Aaron
C'est légèrement sonné que je fis route jusqu'à chez moi. Cela faisait seulement quelques minutes qu'elle était partie en courant, clamant haut et fort qu'elle me détestait. Cela m'avait fait mal. Je ne pouvais pas le nier. J'avais eu si envie de partir à sa poursuite, de la retenir et de lui expliquer. Mais c'était tout simplement impossible. Le fait qu'elle me hait faciliterait notre éloignement l'un de l'autre.
Seulement, j'avais dû combattre contre moi-même pour la forcer à monter sur l'estrade. Une part de moi savait que si je paraissais détacher, personne ne se douterait de rien. L'autre, luttait en mon fort intérieur, voulant la garder, serrée contre moi et loin de toutes ses sales mains. Son regard avait été si implorant et désespérée que j'avais failli l'attraper par la main et la sortir de chez Victor. Quand elle avait finalement compris que je ne céderai pas, ses prunelles avaient été si angoissées. Mais ce qui m'avait le plus marqué, c'était sa colère et sa déception à mon égard. Tout le long de la soirée, je n'avais fait que de la surveiller discrètement et je m'étais contracté chaque fois qu'un homme s'était approché un peu trop d'elle. Je m'étais senti si impuissant, que j'avais enchainé plusieurs verres sans m'en rendre compte.
J'étais finalement parti demandé un nouveau verre à un esclave, quand ce que je redoutais le plus s'était produit. Lorsque j'avais fait mon retour dans la pièce principale, Daphnée avait disparue. Mon cœur s'était immédiatement mit à battre plus vite, raisonnant sourdement dans mes oreilles. J'avais cherché un peu partout dans la salle, les yeux écarquillés, puis mes pas m'avaient finalement portés jusqu'aux chambres latérales. Lorsque j'avais entendu ses petits cris horrifiés, des larmes de colère m'étaient montées aux yeux. Je n'avais pas réfléchi un seul instant, à comment j'allais me justifier auprès de l'homme et avais foncé. Lorsque j'avais reconnu la silhouette de Sirius, la rage m'avait tellement emplie, que mon poing était parti tout seul. Daphnée avait alors relevée la tête complètement déboussolée, mais reconnaissante. Cependant, quand elle m'avait reconnu ses traits s'étaient figés en une grimace. Cela m'avait un peu plus brisé. Sirius avait alors bredouillé ce qu'il ne fallait pas et j'en avais profité pour passer toute ma fureur contre lui. Il avait voulu la forcer, lui enlever son innocence. Elle avait pleuré mais il n'en avait eu que faire. A chaque fois que je cognais contre sa peau, je revoyais et entendais la détresse de Daphnée. Il fallait que je la venge. Elle nous avait finalement séparés et je l'avais emmené à l'extérieur.
C'est là-bas qu'elle m'avait craché tous ses ressentiments au visage. Je ne pouvais pas nier ses propos et cela me détruisait. Il valait mieux qu'elle croit qu'elle ne m'intéressait pas. Quand elle m'avait avoué qu'elle se sentait elle-même avec moi, j'avais eu envie de lui crier que moi aussi, nom de Jupiter ! Moi aussi, car je n'avais plus besoin de me montrer fort et arrogant comme un patricien. Moi aussi, car j'adorais jouer de la lyre devant elle et rire des ses boutades et maladresses. Mais malgré tout, la société ne prenait pas en compte nos sentiments. C'était une esclave et j'étais son maître, point. Alors je l'avais laissé parler et partir.
De retour dans ma chambre, je me rendis compte que les évènements de la soirée tournaient en boucle dans mon esprit depuis que Daphnée était partie en courant. A plusieurs reprises j'avais voulu faire demi-tour pour la retrouver, mais m'étais abstenu. Elle préférait être seule. Seulement, elle ne savait pas que nous n'allions pas nous revoir avant plusieurs jours... Avait-elle décidée de fuir pour ne plus jamais me voir ? Préférait-elle vivre hors de la ville, sans rien pour survivre plutôt qu'elle soit malheureuse et pleine de souvenirs amers ici ?
Je m'assis sur mon lit, la tête rentrée et les mains sur le visage. Je ne pouvais m'empêcher de revoir Sirius toucher sa peau, l'embrasser de force. Cela me donnait envie de vomir et de tout casser. Même si j'avais déjà eu des liaisons à quelques reprises avec des jeunes femmes à cet endroit, elles avaient toutes été consentantes. Jamais je ne les aurai forcées. Je m'allongeais en soufflant, tentant de me détendre, en vain. Je passai la nuit les yeux ouverts, fixant le plafond. Pourquoi ne ressentais-je pas pour Rosa ce que je ressentais pour Daphnée ?
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La tête baissée
Historical FictionRome, 1er siècle après JC. Daphnée, 19 ans, vient d'être capturée et se voit forcée de devenir esclave. Indignée par son sort et inquiète quant au futur de ses frères, elle va néanmoins devoir se plier aux règles qui lui sont fixées. Seulement, tout...