Chapitre 8: Passé inoublié

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Peu de temps après avoir quitté la ville, Demontalis avait fini par s'endormir sous l'effet de l'alcool et des mouvements du tigre. Au petit matin, ils traversaient une forêt, lorsque soudain, une flèche atteignit la bête qui s'effondra sur le sol. L'orc et le démon furent projetés dans les airs et s'écrasèrent sur le chemin de terre quelques mètres plus loin. La douleur ayant réveillé le mage, celui-ci tenta désespérément de se relever mais n'arriva qu'à se retourner sur le ventre. Le guerrier de Torgo, quant à lui, se releva rapidement et dégaina sa longue épée tout en scrutant autour de lui à la recherche de son adversaire. Un lourd silence s'était étrangement abattu sur la forêt, on entendait plus que le souffle agité de l'orc et les gémissements de douleur de Demontalis.

Le mage se surpris avoir ses pensées tournées vers Azandica, la pauvre femme avec qui il devrait être actuellement au lit à la regarder rêver. Cette pensée le motiva pour se libérer de son ravisseur. Il leva difficilement son bras vers l'orc, lança encore une volée d'éclair violet qui l'atteignirent en pleine poitrine. Sous l'effet de l'alcool, Demontalis ne maitrisa pas assez son sort, et certains éclairs se retournèrent contre lui. Bien que protégé par son manteau de mage, le choc le fit tout de même tomber dans les pommes.

À son réveil, Demontalis se trouvait dans une petite maison en bois. Il était allongé sur un lit en paille et ne portait plus son manteau, il ne lui restait que sa tunique au motif runique désormais. Autour de lui, il n'y avait pas grand-chose, un autre lit au bout de la pièce et une table au centre. Près de la porte d'entrée se trouvait deux personnes que Demontalis, encore un peu sonné, n'arrivait pas à bien distinguer. Il lui semblait apercevoir une femme, assez petite, et une autre personne toute vêtue de noir.
-Je m'en occuperais bien, ne vous inquiétez pas.
Dit la première avant que la seconde ne sorte de la maison.

Lorsque la femme se rendit compte que le mage était de nouveau conscient, elle alla lui apporter de l'eau. Demontalis s'hydrata avant de demander où il se trouvait.

-Vous êtes chez moi et mon compagnon Doublor, quant à moi, je me nomme Edariel.

Se présenta la femme qui s'avérait finalement être une elfe. Elle avait de magnifiques cheveux bruns lui arrivant à la poitrine. Ses yeux bruns étaient remplis de bonté et sa voix douce était étrangement apaisante. Elle portait une robe modeste un peu déchiré ainsi, qu'une bague très rare représentant les armoiries d'une famille démon très influente. Demontalis ne mit pas longtemps à reconnaître cette bague.

-Cette bague est magnifique ! D'où vient-elle ?
Demanda le démon sachant pertinemment la réponse.

-Je n'en sais rien, c'est mon compagnon qui me l'a offerte pour me demander ma main. Elle ne doit pas avoir une grande valeur, les symboles gravés n'ont aucune signification.

Voyant qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle portait à son doigt, Demontalis devait interroger le maitre des lieux.

-Votre compagnon où est-il ? Que je le remercie de sa générosité.

-Il ne devrait pas tarder à ramener de quoi manger. En attendant reposez-vous, vous avez perdu beaucoup de force.

Lorsque Demontalis se réveilla à nouveau, une discussion avait lieu à table. Une voix grave ne semblait pas très heureuse de la présence du mage, ce dernier cru comprendre qu'il s'agissait de Doublor.

-Pourquoi recueille-tu un étranger ainsi dans notre maison ?
Demanda l'homme.

-C'est un membre de la confrérie qui l'a amené. Il m'a dit que c'est le mage Edam de Glemheid qui a été enlevé par les orcs et...

-Les orcs ?! Mais tu es malade de le garder ici. Et s'ils reviennent ?
L'interrompu Doublor.

-S'ils reviennent je m'en occuperais. Dit Demontalis tout en se levant.

Lorsque les deux hommes se fixèrent, il eut un petit moment de silence avant qu'ils ne se reconnaissent.

-Toi ?! Comment m'as-tu retrouvé ?
Paniqua l'homme.

-Je ne t'ai pas cherché, mais je n'ai pas oublié ce que tu as fait !
Répondit le démon.

En effet, avant son arrivée à Glemheid, lorsqu'il voyageait avec les marchands, Demontalis eut quelque problème avec un groupe de bandits. Ces derniers avaient volé quelques biens de valeurs mais en plus, ils avaient kidnappé une fillette de cinq ans. Habituellement lorsqu'il y avait un vol personne ne faisait rien. Après tout ce n'était que des marchands, pas des guerriers. Mais pour Demontalis, il était impératif que cette fillette retourne auprès de ces parents. Il prit donc une épée et une dague dans la charrette du forgeron, et partit à la poursuite des bandits. Il en tua quelques-uns avant d'arriver à leur repère, un fort abandonné. Le démon entra donc dans le bâtiment et arriva non sans peine à rejoindre leur chef, toujours avec les survivants du groupe. Le chef tenait contre lui la petite et dans sa main droite une dague. Et devant le regard impuissant du démon, il planta sa lame dans l'enfant afin qu'elle meure lentement et douloureusement. Demontalis fou de rage, tua tous les bandits sauf leur chef qui réussit à prendre la fuite. Lorsque le bain de sang fut terminé, le démon couru rejoindre la petite. Ayant déjà perdu trop de sang, elle ne survivrait pas, la seule solution était donc de mettre fin à ses souffrances. Ce jour-là, Demontalis avait enlevé une trentaine de vie, et ce qui lui arracha le cœur serait d'ôter la vie d'une si jeune fille. Lorsque la lame de sa dague transperça le cœur de l'enfant, le démon se mit à pleurer, le corps sans vie dans ses bras. Il posa un baisé humide de ses larmes sur le front de l'enfant avant de lui dire à quel point il était désolé de ne pas l'avoir sauvée. Demontalis ramena le corps aux parents avec les larmes aux yeux. Bien que les parents l'aient remercié d'avoir abrégé les souffrances de leur petite fille, Demontalis porte depuis ce jour un poids lourd sur sa conscience. Il s'est fait la promesse de retrouver ce chef afin de lui faire payer cet acte. Et il s'avère, que quelques temps plus tard, ce chef est en face de lui et qu'il se nomme Doublor.

-Par ta faute, j'ai été obligé d'achever une fillette de cinq ans. Elle a quitté ce monde de ma main.
Lâcha le mage d'une voix pleine de tristesse.

-De quoi est ce qu'il parle, chéri ?
Demanda Edariel inquiète. Mais Doublor ne répondit pas.

-Votre compagnon était il n'y pas si longtemps à la tête d'une bande d'hors-la-loi. Et d'ailleurs, maintenant que je suis le mage de Glemheid, je vais enfin pouvoir te faire payer tes crimes.

Expliqua Demontalis avant d'attraper Doublor par l'épaule, celui-ci était tétanisé de peur. Après quelques secondes où le mage se concentrait sur son sort, ils se retrouvèrent tous les trois dans la cours du château. Les gardes surpris accoururent les armes aux poings. Lorsque Etan reconnu Demontalis il vint le prendre dans ses bras.

-Nous avions cru t'avoir perdu mon frère. Comment t'es-tu échappé ?
S'interrogea le garde.

-Je te raconterai tout plus tard mais d'abord met cette raclure en prison avec notre amis l'ogre. Et surtout veille à ce qu'il soit bien attaché.
Ordonna le démon.

Edariel étant dépité par les révélations sur son compagnon partit s'asseoir sur un banc et se mit à pleurer. Demontalis vient s'asseoir à ses côtés afin de la remercier de ce qu'elle avait fait pour lui et, que si elle en ressentait le besoin elle pouvait venir le trouver pour avoir un peu de réconfort. Pour réponse, la jeune elfe se jeta dans les bras du mage. Le démon ordonna ensuite que l'on prépare une chambre pour Edariel. Lorsqu'elle fut installée, Demontalis décida de passer par ses appartements avant d'aller trouver le roi. Il trouva Azandica qui se morfondais dans le lit. Il se glissa discrètement à côté d'elle. Pensant qu'il s'agissait d'un garde qui voulait profiter d'elle, la jeune femme allait s'en prendre à l'homme à ses côtés, mais lorsqu'elle le reconnu, elle se jeta sur lui et l'embrassa.

-Je pensais ne plus te revoir.
Glissa-t-elle entre deux baisé.

-Eh bien me revoilà.
Répondit simplement le démon.

-Je suis juste passé voir si tu allais bien avant de m'entretenir avec le roi.
Continu a-t-il.

-Eh bien...Ça va devoir attendre j'ai d'autre plan pour toi maintenant.
Dit-elle en commençant à enlever le manteau du mage.

-Ah bon ? Le roi peut bien attendre demain finalement.
Conclu Demontalis dans un grand sourire.

Cette nuit-là, fut la meilleure que le démon n'ai plus eut depuis très longtemps. 

Myrdul: DemontalisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant