Chapitre 2

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Le trajet de l'aéroport jusque chez mon père n'était que de vingt-cinq minutes lorsque la circulation était fluide. Heureusement pour nous, ce soir-là elle l'était. Tandis que Greg conduisait, mon père – qui était côté passager – se mit à me faire la conversation.

- Ton vol s'est bien passé ?

- Long mais ça était, oui.

- Rassures-moi tu n'es pas fatiguée ? me demanda mon frère. Parce que j'ai invité quelques amis à venir manger un barbecue.

Je me tendis immédiatement. Déjà ? Je ne m'étais pas encore installée qu'il avait déjà prévu une petite soirée ? J'avais espéré pouvoir souffler quelques jours avant que cela n'arrive mais apparemment, il ne voyait pas les choses de la même manière que moi.

- J'ai dormi dans l'avion, finis-je par répondre.

Après tout, que pouvais-je dire ? Ce n'est pas parce que je venais m'installer avec eux qu'il allait cesser de voir ses amis.

- Tu verras, ils sont sympas, dit mon père.

- Je t'en ai déjà parlé pleins de fois, ajouta Greg.

Cela ne me rassura pas du tout. Quand Greg me parlait de ses amis, il faisait davantage mention de garçons que de filles. Les seuls noms de filles qu'il avait prononcé étaient Juliette et Lily, la première étant sa petite-amie.

Le silence finit par s'installer et je me mis à regarder à travers la fenêtre. De là où on était, on pouvait facilement apercevoir la mer au loin. Un sentiment de liberté m'envahit et un léger sourire effleura mes lèvres. Si j'avais su à quel point je me sentirais bien en venant ici, je serai partie bien plus tôt. Alors que Londres m'angoissait, me donnait l'impression d'être en cage, ici, c'était complètement l'inverse. Ouvrant la fenêtre, je passai ma tête à travers et fermai les yeux. Le vent fouettait mon visage, faisant voleter mes cheveux. Oui, c'était un nouveau départ et je comptais bien tout faire pour tourner la page et réapprendre à vivre.

Nous finîmes par arriver devant la maison de mon père et je constatai que celui-ci y avait fait de nombreux travaux depuis la dernière fois que j'étais venue. Avant, la façade était rouge, désormais, elle était blanche. De plus la maison semblait être deux fois plus grande.

- Tu as agrandi la maison ? m'étonnai-je.

- Oui, j'ai eu la possibilité d'acheter la maison qui était juste à côté alors je l'ai assemblé, sourit mon père. Et dis-toi que grâce à ça, on a chacun une chambre et une salle de bain. Alors contente ?

Sans doute se souvenait-il de la fois où je m'étais plainte de partager une salle de bain avec deux hommes, ce qui n'était pas du tout évident et ce pour n'importe quelle pré-adolescente. Sortant de voiture, Greg me fit signe de le suivre, pendant que mon père allait rentrer la voiture dans le garage. Suivant Grégoire, je constatai que la décoration intérieure avait également changé. Une décoratrice avait-elle emménager ? Je connaissais assez le talent de mon père dans la décoration pour me le demander !

Nous montâmes un escalier et constatai qu'il y avait deux portes à chaque extrémité du couloir.

- A gauche, c'est ma chambre, m'expliqua Greg. Et à droite, c'est la tienne.

Il m'accompagna jusqu'à ma chambre et ouvrit la porte. J'écarquillai les yeux en constatant qu'elle faisait deux fois la chambre que j'avais à Londres. Les murs étaient de couleur beige et rouge, un énorme lit trônait à deux mètres de la porte. Face à lui, mon père avait installé la coiffeuse que je lui avais fait envoyé il y a quelques jours. Rouge et blanche, elle mesurait un mètre de haut, sans compter le miroir de soixante-dix centimètres qui le surplombait et faisait un mètre cinquante de large. S'il y avait bien un meuble que j'avais voulu conserver et emmener jusqu'ici c'était bien celui-là. Jamais je n'aurais pu me séparer de ce cadeau que m'avait fait Ana quand j'avais treize ans avant de se suicider.

Les chaînes du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant