronça les sourcils.
- Je ne veux surtout pas paraitre indiscrète... précisais-je rapidement.
- Tu serais prête à perdre de ton temps, de ton plein gré.... Pour moi ? m'interrogea-t-elle, dubitative.
- Si cela permet d'atténuer votre tristesse, ce serait avec plaisir.
Une ombre passa dans son regard et elle se remit à sangloter. Je m'approchai, et posai une main réconfortante sur son épaule.
- J'ai tellement honte... avoua-t-elle entre deux sanglots.
- De pleurer devant moi ? Il ne faut pas se formaliser à cela.
- Mais non ! Cela m'est égal ! Je parle de mes sentiments.
Oh. C'était un problème de cœur. Voilà qui devenait intéressant. Je m'assis auprès d'elle, attendant qu'elle se confie. Au bout d'une minute, elle finit par dire.
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La tête baissée
Historical FictionRome, 1er siècle après JC. Daphnée, 19 ans, vient d'être capturée et se voit forcée de devenir esclave. Indignée par son sort et inquiète quant au futur de ses frères, elle va néanmoins devoir se plier aux règles qui lui sont fixées. Seulement, tout...