Chapitre 7

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Comme tous les soirs depuis près d'une semaine, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Je devais reprendre les cours dans un peu plus de six heures et j'étais incapable de dormir. Les yeux fixés sur le plafond de ma chambre, je ne faisais que ressasser ce qu'il s'était passé depuis cette fameuse soirée.

A peine quelques secondes après être entré de force dans ma chambre, le jeune homme avait fermé ma porte à clé et j'avais vite compris que je ne pourrais pas m'échapper aussi facilement que je le désirais. Je n'avais alors entrevu qu'une seule solution : m'enfermer dans mon dressing. Je m'étais rapidement précipitée vers celui-ci et heureusement pour moi, l'homme qui me menaçait était bien trop ivre pour me rattraper.
M'enfermant à double tour, j'avais rapidement sorti mon téléphone de ma poche et avais composé le numéro de Grégoire à toute vitesse, mon cœur battant à toute allure et ma respiration se faisant difficile.
- Réponds. Réponds, je t'en prie, avais-je murmuré tandis que la sonnerie d'attente retentissait dans l'appareil.
Tombant sur le répondeur une première fois, je réessayai rapidement tandis qu'on frappait fortement à la porte du dressing tout en m'ordonnant d'ouvrir. Je me rappelle avoir essayé de trouver mes anti-dépresseurs dans un des tiroirs avant que ma crise de panique ne s'accentue mais je n'avais trouvé qu'un flacon vide, flacon que j'avais jeté contre un mur par énervement. Des larmes de peur commençaient à couler le long de mes joues quand enfin au bout de trois sonneries, on décrocha enfin.
- Greg ? avais-je murmuré difficilement entre deux sanglots.
- Sara ? avais répondu une voix féminine. C'est Juliette. Qu'est-ce qui se passe ?
L'homme continuait de frapper violemment contre la porte tout en me criant d'ouvrir tandis que je tentais d'expliquer à la copine de mon frère ce qui était en train de se passer.
- Sara, calme-toi, respire, m'avait-elle demandé inquiète. Je vais chercher les garçons. Ne t'en fais pas, ça va aller.
Je m'étais mis à trembler encore plus violemment, ne parvenant pas à contrôler ma panique et le seul moyen que j'avais trouvé pour ne pas m'écrouler avait été de m'asseoir au fond du dressing.
- Ils arrivent, Sara, calme-toi, avait tenté de m'apaiser Juliette. Ça va aller. Tout va bien se passer.
La communication avait été interrompue au moment même où il avait réussi à enfoncer la porte du dressing. Ma respiration s'était faite encore plus difficile quand il s'était approché de moi en souriant. J'avais soudain entendu un bruit sourd et mon frère avait débarqué dans le dressing. Cela avait été la dernière chose que j'avais vu avant de m'évanouir.

Lorsque je m'étais réveillée deux jours plus tard, j'avais vite réalisé que je ne me trouvais plus chez mon père. Les murs et le mobilier entièrement blanc m'avaient vite fait réalisé que je me trouvais désormais dans une chambre d'hôpital. Rapidement ce qu'il s'était passé à la soirée me revint et je me mis à paniquer.
- Calme-toi, tu es en sécurité, avait murmuré une voix rassurante juste à côté de moi tandis qu'une main se posait sur la mienne.
Tournant la tête, j'avais constaté qu'il s'agissait de Grégoire et je m'étais calmée presque instantanément, sachant que j'étais en sécurité s'il était là. Quelques secondes plus tard, mon père était entré dans la pièce et en me voyant réveillée, avait de suite appelé une infirmière. Après m'avoir examiné, j'avais enfin pu rester seule avec les deux hommes les plus importants de ma vie et cela m'avait procuré un important sentiment de sécurité, ce dont j'avais fortement besoin à ce moment-là. Tandis que Greg était resté assis sur la chaise qu'il occupait tenant ma main, mon père s'était assis au bord du lit et avait caressé mes cheveux.
- Je sais tout, m'avait-il doucement dit. Les médecins ont fait des analyses quand on t'a amené ici et ils ont découvert que tu prenais des anti-dépresseurs.
Dans l'heure qui avait suivi, ils avaient essayé de savoir pourquoi j'en prenais et depuis combien de temps. Je n'avais rien voulu dire, j'étais restée silencieuse tout le long, les laissant parler voire s'énerver. Je ne pouvais rien leur dire. Face à mon silence, mon père avait fini par abandonner le sujet. Ce n'est qu'en rentrant à la maison le lendemain qu'il m'avait appris avoir pris rendez-vous pour moi chez un psychologue car d'après lui, cela ne pouvait me faire que du bien. Je crois que je n'avais jamais été aussi furieuse qu'à cet instant. Je lui avais hurlé dessus en lui disant que je n'irais jamais voir de psy, qu'il n'avait pas à se mêler de ma vie et que s'il comptait m'y forcer, je partirais et qu'il ne me reverrait jamais. Évidemment, face à mon énervement, il avait été complètement décontenancé et Greg s'était empressé d'intervenir avant que cela ne dégénère. M'emmenant dans ma chambre, il était resté avec moi toute l'après-midi et allongés dans mon lit, ma tête sur son épaule, nous avions regardé des films jusqu'à ce que je m'endorme.
Évidemment, mon sommeil n'avait pas été de tout repos, bien au contraire. J'avais fini par me réveiller en hurlant comme je le faisais depuis maintenant des mois et Greg n'avait rien pu faire pour me calmer. Il avait été obligé de s'éloigner de moi pour que j'arrête de crier mais malheureusement, cela n'avait pas suffit. Ce qu'il s'était passé lors de sa fête n'avait fait qu'accentuer la terreur irrationnelle que je ressentais depuis des mois et il avait fallu que mon père me force à avaler des médicaments pour que je parvienne à me calmer. Suite à cela, il avait passé le reste de la nuit dans ma chambre à surveiller que je ne me réveille pas à nouveau complètement paniquée. Durant les jours qui avaient suivi, je n'avais plus réussi à fermer les yeux plus de trois heures par nuit.
Trois jours après ma sortie de l'hôpital, après avoir appris que je prenais des anti-dépresseurs, ma mère m'apprenait qu'elle voulait quitter Londres pour venir s'installer près de Greg et moi. Elle était tellement inquiète pour moi qu'elle ne s'imaginait pas rester à l'autre bout du monde. J'avais essayé de lui dire que ça allait, qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour moi mais cela n'avait servi à rien. Elle était bien décidée à venir vivre à Carpinteria et mon père était prêt à l'aider. Face à cette décision, je n'avais pu m'empêcher de m'en vouloir. C'était de ma faute si elle quittait l'endroit où elle vivait depuis des années, où elle avait trouvé un bon travail, où elle avait trouvé de bons amis et où elle avait, surtout, à nouveau trouvé l'amour. Lorsque je lui avais demandé de ne pas quitter tout cela, elle avait simplement répliqué que son petit-ami était prêt à la suivre. J'avais été surprise d'entendre cela, ne m'attendant pas à ce que cela soit aussi sérieux. Evidemment, tout ce que j'avais pu dire pour l'empêcher de déménager n'avait servi à rien, elle avait pris sa décision et rien de ce que je pourrais dire ne lui ferait changer d'avis.
Ayant eu un justificatif d'absence d'une semaine par un médecin de l'hôpital, je n'étais pas retournée en cours. J'avais passé ma semaine enfermée dans ma chambre, ne désirant voir personne et fixant éternellement le tableau de Lucas, que Greg avait accroché au dessus de ma tête de lit. Certains de ses amis avaient voulu prendre de mes nouvelles mais j'avais refusé de voir quiconque et de parler. Oui je prenais des anti-dépresseurs mais non, je n'avais aucune envie de me justifier. Ce que je faisais ne regardait personne. Durant la semaine, mon père m'avait emmené chez un médecin et celui-ci avait refusé de me prescrire à nouveau des anti-dépresseurs sans l'avis d'un psychologue. Après l'avoir insulté de tous les noms, j'étais sortie du cabinet furieuse, sans même attendre mon père, bien décidée à trouver un autre moyen pour me procurer ce dont j'avais besoin. Évidemment, Greg qui attendait dans la voiture m'avait tout de suite rattrapé et avait tenté de me calmer. Depuis, lui et mon père n'avaient plus osé me parler de psychologue, ayant bien trop peur de ma réaction.
C'est ainsi que la semaine était passée et que la nuit de dimanche à lundi était arrivée. A nouveau, je me retrouvais allongée dans mon lit, en train d'observer l'oeuvre de Lucas. Elle était si représentative d'espoir que c'était la seule chose qui pouvait me calmer depuis que cet individu était entré dans ma chambre et depuis que j'avais avalé mon dernier anti-dépresseur deux jours plus tôt. D'ici sept heures, je serai en route pour le lycée et j'ignorais quelle serait ma réaction sans mes médicaments. Serai-je à nouveau prise d'une crise d'angoisse ? Serai-je tellement tétanisée que je ne parviendrais pas à mettre un pied en dehors de la voiture de mon frère ? Comment ferais-je ? Les battements de mon cœur s'accélérèrent face à la simple idée de devoir y retourner et surtout de revoir cet homme qui avait bien failli me faire du mal. Certes, Greg m'avait assuré qu'il ne s'approcherait plus jamais de moi, que lui et ses amis lui avaient fait regretter l'état dans lequel il m'avait mis mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir peur à l'idée de le revoir. Pourquoi fallait-il qu'il se passe quelque chose où que j'aille ? Pourquoi ne pouvais-je vivre en paix ?

Lorsqu'il fut bientôt l'heure de partir pour les cours, j'attrapai mon sac – après y avoir glissé mon calepin – et descendis rejoindre mon père et Grégoire dans la cuisine. Tranquillement installés à la table en train de parler de moi, ils ne remarquèrent pas de suite ma présence et il fallut que je pousse un profond soupir pour qu'enfin, ils constatent que j'étais là. Leur discussion cessa immédiatement et Greg baissa les yeux de gêne tandis que mon père me scrutait avec inquiétude.
- Tu vas bien ? me demanda t-il.
- Oui, répondis-je simplement en me servant comme tous les matins un verre de jus d'orange.
Que pouvais-je répondre de plus ? Je mentais, mon père le savait et mon frère également. J'aurais pu continuer de leur faire croire que oui j'allais bien s'ils n'avaient pas découvert que je prenais des anti-dépresseurs. Ils n'auraient alors pas eu à s'inquiéter à longueur de temps pour moi mais malheureusement c'était trop tard. Ils savaient pour les médicaments et il était donc clair que je n'allais pas bien, bien au contraire. Une personne prenant ce genre de comprimés était considérée comme dépressive, tout le monde le savait parfaitement. Oui, j'allais mal mais non, je n'étais pas prête à l'avouer à voix haute.
- On y va ? finit par demander Greg.

Un quart d'heure plus tard, nous nous garions sur le parking du lycée, juste à côté de la voiture que je devinais être celle de Nathan vu qu'il en sortait. Je n'étais même pas encore sortie de la voiture que je pouvais déjà voir que de nombreuses personnes regardaient dans notre direction. Évidemment tout le monde était au courant de ce qui s'était passé il y a une semaine ! Greg ayant invité beaucoup de monde lors de sa soirée, mon départ en ambulance n'était pas passé inaperçu.
- Ça va aller ? me demanda Greg.
- Je ne suis pas en verre, répliquai-je en le regardant.
Il soupira puis ouvrant sa portière, alla rejoindre Nathan qui nous attendait. Observant à nouveau le monde à l'extérieur, je dus prendre mon courage à deux mains pour m'extirper de l'habitacle et lorsque enfin ce fut le cas, je le regrettai immédiatement. Tout le monde avait le regard braqué sur moi et à peine eus-je constaté cela que je sentis l'angoisse me tordre l'estomac. Fermant la portière, je baissai les yeux et rejoignis Greg. Nathan – qui avait été rejoint par sa petite-amie – me demanda si j'allais bien et j'hochai simplement la tête, sans même le regarder. Pourquoi fallait-il que tout le monde me regarde de cette manière ? Sentant sans doute que ça n'allait pas, Greg posa son bras sur mes épaules et étrangement, je me sentis un peu mieux. Depuis ma plus tendre enfance, je m'étais toujours sentie plus en sécurité lorsque mon frère était près de moi et apparemment cela semblait toujours être le cas. Relevant les yeux, je croisai son regard et pus y lire son inquiétude. J'aurais aimé pouvoir le rassurer, lui dire que tout allait bien ou du moins que j'allais finir par aller mieux mais cela aurait été mentir. J'ignorais si je pourrais me reconstruire un jour, j'ignorais si je pourrais sortir de cette phase dans laquelle j'étais déjà depuis plusieurs mois et ce d'autant plus maintenant, sans l'aide des médicaments.
- Il faut que j'aille à mon casier, lui dis-je doucement. Je te rejoins ce midi d'accord ?
Il hocha la tête et alors que je commençais à partir, Lily m’interpella :
- Attends Sara, je viens avec toi.
Nous dirigeant vers l'entrée du lycée, je dus faire un effort surhumain pour ne pas laisser mon angoisse prendre le dessus. Face à tous ses regards posés sur moi, j'avais cette désagréable impression d'être une bête de foire, d'être revenue dans mon ancien lycée. Lorsque Tom et mon ex-meilleure amie s'étaient mis à mentir à mon sujet, pratiquement tous les élèves s'étaient mis à me fixer et à parler sur moi. Certains m'insultaient quand je les croisais dans les couloirs ou encore se moquaient ouvertement de moi, d'autres, me regardaient avec pitié et dégoût. Au départ, cela m'avait profondément blessé et j'avais commencé à sécher les cours pour cette raison. Je n'étais alors qu'une fille superficielle, populaire qui accordait beaucoup d'importance aux regards des gens et à ce qu'ils pouvaient bien penser. Et aujourd'hui, même si je me fichais éperdument de ce que les autres pouvaient penser, être le centre d'attention ne me plaisait guère. Je n'aimais pas sentir ses regards sur moi, je n'aimais pas les voir épier mes moindres mouvements, comme il avait l'habitude de le faire il y a encore quelques mois.
- Ne fais pas attention à eux, soupira Lily.
- J'essaye, répondis-je.

Lily resta avec moi toute la matinée et lança des regards noirs à tout ceux qui me regardaient avec beaucoup trop d'insistance. Quand aux professeurs, ils semblaient également être au courant de ce qui s'était passé et avaient apparemment décidé de me laisser tranquille. Pas une seule fois l'un d'eux ne m'interrogea et je devais avouer que cela m'arrangea. Je n'avais aucune envie de participer et je devais me concentrer pour suivre un minimum les cours, même si cela s'avérait difficile. J'avais beaucoup de mal à contrôler ce flot de pensées et d'images qui se bousculaient dans mon esprit et que je ne parvenais à calmer qu'avec les anti-dépresseurs. Lorsque la sonnerie annonçant la pause du midi résonna, Lily se dirigea vers son casier après m'avoir demandé si je pouvais rester toute seule. Sa question eût le don de m'énerver et je dus me retenir pour ne pas lui répondre par une remarque cinglante. J'étais bien capable de rester seule, je n'étais pas impotente ni même suicidaire.
Me dirigeant seule vers mon casier pour y déposer mes livres, je me perdis dans mes pensées quelques secondes. Au seul comportement de Lily avec moi durant toute la matinée, j'avais compris qu'elle était au courant pour les anti-dépresseurs. Et si elle était au courant alors toute la bande de Greg l'était également. Cependant, je n'arrivais pas à en vouloir à mon frère de leur en avoir parlé. Il avait semblé tellement inquiet ces derniers jours qu'il était normal qu'il ait eu besoin de se confier à ses meilleurs amis.
Soudain, alors que je m'approchais de mon casier, une main s'abattit sur mon épaule et sursautant, je me retournai rapidement. Aussitôt, les battements de mon cœur et ma respiration s'accélérèrent tandis que pour la deuxième fois, ces yeux noirs étaient posés sur moi. Mesurant près d'un mètre quatre-vingt, il me surplombait de toute sa hauteur ce qui m’effraya aussitôt. Le savoir aussi proche de moi accentua rapidement cette sensation et je m'empressai de me reculer de quelques pas.
- Je suis désolé pour l'autre jour, dit-il en mettant ses mains dans ses poches. J'avais beaucoup trop bu, je ne sais pas ce qui m'a pris.
- Ce.. C'est rien, répondis-je difficilement.
Je n'avais qu'une envie à cet instant : m'enfuir en courant. Greg m'avait assuré qu'il n'oserait s'approcher de moi et voilà qu'il était juste en face de moi, me parlant tranquillement.
- Tu me plais beaucoup, tu sais, continua t-il tandis que le désir assombrissait ses yeux, me faisant paniquer. Après ce qu'il s'est passé, il n'y a sans doute plus aucune chance que tu acceptes de sortir avec moi mais il fallait que je te le dise.
Il fit un pas dans ma direction un sourire sur le visage et je fis un pas en arrière. Je me cognai alors dans quelqu'un et sursautai à nouveau.
- Barre-toi Anthony, fit froidement une voix que je reconnus de suite.
- Je voulais juste m'excuser, répliqua celui-ci.
- J’en ai rien à faire, s'énerva Lucas en me dépassant et en se mettant entre nous deux. Barre-toi ou je te promets que je te le ferai regretter.
Le dénommé Anthony étira un sourire et me faisant un clin d'oeil s'éloigna. J'avais eu si peur de ce qu'il pourrait me faire, si peur de sa proximité que mon corps entier était pris de tremblements et que j'avais du mal à respirer. Lucas se tourna vers moi et me demanda si j'allais bien. J'aurais aimé lui répondre que oui mais ma gorge était tellement nouée que c'était à se demander comment je parvenais encore à respirer. Voyant que ça n'allait pas, Lucas voulut me prendre dans ses bras et cela ne fit qu'empirer les choses. Je me reculais rapidement et allai m'appuyer contre mon casier, le front contre celui-ci, tout en fermant les yeux. Tout allait bien. J'étais en sécurité. Tout allait bien. J'étais en sécurité. Tout allait bien. Je ne cessais de me répéter cela espérant que ça m'aiderait à me calmer.
- Tout va bien, Sara, murmura doucement Lucas en s'appuyant sur son casier juste à côté du mien. Tout va bien. Il est parti. Tu ne cours plus aucun danger.
Non ça n'allait pas. J'étais au bord de la crise d'angoisse face à ce qui venait de se passer et je n'avais pas mes médicaments pour me calmer. Pourquoi avait-il fallu que ce stupide médecin refuse de m'en prescrire ?! Serrant les points, je tentai de contrôler mes tremblements, sans succès. Pourquoi fallait-il qu'un simple regard me fasse à ce point paniquer ?
Une main se posa soudain sur mon épaule et sursautant, je me retournai précipitamment, complètement paniquée.
- Du calme, ce n'est que moi, fit Greg en me serrant aussitôt dans ses bras.
La présence de mon frère parvint légèrement à me calmer et je m'empressai de me blottir contre lui. Grégoire caressa doucement mes cheveux, tout en demandant à Lucas ce qu'il s'était passé. Lorsque celui-ci eut fini de lui expliquer la raison de ma crise de panique, je sentis la prise de Greg se resserrer sur moi et il me promit qu'il ne le laisserait plus s'approcher de moi. Je n'y crus qu'à moitié. Il m'avait déjà fait cette promesse et en à peine une matinée dans ce lycée, elle avait été brisé.
Je ne sais combien de temps je restai ainsi dans ses bras mais lorsque enfin je parvins à reprendre une certaine contenance, je m'éloignai doucement.
- Ça va ? me demanda t-il doucement.
J'hochai simplement la tête et me tournant vers mon casier, l'ouvris pour ranger mes livres de cours. Non ça n'allait pas mais je ne pouvais me permettre de l'inquiéter encore plus. Les mains tremblantes, je refermai mon casier et après leur avoir promis – à lui et Lucas – de les rejoindre au self, je ramassai mon sac et me dirigeai vers les toilettes non loin de là. En y rentrant, je fus soulagée de les trouver vide. Tout ce dont j'avais besoin à cet instant c'était d'être seule.
M'appuyant contre le lavabo, je mis mes mains sur mon visage, tentant de réfléchir à un moyen de me procurer des anti-dépresseurs et maudissant pour la millième fois ce médecin qui avait refusé de m'en prescrire. Devrais-je faire le tour de tous les médecins de Carpinteria pour en obtenir ? Voire même tous ceux de Santa Barbara ? Et si à leur tour, ils refusaient de m'en prescrire ? Pour la première fois depuis que j'avais emménagé chez mon père, je regrettais d'avoir quitté Londres. Au moins là-bas, je n'avais jamais eu aucun soucis pour m'en procurer ! Si ici le seul moyen pour en obtenir était de me diriger vers les vendeurs de drogues alors je n'hésiterais pas.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 16, 2018 ⏰

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